Comme tous les ans, le Groupe des pays les plus industrialisés s’est réuni, cette fois-ci à Lough Ern, en Irlande du nord. L‘actualité syrienne a naturellement fait partie du menu : la passe d’armes russo-occidentale, aux relents de guerre froide était virulente, à croire que le rideau de fer est toujours d’actualité : comme on pouvait s’y attendre, Vladimir Poutine d’humeur pas très conciliante, s‘est mis en porte à faux avec tous ses partenaires ; l‘allié indéfectible de Damas a fait une mise au point pour signifier notamment son opposition catégorique à tout chantage, préalable aux consultations nécessaires pour la formation d‘un gouvernement de transition ; par opposition, ses homologues tous en chœur ont appelé au départ de Bachar el Assad ; alors que pour le capitaine Bachar l’option de quitter le navire à l’heure où il coule est carrément inenvisageable : elle s’assimilerait à une trahison pure et simple !

Tous ces nababs se sont longuement invectivés sans pour autant faire bouger d’un cheveu la situation ; du coup rien ne laisse présager une fin prochaine des violences, loin s‘en faut ! Pour enfoncer encore plus le clou, le président russe fort de sa suprématie, a fait part de son intention de livrer des armes au régime de Bachar el Assad. Ce qui laisse à penser que ce bras de fer a profité au Russe, lequel peut désormais se prévaloir d’avoir marqué des points à ce sommet, au détriment de tous ses collègues. Seul contre sept ! 

La preuve en est que dans le bla bla de rigueur du communiqué final, la propension à l’ingérence à outrance de certains a fait un sacré flop : après donc s’être tous perdus en conjectures sur la crise syrienne et l’utilisation du gaz sarin, il a été juste question de poursuivre les efforts engagés en faveur de la paix comme de la conférence de Genève 2 prévue à cet effet ; l’Iran, acteur majeur du conflit, sera enfin admis à la table des négociations.  

Le G8, toute une montagne qui avale des millions d’euros sonnants et trébuchants pour nous accoucher, comme à son habitude, d’une petite souris. Même si les dirigeants ont quelque peu fait profil bas devant Poutine, personne pour autant n’a fait siens les sages propos de Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe :« nous ne nous ingérons pas dans les divergences syriennes internes, nous n‘imposons à personne des solutions toutes prêtes, et n‘avons pas l‘intention de régler des comptes géopolitiques sur le sol syrien. Nous prônons pour la Syrie l‘application des principes du droit international concernant le respect de la souveraineté et la non ingérence dans les affaires d’un Etat, le règlement pacifique de litiges ».  

Pire, une fois le Sommet bouclé, chacun a repris son train train habituel,  replaçant son curseur à la position pré-G8, histoire d‘amuser la galerie : les tractations du G8 passées dans les oubliettes, les fervents défenseurs de l’opposition syrienne sont revenus à la charge pour nous resservir  les mêmes discours usés jusqu’à la corde. Au secours le « croissant chiite » est en passe de devenir  « une pleine lune » s’inquiète la bizarre coalition des va-t-en guerre que sont les monarchies, Israël et la Turquie ! Et aux musclés de réactiver leurs manichéennes rhétoriques guerrières malgré les éternelles débâcles qui peuvent les surprendre sur le terrain. Et à la région de passer encore et toujours de Charybde en Scylla…