X, tout juste la quarantaine, femme libre et indépendante, quoiqu’un peu trop obnubilée par son apparence, divorcée et mère d’un enfant, n’a d’yeux que pour elle.   

Aujourd’hui c’est son anniversaire. Ses collègues lui ont préparé une superbe soirée dans un restaurant chic de la ville. Rien de mieux pour fêter ses quarante ans et être la reine de la nuit.

Mais comme X est une femme acharnée et ambitieuse, elle finit comme à son habitude un peu plus tard le travail.

Elle s’empresse alors de courir vers le métro, monte dans la rame, se faufile à travers la foule pour enfin arriver devant sa porte, taper son code et prendre l’ascenseur.

Elle ouvre la porte de son appartement et galope vers la salle de bain, seule pièce qui lui permette encore d’en ressortir presque plus jeune que lorsqu’elle y rentre.

Elle commence alors son rituel… Fond de teint, rouge à lèvre, mascara, khôl, blush, et une petite touche de parfum.

Mais quelque chose la gêne. Une vilaine pustule est venue se placée sous son oeil droit. Elle essaye tant bien que mal de la faire disparaitre en exerçant quelques pressions avec ses doigts.

Alors qu’elle continue de s’acharner, son fils de six ans, rentre tout doucement dans la salle bain. Content pour sa mère, il a reçu l’autorisation de sa maîtresse de lui confectionner un cadeau spécial, qu’il compte bien lui remettre maintenant, avant qu’elle reparte sans même remarquer son existence.

X, trop occupée à prendre soin de son paraître, continue de s’acharner sur ce bouton disgracieux. Emportée par la nervosité, pressée par le temps qui défile, elle décide d’utiliser une pince à épiler, se disant qu’elle réussira à camoufler tout ça grâce à la nouvelle poudre qui cache toutes les imperfections.

Habitué à son indifférence, son fils décide alors de lui signaler sa présence, et lui crie avec sa petite voie d’enfant "Bonne anniversaire Maman!" 

X toute absorbée à sa tâche, prend peur, sursaute, et d’un geste brusque se plante profondément la pince à épiler dans son oeil.

X pousse alors un immense cri de douleur, laisse tomber la pince, se tient l’oeil et essaye de retenir le sang qui commence à couler le long de sa joue.

Elle gesticule dans tous les sens, ne sachant plus quoi faire, ni où aller. Dans la panique, elle jette à son fils un

-"Imbécile!",

et continue en hurlant,

-"Tu as vu ce que tu as fait?".

Lorsque quelques minutes plus tard, elle s’aperçoit qu’elle ne peut plus rien voir, elle perd littéralement la raison.

Elle s’empresse de sortir de la salle de bain, se dirigeant le plus vite possible vers le téléphone pour appeler les secours.

Entraînée dans sa course folle, et aveuglée par sa douleur, elle ne remarque même plus les différents objets qui jonchent le sol. Des jouets, des magasines, des chaussures,…

Elle essaye tant bien que mal de deviner, d’éviter un à un les obstacles, quand tout à coup elle trébuche sur SA plus belle paire d’escarpins, celle qu’elle comptait porter ce soir, qu’elle avait sorti et laissé trainé là.

Dans un grand fracas, sa tête vient percuter de plein fouet le carrelage froid du salon, ses mains étant déjà occupées à maintenir le sang et le douleur de son oeil.

Plus de cris, plus de panique…La souffrance de X se stoppa net, et devint maintenant celle de son fils, témoin d’un instant qui le marquera à tout jamais.

Il resta planté là, muet comme une carpe, immobile comme un soldat de plomb, regardant ce sordide spectacle sans comprendre ni le pourquoi, ni le comment.