Gemonsen, le pays où le mensonge n’existe pas / Episode 4

Gemonsen,  un pays où le mensonge n’existait pas. Dans ce pays idyllique, tout le monde était reconnu à sa juste valeur car personne  ne trichait sur ses véritables capacités, sa véritable identité. Les situations devenaient jamais houleuses à Gemonsen car la vérité éclatait avant même que les rouages de la machine humaine ne s’envenimaient. En même temps, la modération et la retenue n’étant pas de ce monde, il fallait une police inhumaine pour garantir la sécurité de tout à chacun. Autre problème, les habitants des  pays qui entouraient Gemonsen, avaient en eux le vice du mensonge. Et Gemonsen devait se protéger de ces esprits différents et protéger en même temps les pays voisin de ses propres habitants.  Pour se couper du monde et de ses perversités, Gemonsen vivait sous une sorte de cloche géante et transparente. Cette machination n'était pas le fruit d'un écart Divin, mais d'un homme ou plutôt d’une génération d'hommes : les Gan Tso. Dix générations plus tôt, Maître Gan Tso avait réussi, à polluer les nappes phréatiques du pays de manière à endormir la cellule du cerveau à l'origine du mensonge. Il devint ainsi facile pour lui de les manipuler et de créer un empire, l'homme franc étant une proie facile et sans  défense pour l'homme menteur. Mais quelqu’un était en train de gripper cette superbe machination, cette indéfectible supercherie qui avait traversé les siècles. Les robots soldats venaient de l’identifier : Chris99. Il avait réussi à braver les systèmes de sécurité de la cité où le mensonge n’existe pas, à la stupeur du dictateur Jin Gan Tso. Jin Gan Tso avait un fils prénommé Min qui prendrait, à la mort de son père, les reines du pays.L’androïde préféré de Min Gan Tso, libéré pendant quelques instants de la présence de son maître, était en train de se connecter à son ordinateur.

Contrôle positif

L’androïde continua à naviguer dans le programme, sans expression, sans surprise, comme si son plan ne pouvait  avoir aucune autre issue que celle d’aboutir. Min Gan Tso devait passer par l’étage dans lequel vivait son père pour accéder au sas terminal de sortie vers le monde réel. Il redoutait cet instant car il savait son père insomniaque et que le croiser sur le chemin de la sortie allait valoir au mieux de sévères réprimandes accompagnées d’une leçon de morale destinée à mettre le doigt sur son indéniable manque de responsabilité,  au pire l’intervention musclée des robots programmée pour ordonner à son père en cas de demande  contradictoire du fils. Il émit une légère pression sur le bouton relié à une des deux micro-antennes situées derrière ses oreilles. 

Démagnétisation enregistrée 

De cette façon, il aurait plus de chance d’éviter de mettre la puce à « l’oreille » de ces maudits robots. Pour lui, qui ne connaissait comme seul être humain que son père, les robots étaient synonymes du  pire comme du meilleur. Le pire, c’était les gardiens du palais des Gan Tso. Le meilleur, ces splendides créatures que l’on pouvait choisir à la carte et qui défilaient, une par une, ou deux par deux, dans son lit.

La démagnétisation ne servit à rien car il tomba, né à né, avec son père, en quittant l’ascenseur.

–           Qu’est-ce que tu fais là ?

          Comme vous, je me ballade.

          Tu te ballades… tu veux aller dehors, oui… ! Gin lança une œillade vindicative sur les diodes rouges situées à la base des micro-antennes de son fils. 

          Tu t’es démagnétisé pour ne pas que les robots te repèrent.

          Je… Bon, écoutez, je n’en peux plus moi de ce palais et…

          … Tu n’en peux plus ? Tu as tout ce que tu veux, tu manges ce  que tu veux, tu baises qui tu veux et tu oses de plaindre.

          J’ai tout ce que je veux, vous avez raison. Mais, savez-vous à quoi j’occupe le plus claire de mon temps.

          Je sais, à tes androïdes !

          Oui et à regarder les écrans installés dans la World Wide Room. Je n’en peux plus de voir ses hommes déambulés, dans la rue, à la campagne, sur la plage, heureux et libres.

          « Libres », tu rigoles. Tu sais très bien qu’il n’y a pas plus emprisonnés, encadrés qu’eux. Condamnés  à se livrer, à la transparence absolue, à être cru, à une franchise désarmante, à vivre les situations comme des bêtes, sans retenue, dont le moindre acte, le moindre discours ne puise son origine que dans l’instant,  dans l’instinct. C’est ça ta liberté ?

          Mais, ils se « sentent » libres. 

Jin Gan Tso prit violemment son fils par la manche qui lui, le suivait docilement. On croyait voir un père qui emmenait au coin un fils honteux, piteux, trainant à moitié les pieds. Ils arrivèrent dans l’impressionnante  World Wide Room. 

