Georges Fenech, actuellement accusé de recel de biens sociaux dans la sulfureuse affaire de l'Angolagate, Président de la controversée Miviludes (Mission interministérielle de lutte contre les sectes), est un homme dont les amitiés douteuses laissent perplexes, et sont en droit d'inquiéter les citoyens.

Georges Fenech…

Celui qui s'est longtemps prétendu être le chancre de la tolérance zéro en matière de justice. Celui qui se présente comme le protecteur de l'enfance face aux sectes, n'hésitant pas à avancer des chiffres allant jusqu'à 80000 pour parler des enfants en danger dans les mouvements religieux minoritaires, alors que les chiffres des différents ministères montraient 2 cas de maltraitance légère reliés à une dérive sectaire, dans l'ensemble du pays (ce qui fut bien ennuyeux pour lui puisque cela tendait à faire penser qu'il était moins dangereux pour un enfant de vivre dans une secte qu'en dehors, statistiquement parlant).

Un Georges Fenech qui se défend toujours de tout, ardent défenseur d'une justice implacable, est-il victime d'une incapacité de choisir ses amis ? Ou a-t-il une conscience à deux vitesses ?

Bien sûr, en plein dans l'affaire de l'Angolagate, tout le monde sait qu'il a touché 100 000 francs du marchand d'armes Pierre Falcone. Georges Fenech se défend d'avoir su qu'il était marchand d'armes, mais pourtant le Général Mouton, qui lui avait présenté Falcone à sa demande, déclare au tribunal que Fenech était parfaitement au courant de la qualité de trafiquant d'armes de Falcone… Et ne se trouve-t-il pas que Gilles-William Goldnadel, grand ami de Georges Fenech, est aussi l'avocat de Arcadi Gaydamak, l'associé de Pierre Falcone en fuite en Israël.

Et ne se trouve-t-il pas non plus qu’un membre de l’APM, protégé de Georges Fenech, le magistrat Jean-Louis Hérail a comme par hasard classé une affaire concernant Gaydamak. Et qu'en été 2000, quand le fisc commence à s’intéresser à Falcone et Gaydamak, un responsable de l’APM va supprimer toute trace de Falcone dans l’ordinateur de l’APM. Sur ordre de qui ?

Bon, l'Angolagate, tout le monde connait.

Mais Georges Fenech a d'autres amis.

Jean-Claude Pfeffer, correspondant priviligié de Georges Fenech pour la commune de Chan{mosimage}{mosimage}sson, et père de Renaud Pfeffer, qui fut l'attaché parlementaire de Fenech jusqu'à l'annulation de son mandat de député. Lorsqu'il était maitre de conférence à l'université Lyon III, il a été condamné pour avoir été pris à détourner l'argent de l'inscription d'une étudiante asiatique sur son propre compte (34 000 F). Ce même Jean-Claude Pfeffer qui avait fait l'apologie du Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Pour ceux qui ne le savent pas, Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir en assassinant son prédécesseur, et fut dénoncé en 2000 par l'ONU comme "étant au cœur de trafics croisés d’armes et de diamants au bénéfice des rebelles angolais de l’Unita et sierra-léonais"(source).

Mais tout ceci n'émeut pas Georges Fenech, qui entretient avec l'Afrique d'autres liens qui lui font partager d'autres amitiés.

Son grand ami Charles Debbasch, condamné en 2005 à deux ans de prison pour malversations financières. C'est avec lui et Gilles-William Goldnadel (tiens donc) que Georges Fenech s'était rendu en 1998 au Gabon, dans une mission d'observation des élections organisée à la demande du Dictateur Bongo.

Les élections seront truquées en faveur de Bongo et cautionnées par la mission de Georges Fenech et Charles Debbasch, ce qui vaudra à Georges Fenech de se voir refuser la place de premier juge d'instruction qu'il convoitait.

Cette même commission d'observation a cautionné  d’autres élections en Afrique, notamment au Togo. Un pays où s'est rendu également Fenech en 1997.

Et son grand ami le juge Jean-Louis Voirain, condamné pour « blanchiment aggravé, recel de fonds provenant d’abus de biens sociaux et détournements d’actifs, corruption et trafic d’influence passifs ».

C'est lui qui a dirigé le Syndicat Professionnel de Magistrats avec Fenech pendant des années (Fenech en était le Président jusqu'à ce qu'il soit condamné lui-même pour injures antisémites à l'encontre d'Albert Levy). Ah, j'oubliais, Voirain faisait aussi partie de "l'opération Congo" susmentionnée. (Jean-Louis Voirain a été aussi soupçonné de pédophilie en 2003 après la découverte de photos d’adolescentes nues dans son ordinateur professionnel et dans une armoire de son bureau, et plainte de sa belle-fille mineure disant avoir été victime d'attouchements sexuels dans son enfance, mais je ne connais pas la fin de l'histoire, si tant est qu'elle est finie…)

Et puis le chanteur Jean-Luc Lahaye qui a accompagné Georges Fenech pendant toute sa campagne aux législatives de 2001, condamné le 8 janvier 2007 pour atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans  lors d'un procès à huis clos au tribunal correctionnel de Paris. Jean-Luc Lahaye qui était aussi l'ami de… Voirain.

Finalement, que reste-t-il de ces amitiés ? Pour Georges Fenech, certainement un réseau d'influences bien utile en ces périodes de crises.

Mais pour moi, ce qui reste, c'est une profonde interrogation.

Comment un homme qui n'hésite pas à s'associer avec ce qu'il prétend combattre, un homme qui ferme les yeux sur les exactions de ses amis, un homme qui touche de l'argent de la part d'un trafiquant d'armes en se permettant de répondre au tribunal "je n'ai rien contre les marchands d'armes français" quand on parle de centaines de milliers d'enfants morts sur des mines antipersonnelles vendues à l'Angola, un homme qui se mouille dans des affaires avec des dictateurs corrompus… Comment cet homme peut-il nous faire croire à la tolérance zéro ?

Comment un gouvernement peut-il placer cet homme à la tête d'une mission interministérielle et l'entendre dire "je vais sauver les enfants des sectes" quand il ne cille pas face à la mort des enfants africains, ou face à la pédophilie ?

Eh bien, certainement que sa liste d'amis est encore un petit peu plus longue…