A propos de la grève SNCF…

 

Ces grèves des chemins de fer ne sont pas une nouveauté. Elles ont marqué la France dès les 30 glorieuses.

Pourquoi sont-elles si mal supportées par les usagers de nos jours ? Un peu comme celles des avions en vol intérieur.

        Répondre que le monde a changé, que le temps c’est de l’argent, que les services publics nous doivent le sans faute est insuffisant. Nous évitons de voir des mouvements lents mais importants qui devraient atténuer nos colères.

        Un exemple simple. En 1968, période de grève générale s’il en est, les hôpitaux n’eurent aucun problème car les infirmières habitaient à côté du lieu de travail. En 1995, il a fallu qu’elles dorment sur place pour assurer leur service, réquisition ou pas. Et maintenant ce n’est plus possible. Qu’est-ce qui a changé ? Peu de choses en vérité. L’infirmière ne peut plus habiter à côté de Cochin. Elle est « partie » en banlieue. Maintenant loin en banlieue, et sans transport possible, c’est foutu.

        Il faut bien avoir en tête le fait qu’en 30 ou 40 ans (les chiffres sont à vérifier) le temps et la distance pour travailler ont été multipliés par 10 ou 20. Des lillois, des tourangeaux, rouennais  travaillent chaque jour à Paris.

Il a fallu multiplier par 5 le rythme des rames, trains ou métros, pour acheminer tous ceux qui ne peuvent plus résider près de leur lieu de travail. Il n’est donc pas étonnant de constater la saturation du matériel et des limites de son entretien.

Il ne pourrait arriver à l’entendement des salariés des années 50 d’avoir 2 à 3 heures de transport pour bosser. Ils auraient continué à préférer des semaines de 48 heures !

Si l’on ajoute « l’encouragement » écologique à mettre la voiture au rencart, ou plus prosaïquement le coût de ce moyen de transport, il est certain que chacun a des raisons de se mettre en colère contre les incidents (beaucoup plus nombreux que les grèves) qui leur empêchent de pointer à l’heure.

Que les cheminots soient les boucs émissaires de ces transformations est insuffisant. Ils ne sont que la partie visible de l’iceberg !