Guinée Equatoriale : où est donc la solidarité régionale ?

Pays de moins d’un million d’habitants, la Guinée Equatoriale a profité du boom  pétrolier de ces dernières années pour s’adjuger une croissance économique à deux chiffres.  Avec une production journalière estimée à un peu plus de 350 000 barils par jour, la seule ex-colonie espagnole d’Afrique est à ce jour le troisième producteur de pétrole en Afrique au Sud du Sahara, derrière le Nigéria et le Ghana. En plus du pétrole, l’économie de ce petit pays d’Afrique centrale repose aussi sur l’exportation du Gaz et du bois. Ainsi, L’estimation 2009 du PIB par habitant place la Guinée équatoriale parmi les pays relativement riches. Les spécialistes jugeant son PIB  par habitant parmi les plus élevés au monde.

Cependant, malgré ce miracle économique, la Guinée Equatoriale est resté un pays très fermé, où les droits de l’homme sont quotidiennement violés, les journalistes et les opposants politiques muselés et emprisonnés. Ceci, avec une gestion quasi-familiale du pouvoir.

Avec ce boom économique, la Guinée Equatoriale est devenue une destination très prisée par les immigrés ; venus principalement de l’Afrique de l’Ouest et du Cameroun. Ceci, en raison des opportunités d’emploi qui s’y trouvent.

Seulement, depuis quelques mois, les autorités de ce pays ont engagé une lutte sans merci contre les immigrés clandestins. Ainsi, presque quotidiennement, plusieurs centaines de sans-papiers sont expulsés du pays, vers le Cameroun et le Nigéria pour les ressortissants d’Afrique de l’Ouest. Et, selon plusieurs témoins, ces expulsions forcées se font avec une cruauté extrême. Les sans-papiers subissant des tortures de la part de la police, et même de la population. Toutes choses qui font à ce jour de la Guinée Equatoriale le pays le plus xénophobe d’Afrique.

Dans un contexte où plusieurs voix s’élèvent pour réclamer haut et fort la mise sur pied des Etats Unis d’Afrique, comment comprendre qu’un pays qui hier  était l’un des plus pauvres de la terre se prenne la tête au point d’expulser d’une façon pratiquement ignoble les ressortissants des pays « frères » et « amis » ?  Tout ceci, alors qu’il est reproché chaque fois aux pays occidentaux  – avec  qui nous n’avons aucun « lien » – de  ne pas nous délivrer suffisamment de visas ! Quelle honte pour l’Afrique ?

 

Auteur/autrice : Alain Mukendi

Journaliste africain