Guerre de l’électricité : prix de revente, GDF et le « pillage » d’EDF

La guerre fait rage depuis des semaines entre EDF et ses concurrents privés (menés par GDF Suez) pour définir le prix de revente de l’électricité nucléaire produite par EDF, que l’électricien public va devoir désormais céder dans le cadre de la libéralisation des marchés de l’énergie.

En jeu ? Rien de moins que l’avenir du service public de l’électricité en France, géré depuis la fin de la seconde guerre mondiale par l’opérateur historique…

Les choses sont simples. Dans le cadre de la loi Nome (poussée par l’Union européenne), EDF doit céder une partie de sa production nucléaire (jusqu’à 25%) à ses concurrents privés à un prix fixé par les pouvoirs publics.

Et le gouvernement doit trancher dans les semaines à venir pour déterminer le montant de rachat du mégawattheure.

EDF, et un certain nombre de parlementaires de gauche comme de droite, estiment que l’électricien public a besoin d’un prix de revente compris entre 42 et 46 euros le Mgwh pour assurer sa mission de service public et être à même de poursuivre les investissements nécessaires pour assurer la souveraineté électrique de demain à des prix acceptables. 

GDF, qui mène la fronde du privé, s’appuie en revanche sur un rapport de la Commission de la régulation de l’énergie (CRE) qui préconise une fourchette comprise entre 39 et 42 euros. Le patron de GDF, Gérard Mestrallet, est même allé plus loin en réclamant un prix de revente de 35 euros le Mgwh.

Une négociation tendue entre un secteur privé qui voit là une occasion unique de rogner des parts à bas prix à l’une des sociétés les plus rentables de France, et l’électricen public qui tente de sauver ce qu’il peut de l’architecture industrielle conçue par le général de Gaulle.

De quoi faire sortir le patron d’EDF Henri Proglio de sa réserve habituelle. Interrogé sur la question à l’Assemblée nationale, il a dénoncé le "pillage" annoncé d’EDF et l’erreur historique des autorités françaises, qui s’apprêtent à céder sans contrepartie l’un des fleurons(pourtant très profitable) de l’industrie publique.

"Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations du monde où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité, de ma feuille de route, de faire travailler 170.000 personnes pour faire des cadeaux à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité d’ouvrir le bilan au pillage", s’est-il emporté devant des députés abasourdis.

La colère du PDG d’EDF peut paraître légitime lorsque l’on réalise que la gestion publique de l’électricité en France est un exemple qui fait bien des envieux en Europe et dans le monde.

Avec des factures 30% moins chers que celles de nos voisins et une souveraineté électrique depuis plus de 40 ans, le système fonctionnait plutôt bien avant la casse libérale imposée par Bruxelles… avec pour premier corollaire une hausse continue des factures électriques !