« Seule la victoire est belle » dit l’entraineur à ses joueurs. « Oui, mais avec la manière » lui répond le spectateur.

On siffle Contador car il gagne grâce à un ennui mécanique d’Andy Schleck. On méprise la victoire et la qualification de l’équipe de France de foot obtenues grâce à une main.

Le sportif en pantoufle aime que le sportif gagne avec panache et fair-play. Voire souvent il préfère le perdant si méritant au vainqueur triomphant. Poulidor était le chouchou du public car il perdait en se battant jusqu’au bout. Il était monsieur Tout-le-Monde qui affrontait des surhommes (Anquetil ou Merckx), c’était l’éternel second.

Armstrong était l’exception car s’il gagnait en écrasant la concurrence, on n’oubliait pas qu’il avait vaincu un cancer auparavant.

Tout le monde a été unanime pour saluer la victoire de l’équipe espagnole au Mondial, car on retrouve dans cette équipe l’esprit de solidarité, d’offensive et d’altruisme. C’est le beau jeu qui a triomphé du jeu physique et brutal batave.

On apprécie l’humanité dans le champion : la discrétion de Zidane, fils d’immigrés, issu des cités. Même son malencontreux « coup de boule » en finale de la coupe du Monde 2006 n’a rien enlevé à sa popularité. Il s’en est sorti grâce à son talent, mais il reste modeste. En plus il parraine une oeuvre humanitaire.

On aime déceler les failles sous le champion. Quoi de plus beau que de voir l’immense Hicham El Guerrouj s’écrouler en larmes dans les bras de Nelson Montfort, après son doublé au Jeux olympiques d’Athènes.

Par contre, Contador n’est pas populaire malgré ses nombreuses victoires. Son visage est fermé, sa joie est contenue. On cherche en vain l’émotion chez lui. Ce ne sont que des impressions, fausses sans doute, mais la popularité est forcément subjective.

Peut-être deviendra-t-il populaire quand, à la suite d’un incident, il devra lutter pour retrouver son rang. L’amour du public est à ce prix.