Enfin une bonne nouvelle : un stade de balle au pied ultramoderne, vide, enfin. Mais, hélas, confié à une société privée pour tenter d’éponger les dettes. Histoire de faire de la balle au pied grenobloise une balle dans le pied ?
Vous avez remarqué, c’est la période de perception des taxes foncières et d’habitation. Taxes foncières : Angers, 40 m², central, plus de 520 euros ; Paris, 60 m², idem, près de 400 euros. Oui, presque le double à Angers qu’à Paris.
Je veux croire que cela découle bien des quelque 700 logements en résidences étudiantes construits ces dernières années, et non pas des vicissitudes du stade de football Jean-Bouin (18 000 places contre 12 000 pour son homologue parisien).
En 2010, à Angers, ce stade s’est vu doté d’une nouvelle tribune de 5 400 places.
Le célèbre joueur Raymond Kopa était passé de Reims au SCO d’Angers.
Depuis, il y a eu « les démêlés judiciaires de son président Willy Bernard, soupçonné d’abus de biens sociaux et faux en écriture. », (condamné à deux ans de prison avec sursis, il a fait appel).
Je me souviens que le maire de Belfort, Émile Gehant, avait plaidé pour éviter à sa ville de s’endetter en procédant à d’importants travaux dans le stade local des Trois-Chênes, devenu stade Roger-Serzian depuis (1990).
En revanche, la rénovation du théâtre (dit Granit) a été confiée à l’architecte Jean Nouvel. Je ne sais si la programmation théâtrale est toujours gérée à l’ancienne (en mode semi-associatif). C’est devenu une « scène nationale ». La fréquentation est bonne.
Pour le stade, lu (bonjour à Pasacal Pigatto, du Pays de Franche-Comté) : « pelouse bonne, 50 spectateurs, temps pluvieux. ». L’ASM Belfort (réserve) rencontrait Bart en LR2 (3-1). Le Granit, de 1991 à 2006, affichait un taux moyen de fréquentation de 85 %. Depuis, je ne sais trop. Ce taux serait passé à 90 % en 2007, ai-je lu. Il est vrai que, selon la taille du plateau, la présence d’un orchestre, la jauge peut descendre à 180 ou 120 places. Comparaison n’est pas raison, mais où se situe la déraison ?
Belfort dispose aussi d’un Centre chorégraphique national… sis en l’ancienne caserne de l’Espérance.
Contre Jour !
Déficits publics
À Grenoble, nous apprend Libération, la gestion du stade des Alpes sera confiée « à une société privée » qui serait supposée avoir « la réactivité nécessaire pour organiser de l’événementiel, comme des concerts… ».
Interdit de gestion pour le moment, Willy Bernard n’est pas sur les rangs…
Ah oui, Grenoble dispose aussi du CCNG (centre chorégraphique Gallotta-Dubois), qui, lui, ne se porte pas trop mal (jauge de 500 places seulement, et ce n’est guère déraisonnable).
C’est cela aussi, le déficit des budgets de l’État et des collectivités territoriales.
On ne remplace pas les fonctionnaires, mais on délègue leurs tâches à des sociétés et cabinets (d’études, entre autres), privés. Lesquelles font effectuer les travaux par des étudiants, au mieux des doctorants, ou des ouvriers en sous-traitance, et leurs dirigeants empochent l’essentiel des bénéfices. En attendant de faire mieux, et privatiser la police, l’armée, les services de santé, &c. Ce qui est le but recherché en recapitalisant les banques, qui rembourseront certes, mais se payeront sur la bête lors de nouvelles privatisations.
Nicolas Sarkozy, au Budget, fut un orfèvre en la matière et son frère, Olivier, du Carlyle Group, en retira les dividendes à son heure.
Mais avec les sports, les stades, ont atteint des sommets. La privatisation des bénéfices et la « nationalisation » des pertes est un autre type d’activité sportive.
J’avais déjà évoqué le coût de rénovation du stade strasbourgeois de la Meinau (retoquée par la municipalité) dans « Les Jeux olympiques, une vache financière sacrée » : avec les très prévisibles dépassements, cela se serait élevé au montant (momentané) de toute l’opération Harmattan (Libye, forces françaises seules, coût vraisemblablement minoré, cf. les chiffres britanniques du ministère de la Défense du Royaume-Uni).
Soit plus de 200 millions d’euros.
Les Alpes coûtent « un bras »
Or donc, l’AFP, reprise par Libération, s’est intéressée au stade grenoblois des Alpes. Il pourrait accueillir 28 000 personnes. Record actuel : « péniblement 1 900 spectateurs ». Déficit prévu, un million d’euros annuel.
