Les artistes de gauche ne sont pas contents.

 

C'est vrais qu'ils sont de gauche, du moins le prétendent-ils, mais pourquoi sont-ils de gauche ? Ils ont eu une réaction virulente envers la direction du PS bien qu'ils ne soient pas les plus malheureux de nos concitoyens. Il s'agit de Juliette Gréco, de Pierre Arditi qui gravite aisément dans vivement dimanche, vous savez l'émission lumière de Michel Drucker le pote de Sarko et des cyclistes du dimanche. Et puis il y a Michel Piccoli, Maxime le Forestier, Bernard Murat, qui sont aussi mécontents, et le PS en est tout retourné. Martine a pris sa belle plume pour expliquer la politique de son parti, mais ils s'en foutent, ce qui les intéressent c'est la leur. En fait, je vote pour toi si tu me donnes ce que je veux.

Alors on est en droit de se demander que représentent-ils en voix, c'est tout le problème.

Rendue publique le 06 mai cette interpellation, par une lettre ouverte, à l'initiative d'une quinzaine de cinéastes dont Bernard Tavernier et Alain Corneau a jeté un froid,

«quand vous redeviendrez de gauche vous saurez nous trouver», mais pas nous retrouver.

Ainsi se conclue cette lettre ouverte après le refus de voter, par le PS, la loi Création et Internet.

Ces artistes estiment qu'en faisant échec au vote de cette loi à l'Assemblée, le PS a «adressé» à leur égard «un message de rupture» et a «également perdu son âme», bigre.

Ils considèrent qu'en :

«s'opposant à ce que des règles s'imposent aux opérateurs télécommunications (comme vous les aviez imposées naguère aux opérateurs de télévision et de radio) pour qu'ils cessent de piller la création»,

le PS vient «de tourner le dos de manière fracassante» à ce qu'ils appellent leur «histoire commune», qu'ils caractérisent par «le refus d'un ordre purement marchand», «la protection du faible contre le fort. En particulier pour la culture». Un vrai crime de lèse majesté.

Voici le texte intégral de cette lettre ouverte, ici.

Alors Martine Aubry leur explique qu'ils sont confrontés à la dure réalité qu'elle connait, probablement. Mais le problème n'est-il pas que ces artistes, comme beaucoup de Français qui se disent de gauche soient trop exigeants, et que de ce fait, au lieu de comprendre la position de leur parti, ils se rebellent en faisant en sorte «qu'ils agissent de manière prétentieuse» en l'affaiblissant alors qu'ils devraient le soutenir ? A droite, ceux qui ne sont pas contents se taisent par ce qu'ils savent très bien que toute contestation de leur parti ne ferait que l'affaiblir ce dont malgré tout ils ne veulent pas.

C'est l'énorme différence entre gens de droite et de gauche, ceux de gauche dominés par une idéologie qui n'a plus lieu d'être, mais aussi par la privatisation du pouvoir trop longtemps fait qu'ils sont de plus en plus amenés à des revendications qui seraient impossibles à satisfaire si elle venait aux commandes. Les gens de droite ne s'embrassent pas de ces considérations, leur idéologie est le maintien du pouvoir par tous les moyens quitte à ce qu'ils soient choquants.

En d'autres termes ces artistes de gauche préfèrent un régime de droite tout en réclamant qu'il soit de gauche, ils nagent en plein paradoxe.

Et Martine Aubry de déclarer, «c'est justement au nom de ces convictions et de ces valeurs, qui sont celles de la gauche, que nous nous opposons à un texte qui retarde une nouvelle fois l'urgente adaptation du droit d'auteur à l'ère numérique».

Ce qui est finalement extraordinaire c'est la division que Sarkozy réussit à mettre au sein de cette gauche, il la malmène en la mettant en face à ses contradictions. Il doit jubiler devant la position de ces artistes qui se disent de gauche, ne serait pas tout simplement par ce que cela fait très bien ? Ces gens aiment la lumière et qu'en on entend Pierre Arditi à la télévision, que j'apprécie par ailleurs, qu'apporte-t-il à la gauche ? En fait les socialistes auraient dû interroger ces artistes de gauche avant de prendre leur décision, et dans ce cas ils ne seraient plus libres de leurs actions politiques.

Ces artistes «prétentieux» n'ont pas compris qu'un parti propose une ligne politique par ce qu'ils représentent une force nationale et c'est à chaque Français d'y adhérer ou pas. Dès lors que la direction d'un parti définit sa ligne politique, on est libre de ne pas l'accepter ou de la suivre, et la mise, à la une des journaux de cette attitude des artistes de gauche, fait la joie des artistes de droite. Ce qui est un comble c'est que ces artistes n'ont aucun contact et aucune influence sur le bureau politique du PS comme s'ils n'existaient pas depuis toujours, quel culot !

Alors Martine Aubry a donné rendez-vous à ces artistes pour enterrer la hache de guerre.

De plus, tous les artistes ne sont pas pour la loi Hadopi, telle qu'elle est, ce qui montre la division qu'elle provoque n'apportant selon certains rien de bon aux auteurs que l'on veut protéger du piratage et pour d'autres elle serait une planche de salut. Croire qu'une loi puisse protéger les œuvres est une vue de l'esprit et de plus croire qu'elle permettra à ces auteurs de gagner plus d'argent me paraît une rêverie, et je ne pense pas que ceux qui ont fait cette lettre soient dans le besoin.

