Le CVM : un nouveau poison détecté dans l’eau du robinet

Le chlorure de vinyle monomère, un cancérigène certain pour l’homme, a été retrouvé à des taux supérieurs aux limites autorisées pour la potabilité de l’eau, dans les canalisations d’eau potable de plusieurs départements français. La population alimentée par ces conduites serait estimée à environ 600 000 habitants. Le 15 juillet 2010, l’InVS présente sa position et les données connues…

Le dosage de monomères de chlorure de vinyle a été introduit dans les contrôles réglementaires de l’eau potable dans l’arrêté du 11 janvier 2007. En février 2008, du chlorure de vinyle monomère ( CVM) a été détecté dans plusieurs systèmes de distribution d’eau potable d’Indre et Loire. Des contrôles ont donc suivi et des dépassements de la limite de qualité pour l’eau de boisson (0,5 µg/L) ont été relevés dans plusieurs départements français, entre  2008 et 2009.

D’où ce chlorure de vinyle monomère (CVM) vient-il ?

Avant les années 1980, les canalisations étaient fabriquées à partir de polychlorure de vinyle (PVC). Ce polychlorure de vinyle des canalisations est à l’origine de résidus de chlorure de vinyle monomère qui migrent dans l’eau potable. Après 1980 les procédés de fabrication ont changé, ce qui a mis un terme au problème. Les canalisations posées avant 1980 représentent cependant selon les fabricants environ 50 000 km de conduites, soit près de 5 % du linéaire national, avec de très fortes disparités selon les régions.

Quels sont les risques pour la santé ?

Le chlorure de vinyle monomère est classé dans le groupe 1 (cancérogène certain pour l’homme) par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) depuis 1987. C’est un facteur de risque avéré de l’angiosarcome hépatique, un cancer rare et de très mauvais pronostic. Depuis sa réévaluation par le Circ (2008), le CVM est également mis en cause dans les carcinomes hépatocellulaires, la forme la plus fréquente de cancer du foie, dont les facteurs de risques prédominants sont la cirrhose et les infections par les virus hépatiques.

Quelles sont les différentes sources d’exposition ?

L’exposition professionnelle au CVM a quasiment disparu en France depuis la fin des années 1970 avec la mise en place d’une réglementation. L’exposition actuelle principale pourrait être la présence de ce composé dans l’eau des réseaux de distribution d’eau potable.

Qui peut être concerné ?

La population alimentée par les conduites susceptibles de relarguer du CVM est estimée à moins de 600 000 habitants, à partir des données actuelles.

Les effets sont-ils déjà visibles ?

Les effets peuvent ne pas être encore visibles compte tenu de la latence longue entre l’exposition et la survenue de ces cancers (10 à 50 ans pour l’angiosarcome hépatique). Une augmentation d’incidence des cancers du foie est actuellement observée, mais demeure incomplètement expliquée.

Actions engagées par le gouvernement

Le paramètre CVM est maintenant intégré dans les contrôles réglementaires et en cas de dépassement de la limite de qualité, des mesures sont mises en place : purges du réseau,  remplacement des conduites incriminées.

Dans le cadre du plan cancer 2009, l’InVS met en place une surveillance épidémiologique ciblée des angiosarcomes hépatiques (environ 15 nouveaux cas attendus en France par an). En fonction du résultat de l’étude de faisabilité, une étude prospective pourrait être mise en place en 2011.

Le ministère chargé de la Santé a créé en 2009 un groupe de travail sur la thématique « CVM dans l’eau destinée à la consommation humaine » au sein de la commission eau potable de l’Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement (Astee), pour permettre une mise en commun des expériences et un échange d’informations.

A noter : dans son avis de 2005, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a évalué à 4,4.10-5 l’excès de risque unitaire de l’angiosarcome hépatique associé à l’ingestion pendant la vie entière d’une eau dont la concentration en CVM est égale à la limite de qualité de 0,5 μg/L1. Cela signifie que, dans une population de 100 000 personnes exposées durant la vie entière au facteur étudié, 4, 4 cancers supplémentaires pourraient théoriquement survenir. Un excès de risque unitaire inférieur à 10-6 est généralement considéré comme acceptable en gestion des risques.

 

 Source : Association Santé Environnement , par Caroline AlbeloraCaroline Alberola

2 réflexions sur « Le CVM : un nouveau poison détecté dans l’eau du robinet »

  1. La plupart des cours d’eau de la France sont relativement pollués.
    La radio activité doit certainement exister dans cette eau .
    L’eau de cuisson et de boisson doit etre donc achetée soit importée en cas de doute dans les eaux de sources.
    La santé reside dans un air sain, une eau naturelle saine, des aliments bio et un espace sans rayonnement dangeureux.
    La santé coute trop chère ces derniers decenis, on doit en croire.

Les commentaires sont fermés.