Le ministre de l’intérieur est en conflit ouvert avec la ministre de la justice. Suite à l’assassinat de deux retraités, Hortefeux annonce dès le lendemain soir au journal télévisé de TF1 un durcissement de la loi pénale pour les crimes et délits commis à l’encontre des personnes vulnérables, en particulier les personnes âgées. L’intervention du ministre de l’Intérieur provoque immédiatement la colère des syndicats de magistrats et de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie.

On sait que baser son action sur le principe de dissuasion de la peine ne marche pas. Comme le disait ce matin l’humoriste Stéphane Guillon, l’assassin en puissance ne va pas demander  un bilan de santé à sa victime avant de l’assassiner.

C’est vrai que s’attaquer à des personnes vulnérables est odieux, mais les tribunaux en tiennent largement compte.

La garde des Sceaux a quant à elle rappelé au ministre de l’Intérieur que "les propositions en matière pénales sont faites soit par le ministre de la Justice, soit par les parlementaires".

L’entourage de Brice Hortefeux "ne voit pas où il y a place pour une polémique" : l’aggravation des sanctions pour agression sur des personnes vulnérables a été validée le 7 janvier par Matignon en réunion interministérielle, en présence de la garde des sceaux elle-même puis adoptée mercredi 27 janvier par la commission des lois de l’Assemblée nationale dans le projet de loi sur la sécurité intérieure (Loppsi 2)

A plusieurs reprises, Michèle Alliot-Marie est intervenue pour recadrer le ministre de l’intérieur. Après le meurtre d’une femme à Milly-la-Forêt (Essonne), en septembre 2009 par un délinquant sexuel sorti de prison, M. Hortefeux avait mis en cause les juges d’application des peines. La garde des sceaux lui avait répliqué qu’il fallait "dire avec précision ce qu’est la réalité".

M. Hortefeux avait ensuite annoncé qu’il voulait créer des gardes à vue de quatre jours pour les délinquants sexuels, comme pour le trafic de drogue. Elle avait alors rappelé que la réforme de la procédure pénale était du ressort de la Chancellerie.

Je n’avais jamais éprouvé de sympathie pour MAM mais là je dois dire que j’apprécie sa résistance contre l’ami le plus intime de Sarkozy.