          Que vois-tu ?

          Des Hommes libres.

          Ah oui, des Hommes libres, tellement libres qu’ils sont incapables de gouverner, incapables de se gérer, incapable de survivre si je n’étais pas là. Et quand je serais mort, ce sera à toi de veiller au pays où le mensonge n’existe pas. Même l’air qu’ils respirent n’est pas libre. Un dôme aussi gros qu’une étoile séquestre leur air.

          Pourtant, ils utilisent bien l’expression « air libre ». Je l’ai déjà entendue.

          Ce n’est qu’une expression. Tant qu’ils boiront de l’eau,  leurs cerveaux seront à notre merci. Leur honnêteté intacte est l’unique justification de notre existence.  

Min se risqua  

          D’accord ô Dieu. 

Jin décocha un formidable coup de poing sur la joue de son fils. Celui-ci chuta sous la violence de l'assaut, en projetant au passage des goutes de sang sur les écrans géants. Jin se mit à respirer avec difficulté, tant l’effort demandé par son attaque l’avait atteint physiquement. Il se frotta la main.  

          Tu l’as bien mérité. Et ne te plains pas! La prochaine fois,       j’appellerai les robots. Eux, ils n’ont pas soixante ans.

18 réflexions sur « Gemonsen, le pays où le mensonge n’existe pas / Episode 4 »

  1. [b]J’ai loupé quelques épisodes, il serait temps que je fasse marche arrière, ce Monde sans mensonge me fait peur…

    Un mensonge par omission, n’est pas un mensonge tout de même! (zut je m’égare)

    Cette bulle aseptisée, sent la dictature à pleines narines…
    Une certaine dictature du bonheur parfait, enfin pour celui qui dirige ce joli monde..
    Vais voir si un des habitants a déjà parlé de ses conditions idulliques de vie à Gemonsen (?)

    A + Boby l’enchanteur (hum, çà sent le roussi cet aventure)

    Boby, « ya-t-il » beaucoup d’épisodes ??
    SOPHY, la troublée.. (qui cherche la petite « bête », là où peut-être il n’y en a pas..)[/b]

  2. Si vous avez manqué une épisode, je peux vous envoyer un petit MP, pour vous envoyer le condensé.
    A+
    Yves

  3. [b]Boby, vu l’avalanche d’infos, de ce jour, n’ai pas eu le temps d’aller lire les précédents épisodes
    Serai très heureuse d’avoir un résumé de ce qui c’est passé pendant mes petites vacances
    En MP, ou par mail, vous avez mes coordonnées, à vous de voir selo la longueur du résumé

    Merci, Yves,
    J’aurai bien aimé savoir si je me trompais dans mon analyse succincte ci dessus ????[/b]

  4. Ca vient LuLu. La suite est prête et au chaud. Dans 15 jours, avant de partir en vacances (3 semaines :), j’enverrai un épisode long pour vous faire patienter pendant mon absence. Mais d’ici 15 jours, vous en aurez le droit à quelques uns.

    Sophy, « Qui ne dit mot consent, mentir par omission ». Là n’est pas la clé de l’histoire. Disons effectivement, que tant qu’on ne dit pas de mensonge, on ne ment pas (lapalissade… OK!). LuLu a peut être trouvé l’anagramme du titre, mais pas le puzzle de Gemonsen. A ce sujet, Désolé Sophy, mais je ne ferai finalement pas participer les lecteurs à la suite. J’ai un autre projet à ce sujet, mais là l’histoire est trop encrée dans ma tête et le plan est quasiment bouclé (tjs dans ma tête). Par contre, j’y avais pensé, il y aura un petit détour du côté des habitants, mais pas trop longtemps pour ne pas perdre le fil de l’histoire. Pour finir, Sophy, le résumé des épisodes précédents ne vous suffit pas pour ce que vous avez raté?

  5. [img]http://www1.bestgraph.com/gifs/animaux/abeilles/abeilles-02.gif[/img] Bonjour Yves,

    Ils ont l’impression d’être libres, le sont-ils pour autant ??
    Et s’ils ne sont pas réellement libres, le simple fait de se sentir libre, ne suffit-il pas à un début de plénitude.

    Ce fils a tout ce qu’il veut, et pourtant il ne se sent pas libre, il n’est pas heureux.

    Où se situe le bonheur ?? Je pense qu’il est en chacun nous et nous le faisons ou le défaisons inconsciemment.
    A nous de chercher ce bonheur, au plus profond de nous même.

    La suite, la suite !!! Eh! Eh! Je copie Lulu.

    Un vote Super.
    Amicalement.
    ANDREA.

