Hollywood va-t-il se rebeller face aux assauts de la Silicon Valley ? Plusieurs médias comme Fast Company, The Media Shaker ou Slate commencent à se poser ouvertement la question. En effet, ces deux emblèmes du soft power américain sont en train de s’affronter à cause de l’appétit de la Silicon Valley pour le marché du film et de la distribution. L’industrie du cinéma semble en difficulté mais n’a pas encore dit son dernier mot.
Hollywood est actuellement dans une forte zone de turbulences et nul ne sait si son modèle économique pourra survivre. En cause, son écosystème économique et artistique, fortement perturbé par de nouveaux concurrents venus du web. Sur la question du piratage, par exemple, leurs intérêts divergent: l’industrie du cinéma veut rester ferme et protéger les droits de propriété intellectuelle, quitte à aller à l’encontre de l’idéologie libertaire des géants du web.
Ainsi, Google rechigne à supprimer les milliers de vidéos de films piratés de sa plate-forme Youtube et préfère investir dans Content ID, un outil développé en interne pour aider les propriétaires de contenus à identifier et à gérer les droits d’auteur liés aux vidéos qu’ils mettent en ligne sur YouTube.
Mais le piratage n’est plus le seul sujet de discorde entre Hollywood et la Silicon Valley. Les géants du web produisent à présent des contenus de qualité qu’ils diffusent en streaming ou qu’ils proposent en téléchargement sur leurs plateformes. On l’a vu avec Netflix et la série à succès "House of Cards", les studios d’Hollywood ne sont plus les seuls à donner le "la" en matière de cinéma et de télévision.
Le débat fait donc rage au sujet des possibilités d’adaptation de l’industrie cinématographique. C’est tout un modèle qui est à réinventer afin de faire face à la révolution numérique et à l’essor de géants ambitieux. Mais Hollywood a également une très grande part de responsabilité dans sa faiblesse actuelle. Plusieurs cinéastes comme Steven Spielberg ont ainsi dénoncé la tendance actuelle consistant à produire de moins en moins de films et à concentrer des budgets pharaoniques sur quelques blockbusters. Beaucoup ont prédit l’essoufflement de ce système, appelé à imploser d’après le metteur en scène de "Munich", "Les dents de la mer" ou encore "La liste de Schindler". Les coûts de marketing explosent, tandis que les producteurs soutiennent à reculons les productions originales préférant miser sur des franchises en bout de course.
Alors, la nouvelle concurrence issue du web va-t-elle entraîner la fin des grands studios de production ou les pousser à se réinventer? Ce ne serait pas la première fois que le cinéma fera sa révolution.