Hervé Joly, secrétaire du PCF dans le Pas-de-Calais, a donc accueilli Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont qui va y affronter à sa place Marine Le Pen et le candidat socialistes aux élections législatives, Philippe Kemel, élu local (de Carvin) et régional… Le chef de file du Front de gauche peut espérer améliorer son score des présidentielles (près de 15 % sur la circonscription), mais il n’est pas assuré de l’emporter. S’il se plaçait derrière le candidat socialiste, ce dernier devrait logiquement devenir député de cette onzième circonscription qui avait accordé 31,42 % des suffrages au Front national.
Le pari de Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche et du Parti communiste n’est pas du tout gagné d’avance. Tout peut dépendre bien sûr de la dynamique locale (soit du porte-à-porte des militants du Front de gauche et du Parti socialiste), mais aussi de la présence sur le terrain de personnalités socialistes de premier plan. Sans doute pas, semblerait-il, François Hollande, mais le PS n’a sans pas trop envie qu’une campagne locale mobilise toute l’attention… en restant les bras croisés.
Marine Le Pen a estimé qu’en l’affrontant sur ce qui pouvait passer pour son futur fief, Jean-Luc Mélenchon « recherchait les caméras ». Elle a sans doute raison. Le chef de file du Front de gauche ne veut pas que l’affronter, mais conforter les candidatures de tous ses candidats, dans toute la France, en se présentant là où, de toute façon, les médias se seraient concentrés.
Le social d’abord, pas l’ethnique, a résumé Jean-Luc Mélenchon. Oui, il admet « faire une fixation » sur l’extrême-droite, en France autant qu’en Europe. Il s’est défini en « enfants d’immigrés », lançant à non seulement le FN mais aussi l’ensemble de la droite dont les « territoires communs » avec l’extrême-droite « sont connus » un avertissement : détourner l’attention des problèmes les plus cruciaux (emploi, industrialisation, écologie, pour résumer) ne sera pas, avec lui, payant. « Le problème, c’est l’immigré, ou c’est le banquier ? » s’est-il exclamé avant de lancer à l’adresse du président élu un « je dis à François : ne cède pas devant les libéraux qui sortent déjà les baïonnettes… ».
Rappelant que l’idéal du « socialisme révolutionnaire » (il ajoutait : « oui, vous pouvez sourire ») l’avait porté à rejoindre et accompagner longtemps le Parti socialiste, il a fait quelques appels à l’électorat de son ancienne formation. Le ton rappelait fort celui du Pierre Mauroy d’avant son accession à Matignon. Il a salué « le beau et glorieux drapeau rouge qui s’accroche à celui de la patrie » avant de reprendre « ici, c’est le drapeau rouge, c’est la résistance d’abord. ».
Il a repris les thèmes de sa campagne présidentielle : lutte contre les patrons voyous, crise de l’Internationale socialiste démunie face à celle de l’euro, sortie du marasme par le haut, interdiction des licenciements boursiers, pouvoir d’achat, « impôt privé prélevé sur la population » par les banquiers, « pas de revenu avec un écart supérieur à un à vingt dans les entreprises », planification écologique pour l’emploi et une croissance maîtrisée, &c.
Jean-Luc Mélenchon a aussi averti : « je ne viens pas ici pour mener une campagne de voyous, nous sommes des gens civilisés » mais l’adversaire principal a « intérêt à tout calibrer, y compris les blagues ». Il ne devrait donc plus traiter d’idiots Marine Le Pen et l’appareil du Rassemblement Bleu Marine… Il a d’ailleurs appelé Marine Le Pen à débattre cette fois avec lui.
Jean-Luc Mélenchon aurait sans doute pu, estimait-on, retrouver un siège à l’Assemblée nationale en se présentant dans l’Hérault où l’un des départements où il réalisa ses meilleurs scores (dont Paris, éventuellement). On ne sait si, s’il était élu, il céderait son siège à son suppléant (Hervé Joly, du PCF Pas-de-Calais). Sa candidature, somme toute plutôt hasardeuse, vise surtout à consolider les avancées du Front de gauche. Elle peut signifier aussi qu’il écarte ainsi la possibilité d’un portefeuille gouvernemental de second plan. Son blogue-notes, qui diffuse simplement pour l’instant une vidéo de son intervention à Hénin-Beaumont ne précise pas ses autres intentions. Mais il sera ce soir samedi sur TF1 et l’invité de l’émission « C politique » sur France 5 dimanche…
Pour le moment, le site du Parti de gauche met surtout en avant ses candidats en Seine-et-Marne (Guillaume Quercy) et dans l’Essonne (Gabriel Amard). Celui du PCF ne mentionne pas ou peu ses divers candidats. Mais Roland Muzeau (député des Hauts-de-Seine) laisse clairement entendre qu’il y aura un groupe FdG dans la future assemblée. On observera avec attention les nominations…
Rien à ajouter, tout est dit! Attendons ce moment choc!