Ce qui est désagréable dans cette loi c'est la coupure de la liaison internet après deux avertissements, sans qu'une décision de justice soit prononcée et qu'en outre, le condamné devra continuer à payer son abonnement, c'est la porte ouverte à tous les abus, c'est une double peine imposée par de la dictature dissimulée. D'ailleurs, le parlement Européen pourtant à majorité à droite à voté contre cette loi, et comme c'est cette décision qui s'impose, je ne vois pas comment Christine Albanel puisse poursuivre dans la voie qu'elle a choisie, à moins que Sarkozy veuille malgré tout faire durer le plaisir.

J'aime bien la répartie de Bertrand Delanoé quand il déclare,

«le PS est passé à côté de la nécessité, et du plaisir, que l'on peut avoir à échanger avec les créateurs. Il est vrai que passer son temps à se regarder le nombril pouvait difficilement le rapprocher des artistes, comme d'ailleurs des syndicalistes ou des intellectuels»,

mais le PS c'est aussi lui !

Et puis en quoi sont-ils plus créateurs que les autres, il y a des tas de gens qui créent chaque jour sans que l'on en fasse état.

On sent bien en filigrane la main de Sarkozy pourquoi ne pas amener à lui ces artistes de gauche comme il l'a fait pour Bernard Kouchner et Jean-Marie Bockel, ce serait drôle qu'Arditi devienne ministre de la culture à la place de Christine Albanel, franchement cela aurait de la gueule.

Il faut reconnaître que le PS a été un peu flottant au début sur cette loi, pris entre le désir de protéger les artistes et celui des libertés avec en filigrane protéger l'électorat des jeunes qui sont les plus « pirateurs » d'œuvres artistiques. Au début, députés et sénateurs socialistes n'avaient pas la même position sur le téléchargement illégal. Les députés étaient hostiles malgré l'opposition de Jack Lang, quand aux sénateurs ils souhaitaient sanctionner le téléchargement illégal au nom du respect du droit d'auteur comme le demandait Catherine Tasca ancienne ministre de la culture. Finalement le bureau national du 10 mars à tranché à l'unanimité de s'opposer au projet de loi Hadopi. Il faut aussi savoir que des artistes comme Catherine Deneuve ou Jeanne Balibar avec d'autres sont favorables au vote du PS.

Ce qui me paraît utile de connaître sur le projet Hadopi c'est la position de Jacques Attali, son analyse et intéressante que l'on peut lire sur Slate.fr ici.

Il répond aux artistes rebelles en faisant remarquer qu'il s'est opposé plusieurs fois au projet Hadopi autour de dix points développés ici.

Pour Jacques Attali la lettre ouverte des artistes de gauche au PS montre leur méconnaissance de ce texte. Il enfonce le clou en disant qu'Hadopi

«est la consécration même de cet ordre culturel purement marchand que vous vouez aux gémonies»,

et de déclarer, c'est la victoire de l'industrie culturelle sur la création artistique, qui, dans l'histoire, ne recevra pas un euro, c'est dur.

Il faut reconnaître que son analyse est pertinente car c'est bien l'industrie culturelle qui recevra en premier les bienfaits de cette loi. Pour lui, les fournisseurs d'accès à internet sont ceux qui profitent du pillage de la création, ne se voyant imposer aucune règle comme ce fût autrefois pour les opérateurs de radio et de télévision, et comme ils ne cessent de développer des moyens de connexion ultra rapides comme la fibre optique valorisant la rapidité du téléchargement un moyen rendant plus difficile la détection des pillages informatiques, ce qui montre qu'ils ne sont pas concernés.

Je ne suis pas souvent de son avis sur bien des points mais il me semble cette fois qu'il voit juste.

Mais pour nous bloggeurs, internautes et autres qu'allons nous devenir ?

Nous ne piratons pas d'œuvres bien que parfois pour écrire des articles nous sommes amenés à consulter des publications journalistiques, documents historiques et des blogs, des sites comme Google, Yahoo, Wikipédia, qui donnent des publications, sur l'actualité de faits politiques de société ou autres. Est-ce du piratage difficile à dire si le document ne précise pas qu'il ne doit pas être copié, mais seulement lu, mais s'il est lu c'est pour qu'il serve ? Et s'il est copié par ces grands diffuseurs que faut-il en conclure ? Relever un avis, une opinion et le ou la citer est-ce du piratage, à mon avis non, s'ils sont sur la toile c'est pour que nous en prenons connaissance et rien ne nous empêche d'utiliser ces données en citant la source.

De plus quelle différence y a-t-il entre des articles du domaine public eu égard au domaine privé si rien n'est spécifié ?

Je vois poindre une dangerosité sur notre liberté, mais en plus, je vois l'instauration d'un contrôle permanent des bloggeurs, internautes et autres qui ne peut que se solder à terme que par une taxe complémentaire à celle de l'abonnement à internet. Nous sommes des millions, et ce serait une bonne manière de gagner de l'argent, et de se venger d'autant que bon nombre d'internautes et bloggeurs ont des prises de positions

opposées à la politique gouvernementale actuelle.