Ce jeudi 24 juin 2010 avait lieu une nouvelle journée nationale de grève inter-professionnelle. Cette dernière avait pour but de contester la réforme des retraites souhaitée par le gouvernement. Parmi les grévistes, on trouvait nombre de cheminots, pourtant pas totalement concernés par cette réforme. En effet, ils bénéficient actuellement d’un régime spécial avec une retraite à 55 ans, et ce n’est qu’à partir de 2017 qu’ils devront cotiser 2 ans de plus.

Pour les usagers des transports en communs, les jours de grève ressemblent souvent à de véritables épopées, surtout lorsqu’on a le malheur de partir ou d’arriver d’une petite gare. Certes, depuis quelques années un service minimum a été mis en place en cas de grève, mais bien souvent les petites gares ne sont pas desservies et il faut alors faire preuve de débrouillardise pour arriver tant bien que mal à bon port. On a coutume de dire que les usagers de la SNCF sont pris en otage par les grévistes, et c’est la pure vérité. Je vais vous conter la journée oridinaire, d’un usager ordinaire, un jour de grève tout aussi ordinaire.

Grâce à Internet, on peut consulter la veille les prévisions de trafic afin de savoir quels trains circuleront ou pas. Pour mon cas propre, le diagnostic est vite établi : aucun train ne circulera le 24 juin 2010. Un service minimum est assuré par des autocars de remplacement, mais aucun ne desservira ma gare d’arrivée habituelle. J’ai la chance de partir d’une gare assez conséquente, mais la malchance d’arriver dans une petite gare, toujours sacrifiée en cas de grève. A ce moment-là, vous vous dites certainement que je vais devoir prendre ma voiture pour me rendre au travail et que ce sera la fin de l’histoire. Erreur, cher lecteur, erreur. En effet, ma voiture est restée garée sur le parking de la petite gare, à 70 kilomètres de chez moi, car elle me sert de navette entre la gare et mon lieu de travail, les transports en commun sur place étant inexistants.

Ma journée commence donc très tôt, avec un lever à 5 heures du matin, afin de prendre un autocar à 6 heures 30. J’arrive en avance afin d’être certaine de monter à bord. Au bout d’un certain temps d’attente, première déconvenue, fort habituelle avec la SNCF, le car aura du retard. On nous conseille donc de prendre le car suivant, avec un départ prévu à 7 heures. Celui-ci arrive à l’heure mais, nouvelle péripétie, le chauffeur n’arrive pas à dévérouiller les soutes. On trouve donc bon nombre de passagers attendant stoïquement que les soutes daignent s’ouvrir pour pouvoir déposer les divers bagages et vélos. Au bout d’une dizaine de minutes d’effort, tout fonctionne, et l’on peut enfin partir.

Lors de la précédente grève, qui avait duré 17 jours dans ma région, une anecdote assez amusante avec le recul avait eu lieu : l’autocar remplaçant le TER habituel était tombé en panne… D’essence. il avait donc fallu attendre l’arrivée d’un autre autocar, le remplaçant du car remplaçant le train, pour pouvoir enfin repartir.

Lors du voyage, j’avais l’oeil rivé à ma montre puisque je devais coûte que coûte prendre un autocar à 7 heures 50, le dernier d’une ligne régulière, reliant la gare d’arrivée à celle où se trouvait ma voiture. Nous sommes arrivés à 7 heures 45 et j’ai littéralement bondi du car pour foncer aussi sec vers le guichet de la gare routière. Une fois mon billet acheté, nouvelle course effrénée en sens inverse pour prendre le car au vol. J’ai été déposée sur une place assez éloignée de la gare SNCF, donc nouveau sprint jusqu’à la voiture, avant de partir vers mon lieu de travail. Dernière course de la matinée sur le parking pour badger avec un retard de 30 minutes tout pile. J’étais enfin à bon port, mais complètement échevelée, le devant de la jupe se trouvant derrière, et inversement.

Le soir venu, pour regagner mon domicile, je n’ai pas eu d’autre choix que de me rendre en voiture jusqu’à la gare intermédiaire, avant de prendre un nouvel autocar. il était plus de 19 heures lorsqu’ai enfin pu regagner mes pénates. Le lendemain de la grève, le TER était à l’heure, mais j’ai dû m’arrêter à la gare intermédiaire afin de récupérer ma voiture.

Si tout se passe bien, je vais pouvoir reprendre mon train-train habituel… Jusqu’à la prochaine grève.