Gare aux « Tasers » déguisés

Vous l’avez sans doute lu ou entendu. La meneuse de la bande ou du gang des adolescentes d’Île-de-France, les Tokyo Girls, considérées très violentes, s’est faite prendre après avoir agressé une jeune fille dans le métro. En la menaçant d’un « Taser » de poche, soit d’une arme de « défense » à impulsions électriques miniature, de la taille et de l’apparence d’un tube de rouge à lèvres. Eh bien, attendez-vous à lire et entendre que de telles armes vont devenir courantes et servir à d’autres « discrètes » agressions.

Ce sont des « stun guns », et de vraies armes, mais du genre des gadgets de James Bond 007. Et la décharge est supérieure à celle d’un vrai Taser équipant les policiers : cela peut monter à un million de volts, voire à cinq millions. Il y en aurait déjà 10 000 en circulation au Royaume-Uni, selon un communiqué de Scotland Yard. Vous avez aussi lu et entendu qu’à la centrale de Clairvaux un détenu coordonnait un trafic de drogues avec des téléphones portables. Eh bien, à présent, il aurait pu en avoir sous la forme de modèles permettant de neutraliser, voire tuer, des gardiens de prison. Les administrations pénitentiaires de presque tous les pays s’en inquiètent.

Un clone du Sony Ericsson K95, de la marque chinoise Kelon, est l’un des modèles les plus prisés. Sur la tranche haute de l’appareil, une petite fenêtre. Imperceptible à la dizaine de seconde ou à la milliseconde avant qu’il soit trop tard. De tels modèles sont un peu onéreux, mais d’autres, de base, non camouflés mais facilement dissimulables se vendent une vingtaine d’euros.

Importantes saisies

Les douanes britanniques en ont déjà saisi dans les aéroports ou dans le centre de tri du Nord de Londres.
Dans le genre cocasse, si l’on ose, il y a aussi le Pink Stinger dont l’apparence évoque deux tampons hygiéniques munis d’un manche, accouplés. Sa décharge n’est pas vraiment létale (avec seulement 50 000 volts), mais suffit pour menacer ou temporairement paralyser… ou tuer des personnes cardiaques.

Visant une clientèle féminine, le Pink Stinger est aussi délicatement parfumé. Il permet de provoquer des effets sur la victime (ou l’agresseur) tels qu’uriner. La notice d’emploi précise sans rire qu’il n’est pas recommandé pour « l’insertion vaginale ». 

Les Étasuniens, friands d’armes (on voit même des versions Hello Kitty d’AK-47, avec manchon de crosse rose, parties métalliques violettes, des révolvers Lady Di), peuvent aussi acheter des Taser de poche carrossés en imitation peau de panthère. Cela se vend même lors de réunions du style Tupperware (accessoires pour la cuisine) ou « jouets sexuels » (sex toys parties). 

Du bobard… à la réalité

Le Pink Stinger, surnommé « l’arme d’absorption de masse », (allusion à l’Irak) apparu en 2007, n’est pas devenu si répandu mais il a beaucoup fait pour populariser les « stun guns » de poche.
Son apparition a été « virale », avec de nombreuses pages lui étant consacré sur des sites.

Depuis cette, disons, « période », d’autres ont été fortement commercialisés.
Le Pink Hottie est une lampe de poche de la largeur d’une paume tout comme le redoutable Small Fry (petite friture).

Le Taser-schocker électrique (350 000 ou 650 000 volts) est vendu, FOB (hors frais de livraison), moins de 50 euros.

Pour un voltage de deux millions de volts, comptez environ 70 euros. À la portée de beaucoup de bourses (pour les braquer sur d’autres…).

Certains se couplent avec des lampes LED éblouissantes

Vous ne risquez guère de vous retrouver « braqué » par une ado brandissant un Pink Stinger (je n’ai pas trouvé un seul site le proposant à la vente), mais par un agresseur ou une adepte de la dépouille sauvage, munie d’un tel gadget camouflé, si.

Bandes et gangs de filles

Noamie, 17 ans, des Tokyo Girls, a déclaré aux policiers être « accro aux vols sur des proies faciles ». De nombreuse fois repérée par des policiers, mise en garde à vue, elle s’était échappée d’un foyer dit ouvert de Beauvais. C’était son cinquième placement. Cette fois, ce sera pour elle un foyer dit fermé. L’arme lui a été « confisquée ». Mais la prolifération de telles armes de « défense » fait qu’une autre Noamie s’inspirera tôt ou tard de son mode opératoire.

Les gangs de filles, apparues dans la banlieue parisienne, ont essaimé dans diverses villes. Quoi de plus anodin qu’une jeune fille ou jeune femme sortant devant vous un tube de rouge à lèvres ?

Ce n’est pas encore « le baiser qui tue », mais on s’en rapproche.

P.-S. – Le Pink Stinger est peut-être un « hoax » (bobard) bien qu’il semble bien qu’un prototype ait été réalisé. La presse « sérieuse » s’y serait en tout cas laissée prendre. En revanche, le ministère de la Justice du Royaume-Uni a bel et bien diffusé un communiqué émanant de la police britannique au sujet des saisies de telles armes miniatures dans les aéroports. L’arrestation de Noamie a été évoquée dans les pages « Paris » du Parisien. Il est très facile de trouver de telles armes sur des sites de vente en ligne, y compris en français, et européens. Livraison rapide par Colissimo ou Chronopost ou coursier.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

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