Mais Marc Baïetto, président (PS) de la communauté d’agglomération, fait finement remarquer : « l’économie de la piscine est horriblement déficitaire. Va-t-on pour autant fermer toutes les piscines ? ». Effectivement, il serait sans doute plus judicieux de fermer les nombreux dispensaires grenoblois. Une séquelle du passé. Ils emploient des infirmières, des médecins, qui ne sont pas libéraux. L’AGEC-SA (Association de gestion des centres de santé de Grenoble) a déjà épuisé un directeur général. Bonne chance à sa ou son successeur (cinq centres, budget annuel de cinq millions d’euros, pas facile à équilibrer, les collectivités territoriales se faisant tirer l’oreille).
Chacun ses priorités. Là aussi, on a « réduit la voilure » depuis 2009 (90 salariés, dont 30 médecins, pour 2012, on verra…).
Les piscines accueillent des sportives et sportifs amateurs, des enfants des écoles, du public lambda. Et le stade des Alpes ?
Faute de JO, l’Euro 2016
Les JO d’hiver ont échappé à la France, ceux d’été aussi, heureusement. Mais on se rattrape déjà avec le Championnat d’Europe des nations (dont les finales seront disputées en Pologne et Ukraine, pays qui n’avaient vraiment pas besoin de ces surcoûts). En 2016, 24 nations seront accueillies en France. La Turquie se consolera, l’Italie, dont les agences de notation viennent de dégrader la cote, y aura échappé. L’Euro 2016 mobilisera près de 300 millions de fonds publics, si tout va bien, si les fonds privés sont au rendez-vous.
Quand on clique sur la page du site listant les coûts de rénovation ou de construction des stades français, la page d’un site de jeu de poker en ligne apparaît au second plan. Éric Woerth et Sébastien Proto auront beaucoup fait pour les paris et jeux en ligne. Alain Juppé sera ravi de voir les 200 millions prévisionnels de création du stade de Bordeaux portés à un niveau supérieur. Au fait, cela fait combien, vu le volume, de mallettes et de valises, une telle somme ? Pour Toulouse, la rénovation ne coûtera « que » 60 millions d’euros (prévisionnel, en général explosé).
Consolation pour Grenoble, son stade n’avait pas la capacité souhaitable (plus petits stades de l’Euro 2012, le Grand Stade nicois, 33 500 places environ, et le stade Marcel-Picot de Nancy, 32 000).
Martin Bouygues, qui gratte sur les coûts des centrales nucléaires, encaissera deux fois : avec les rénovations des stades, avec les recettes publicitaires de TF1. Sauf si… Ah non, le coup des coûts est parti. Même si la note de la France était rétrogradée, pas question de faire marche arrière. Il faudra emprunter, à des taux supérieurs : c’est le but.
But ! Hourrah ! Et un, et deux, et trois zéros de mieux derrière le premier chiffre. Rien qu’en intérêts de dette. Bah, il n’y aura pas que des perdants. Le budget de l’Euro 2016 n’est « que » dix fois celui de l’Airbus présidentiel. C’est pour quand, le baptême de l’air du petit de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni ? « Je le verrais bien footballeur, » déclarera peut-être la Première dame de France. Montjoie, Saint-Denis et Stade de France ! Si c’est une fille, pas sûr qu’elle soit souhaitée danseuse, c’est souvent moins lucratif, et tout aussi exigeant.
Vestale du Calix
Terminons cependant par une note d’optimisme. Anne Larue, auteure, fait paraître aux éditions L’Atalante un récit : La Vestale du Calix. Argumentaire : « Pour tous ceux qui aiment Paris, la fin du monde, les chevaux, le camping, Simone de Beauvoir… et un peu moins le football. ». C’est dans la collection « La Dentelle du cygne ». Et non « Le Chant du… ». Extrait du prière d’insérer : « Anna et Ankh sont arrêtées pour ne pas avoir assisté à une rencontre de trimslop. ». Anne et Ankh ne sont pas des pouliches. Ne me demandez pas ce qu’est le trimslop. Il y a « trim » dedans (de trimer ou de rogner, ou de ligne de rebord au billard ?).
Il est sûr que la pente savonneuse (slop, ou lavasse) des déficits liés à certaines activités sportives serait moins rude et glissante si nous étions obligés d’assister aux rencontres, sous peine d’amende.
Les impôts locaux, c’est plus élégant, et personne ou presque n’y échappe. Le calix, c’est bien sûr un calice. À boire jusqu’à la lie ? Pendant que, dans les tribunes d’honneur, on toise en dentelles la populace en guenilles ?
Il n’y a plus, ou peu, de loges d’honneur dans les salles de spectacles modernes. C’est moins flatteur de s’y faire prendre en photo ou « filmer » par la télé. Le foot, sport « démocratique » ? Tiens donc, à d’autres. Autant que le trimslop, sans doute…