Les débats concernant le choix de la gestion publique ou privée sont permanents, mais ces débats permettent-ils de se poser les bonnes questions ?
Les idéologues de la gestion privée sont très efficaces pour démontrer la mauvaise gestion publique, les déficits répétés, le manque d'efficacité et prétendent donc que dans tous les domaines la gestion privée sera plus efficace et permettra le retour aux comptes positifs…
Or est-ce cela l'objectif à atteindre ?
La question ne devrait-elle pas être plutôt celle de la légitimité ?
Le but de l'humanité est-il seulement d'avoir des comptes positifs ? Avons-nous oublié que ce ne sont que des chiffres, donc en fait que ce n'est que du vent !
La vraie quête de l'humanité ne serait pas plus logiquement la santé, le plaisir de vivre, les relations agréables avec autrui, la culture, la sécurité… Tout cela permettant tout simplement d'être heureux de vivre !
Voyons pourquoi l'efficacité ne doit pas être le critère de jugement du choix entre gestion publique et privée…
Pour que ce soit la bonne question il faudrait que les objectifs du secteur public et du secteur privé soient les mêmes… Or ce n'est pas le cas : le public vise le meilleur service alors que le privé vise le meilleur profit… D'où une mise en concurrence de ces deux secteurs est un non-sens (ce non-sens se manifeste par exemple dans le domaine de la santé avec la concurrence hôpitaux/cliniques, les premières devant répondre aux besoins de soins de la population et étant en faillites, les secondes devant faire du profit en se consacrant aux spécialités lucratives)…
Il s'agit donc pour la société de reconnaître les domaines qui légitimement ne peuvent être appropriées par un quelconque intérêt privé : la nature, l'eau, les énergies naturelles notamment fossiles… Il y a aussi les domaines dont on ne peut transférer la compétence au privé car les objectifs du privé (rentabilité) ne peuvent répondre aux besoins de la société (sécurité, durabilité, éthique…) : santé, éducation, expertise (très important, l'expertise devrait être indépendante donc publique), création monétaire…
Tout le reste ne doit pas être géré par le public (ce n'est pas son rôle de faire du business) et sera donc privé…
Ces règles devraient être constitutionalisées ou droit-de-l'hommisées…
Ainsi tout irait naturellement :
– Le secteur privé cherche à créer des biens et services qui répondront au jeu de l'offre et de la demande… Les entreprises qui font des bénéfices survivent.
– Le secteur public gère le service des humains et le bon fonctionnement de la société… Ces activités ne sont pas rentables, qu'importe, elles sont nécessaires et incompressibles ! Elles doivent pouvoir continuer à exister en priorité en étant financées par la taxation du secteur privé qui dégage suffisamment de bénéfices pour cela (c'est l'un de ses rôles).
Ainsi une entreprise publique ne doit avoir aucune charge ni taxe à payer puisqu'elle ne doit pas être un moyen mais un but. Si elle fait des bénéfices elle améliore son service ou on les transfère à d'autres entreprises publiques puisque leur objectif n'est pas le profit…
Le secteur privé, financeur du secteur public, peut dénoncer des gaspillages qu'il aurait constaté et les entreprises publiques doivent rendre leur service optimal mais sans manquer de responsabilité en évitant les déficits évitables…
En fait c'est un système coopératif, chaque secteur remplissant son rôle légitime. Les gens du secteur privé bénéficient du secteur public comme tous les citoyens et ils n'ont donc pas à se sentir floués…
Une certain moyen d'y parvenir serait donc d'avoir une fiscalité contextualisée et non une fiscalité systématique sur les entreprises…
Se poser les bonnes questions permettra de trouver les bonnes réponses aux problèmes de la société…
Le privé gère-t-il mieux que le public? Kerviel, Madoff AIG Match nul