  6. Ouahh, Andrea , je vois que vous donnez déjà une 2nd degrè à cette histoire pourtant toute simple…. 😉

  7. Bravo toujours et vote super !

    Je rejoins ANDREA, et je poursuis le raisonnement, car la lecture de cet épisode m’y a fait penser aussi :

    La sensation de liberté est-elle la liberté elle-même ?

    Oula… je m’attirai la foudre des non-aristotéliciens… La carte n’est pas le territoire… etc…

    Bref !
    Bonne continuation !

  8. [img]http://www1.bestgraph.com/gifs/animaux/abeilles/abeilles-02.gif[/img] Bonjour Yves,

    Est-ce que cela vous est utile au moins ?? (riiiiiiiiiiiiiiiiiiiires).

    Un vote Super.
    Amicalement.
    ANDREA.

  9. [img]http://www1.bestgraph.com/gifs/animaux/abeilles/abeilles-02.gif[/img] Bonjour Gosseyn,

    C’est un très beau feuilleton, que nous apprécions tous.

    Attention, aux robots Gosseyn !!! Ouille, aie, eh (riiiiiires).

    Amicalement.
    ANDREA.

  10. D’abord un grand Salut au retour de Gosseyn mon 1er et fidèle lecteur. Désolé, de mon côté pour mon manque d’assiduité sur les 70’s, mais ma bande passante est vraiment trop lente pour que j’écoute la sélection dans de bonnes conditions. Dans mon village, il est prévu un meilleur débit, prochainement. Je me rattraperai.
    Ensuite Andrea, c’est vrai que je ne suis pas encore completement fixé sur le mode de pensée des gemonseniens et que, même si comme je l’ai dit le plan est fait, vos reflexions vont peut-être, comme vous dites Andrea, « m’aider »!
    Sinon, Gosseyn, avez-vous rattrapé votre retard (et vous Sophy?… Sophy, ‘y a qqn?). Bon, répondez-moi pour que je dégaine l’épisode 5. LuLu et Andrea l’attendent! 😉

  11. Héhé ! Merci [b]Boby [/b]!

    Dommage que vous ne puissiez suivre les 70’s… cela dit, il doit y avoir des sites sur lesquels on peut écouter des chansons sans vidéo en plus, mais je n’en connais pas, faudrait voir…

    J’ai rattrapé mon retard ! (je lis vite) Donc pas de soucis pour l’épisode 5, je suis fin prêt ! Sinon, j’espère que vous avez vu avec Dominique pour l’édition de roman. C’est un spécialiste en la matière, il m’a également brieffé à ce sujet (j’écris aussi) !

    Amitiés!
    [b]Gosseyn[/b]

  12. [b]Dégainez, dégainez, Lucky Luke, votre fan club vous attend, mais, j’sais pas si j’serai assez intelligente pour comprendre le sens du récit, !! (lol)
    Me suis déjà trompée une fois! (lol)
    Vous rendez pas compte », si je continue d’analyser avec aussi peu de lucidité, ma « réputation » est « foutue » (lol)
    A +

    [/b]

  13. Sophy, ce n’est pas vraiment une erreur, mais disons plutôt que vous tous, vous donnez une dimension à laquelle je n’ai pas encore pensée. Je pense d’abord à l’action, rythmé par un « handicap » le fait de dire la verité, mais ça aurait pu être être aveugle ou avoir une espérance de vie égale à 30 ans, et ce dans un contexte fantastique. Et les lecteurs, ce qui est interessant, pensent au mensonge et à ce qu’il représente avant de penser à l’action. Donc, ce que vous dites, n’est ni vrai, ni faux, mais je n’ai tout simplement pas encore la réponse.
    Bon, je dois avancer dans mon boulot et après, je…. « dégaine » l’épisode 5.

    A+

    Yves.

  14. [b]Boby,
    Ah, tu n’as pas voulu qu’on s’en mêle, alors qu’au départ tu aurais aimé avoir notre participation, et bien maintenant tu te débrouilles (LOL)
    A +[/b]

  15. [b]Boby[/b],
    Je suis moi aussi dans la SF, avec un peu de fantasy (mais un peu seulement, les arbres qui parlent et les elfes, c’est pas mon truc, j’ai juste récupéré l’atmosphère).
    Peut-être un jour je publierai par épisode sur C4N, mais pour le moment j’hésite encore…

  16. Je découvre un peu tard ce « conte moraliste » à la Voltaire qui a beaucoup de charme; cet épisode me fait penser à l’histoire de Bouddha dans Siddharta de Hesse.

    Ne pas mentir est un « esclavage » , une obligation décrétée par un Pere et controllée par des robots! à faire peur!

    c’est assez moral: avoir tout ce qu’on peut consommer ne rend pas heureux et crée une frustration qui n’est libérée qu’en bravant l’interdit!par le mensonge ou ou par la fuite! d’où le mythe de la Pomme et du paradis perdu!

    J’attends les autres épisodes avec impatience

    cordialement

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