Les principaux groupes énergétiques européens ont récemment fait part de leur inquiétude quant à l’absence de politique énergétique européenne qui les empêche d’établir toute stratégie à moyen ou long terme. Les patrons français Gérard Mestrallet (GDF SUEZ) et Henri Proglio (Edf) sont à la tête du mouvement.
A l’heure où l’union européenne impose toutes sortes de normes farfelues à ses pays membres, sur la taille des fromages ou sur les matériaux des aires de jeux pour les enfants, on se rend compte que l’Europe est paradoxalement incapable d’établir une stratégie commune en matière de défense, de sécurité intérieur ou, plus récemment, de politique énergétique.
Ainsi, pour dénoncer une « balkanisation de l’Europe de l’énergie », 8 des plus gros groupes d’énergie d’Europe (dont EON, RWE, Enel et Iberdrola), menés par le PDG de GDF suez, Gérard Mestrallet ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation de l’énergie européenne.
Dans une interview au Monde, le dirigeant a déclaré que « la politique européenne en la matière avait un triple but : lutter contre le réchauffement climatique, améliorer la compétitivité et assurer la sécurité d’approvisionnement du continent. Or sur ces trois volets, c’est l’échec ».
« Certains Etats qui ont pris des décisions dans leur coin, comme l’Allemagne lorsqu’après l’accident de Fukushima, en 2011, elle a arrêté huit réacteurs nucléaires sans prévenir personne », a-t-il ajouté.
Quelques jours plus tard, c’était le président d‘EDF, Henri Proglio, qui a apporté son soutien à ses homologues. « Je déplore qu’en fait l’Europe n’existe pas au niveau de l’énergie, c’est une mosaïque. Chaque pays a sa politique, chaque pays a ses priorités, il n’y a encore une fois aucune coordination, on ne peut que progresser dans ce domaine », a-t-il expliqué à l’occasion d’une audition à l’Assemblée Nationale.
A l’époque du Referendum de Maastricht, on nous expliquait que l’Europe était nécessaire afin de construire un gros bloc économique capable de lutter contre des super puissances comme les Etats-Unis et la Chine. On se rend compte que les entreprises européennes ont beaucoup de mal à trouver des synergies et que l’Europe ne les y aide pas vraiment, quand elle ne leur met pas des bâtons dans les roues.
Si l’on veut rester dans l’Europe, l’institution va devoir apprendre à créer de la cohésion et de l’unité sur les gros dossiers économiques quitte pourquoi pas à lâcher du leste sur les contraintes administratives qu’elle fait peser sur ses états membres.