Chaque fois que l'humanité doit affronter une catastrophe que peu de spécialistes avaient prévue, il y a toujours des illuminés pour crier à la conspiration ou à la punition divine.

C'était habituel au Moyen Âge où les épidémies de pestes étaient associées à des punitions divines, ou bien étaient reconnues comme l'œuvre du démon qui mettait à l'épreuve les honnêtes gens pour les attirer vers les ténèbres.

Plus près de nous, le sida est passé par toutes ces phases, d'abord il fut considéré par certains comme une punition divine frappant uniquement les dépravés sexuels – entendez les homosexuels – puis, quand on s'est rendu compte qu'il infectait également les femmes et les enfants, ce fut une arme biologique fabriquée aux États-Unis – tenus pour être le grand Satan moderne -, enfin ce fut une manipulation de laboratoire qui s'était répandue accidentellement.

Les attentats du 11 septembre n'ont pas failli à la règle, et nombre d'illuminés croient toujours qu'ils ont été perpétrés par, ou avec la complicité, de la CIA !

Aujourd'hui, c'est la grippe AH1N1, d'abord dite porcine, qui profite de cette suite d'explications saugrenues, et il n'a pas manqué un journaliste, même ici sur Come4News, pour crier à la manipulation, à la punition, et que sais-je encore.

Et puis, samedi, un docteur australien a affirmé que le nouveau virus de cette grippe avait été produit accidentellement dans un laboratoire dont il s'était malencontreusement échappé… Immédiatement alertée, l'OMS a d'abord pris l'information au sérieux avant de l'écarter après plusieurs jours d'analyse.

« Si nous ne connaissons toujours pas ni l'origine, ni la date exacte de l'apparition du virus AH1N1 », a expliqué Keiji Fukuda vice-directeur de l'Organisation mondiale de la santé, « il est certain que le virus, d'après ses gènes, constitue une mutation naturelle du virus de la grippe porcine, connu pour s'associer aisément avec d'autres formes du virus. »

Fukuda a poursuivi son explication en assurant que « si le nombre de personnes infectées est en constante évolution, le principal foyer est toujours circonscrit au continent américain, et si l'OMS reste préoccupée, il est inutile de vouloir créer une psychose. »

« C'est seulement si le foyer de la grippe AH1N1 se propageait de la même manière sur un autre continent que l'alerte actuellement au niveau 5, passerait au niveau maximum, le 6. Mais il ne faut pas oublier que la grande majorité des personnes infectées n'ont même pas été hospitalisées et qu'elles se sont rapidement rétablies. L'unique chose qui inquiète les autorités sanitaires c'est que la plupart des cas sévères ont été observés au sein d'une population jeune et saine, au contraire de la grippe classique qui frappe plus volontairement les populations fragilisées comme les enfants en bas âge ou les personnes âgées. »

Concernant la nécessité de produire à grande échelle un vaccin contre la grippe AH1N1 plutôt que contre celui de la grippe saisonnière, le vice-directeur de l'OMS a affirmé que le débat était encore ouvert et qu'il fallait tenir compte du fait que la grippe classique tue tous les ans plusieurs centaines de milliers de personnes ce qui, jusqu'à présent, est loin d'être le cas du nouveau virus. Mais évidemment, a-t-il conclu, il faut aussi envisager le cas où cette nouvelle infection se transformerait en pandémie.

À l'heure actuelle, le nombre de personnes infectées par le virus AH1N1 est officiellement de 6.497 cas, dont 65 mortels, ce qui confère à ce virus un taux de létalité de 1 %, toujours inférieur à celui de la grippe saisonnière qui elle a un taux de létalité proche de 3 %.

Pas de panique donc, l'Organisation mondiale de la santé veille sur nous, et c'est bien l'aspect positif qu'aura révélé l'apparition de ce nouveau virus : une meilleure organisation de l'alerte sanitaire et une plus grande collaboration entre les services de santé des pays atteints par le AH1N1.