dans la guerre d’Algérie.

François Mitterrand homme politique par excellence, homme de lettres, homme ambitieux aussi, pour rassembler la gauche si divisée ne faut-il pas aussi de la volonté ? Et pour gagner la présidentielle de 1981 de la persévérance, une double tâche, qui nous montre un homme à multiples facettes qui, comme Charles de Gaulle, auquel il a souvent été comparé, malgré son opposition farouche, anti-gaulliste irréductible passant de la IVème république à la Vème république, bien qu’il s’opposa à la nouvelle Constitution de toute son énergie. Chacun des deux présidents, sans aucune hésitation n’hésitaient pas à dire tout et son contraire, hommes de paradoxes, Charles de Gaulle bradant l’Algérie après avoir clamé haut et fort, «Je vous ai compris», phrase devenue célèbre et prononcée le 04 juin 1958 au forum d’Alger lieu du putsch du 13 mai par le général vêtu de son uniforme, et puis à Mostaganem «vive l’Algérie Française de Dunkerque à Tamanrasset», ainsi que les affiches de propagande insistant sur «10 millions de Français à part entière», Wikipédia .

François Mitterrand une carrière ministérielle exceptionnelle 8 fois ministre dont deux d’État et ayant été au moment de la guerre d’Algérie, ministre de l’intérieur sous la présidence de Pierre Mendès-France, puis ministre Garde des Sceaux ministre d’État sous Guy Mollet ou il fut solidaire de l’envoi du contingent en Algérie le 23 mai 1956. Mais pouvait-il faire autrement dans le contexte de l’époque, les pieds-noirs réclamaient l’armée. Ils étaient plus d’un million représentant plus de 10 % de la population Algérienne. Ce n’est pas une excuse que je lui fais, mais Pierre Mendès-France qui voulait faire l’indépendance de l’Algérie fut balayé par cette république des partis. Élu en 1981 à la présidence de la république sous le slogan «La force tranquille» sa première action après l’augmentation du SMIG et la suppression de la Cour de Sureté de l’État fut celle de l’abolition de la peine de mort qui lui reste collée à la peau comme l’œuvre de sa vie.

On peut se demander pourquoi, lui qui n’hésita pas pendant cette guerre d’Algérie, de donner un avis défavorable au recours en grâce des condamnés à mort du FLN dont les dossiers lui furent soumis. On est en droit de penser qu’il a voulu par cette action se laver des fautes contraires à sa morale d’alors, qui l’a fait, quand il fût ministre de l’intérieur, s’opposer à l’indépendance de l’Algérie, indépendance tant souhaitée par Pierre Mendès-France. En 1954, ses tentatives de muter le gouverneur général Léonard et le directeur de la Mosquée de Paris, puis d’augmenter le SMIG d’Algérie, rencontrent l’hostilité des colons et de l’administration. Le 8 septembre 1954, François Mitterrand apprend qu’il est l’objet d’une enquête de la part des services secrets Français, ainsi débute ce qu’on a appelé l’Affaire des fuites dont il fut blanchi, Wikipédia.

Et puis, la fameuse affaire de l’Observatoire, ou des jardins de l’Observatoire, un attentat qui aurait été mené contre François Mitterrand en 1959 et organisé par lui même ? Cette affaire sera à l’origine d’une controverse politique et juridique, François Mitterrand ayant été suspecté d’avoir lui-même commandité l’attentat dans le but de regagner les faveurs de l’opinion publique ?

Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1959, après avoir pris un verre à la brasserie Lipp, François Mitterrand, décide de rentrer chez lui, rue Guynemer, vers minuit trente. Selon sa version, il suspecte une autre voiture de le suivre, arrête sa 403 au niveau de l’avenue de l’Observatoire, et se réfugie derrière un buisson. Sa voiture est alors criblée de balles. La police enquête, sur la base de la plainte et de son témoignage. Une semaine plus tard, le 21 octobre, le journal Rivarol, journal d’extrême droite, publie un témoignage de Robert Pesquet ancien résistant, ancien député gaulliste, proche de l’extrême droite, qui déclare qu’il est l’auteur de ce qui serait un faux attentat, et qui aurait été commandité par François Mitterrand en personne, dans le but de regagner les faveurs de l’opinion publique ? Sept années plus tard, la loi d’amnistie initiée par le gouvernement de Georges Pompidou en 1966 permet de clore les poursuites. La justice conclut également la plainte initiale de François Mitterrand par un non-lieu. L’amnistie se déroule dans un climat tendu entre François Mitterrand et plusieurs de ses adversaires à droite, notamment Michel Debré, ancien Premier ministre. Persuadé que celui-ci est derrière l’affaire, le jour du vote de sa levée d’immunité, François Mitterrand tente «un coup de bluff» et menace de rendre public des documents qui, selon lui, impliqueraient Michel Debré dans l’attentat au bazooka contre le général Salan en 1957, affaire toute aussi obscure. En fait Mitterrand enterrera l’affaire Debré qui enterrera l’affaire de l’Observatoire, Wikipédia. Cette affaire causa un tord considérable à François Mitterrand, à son image de marque, le doute d’une manipulation ? On n’en ait plus sûr .

Le 05 novembre 1954 devant la tribune de l’Assemblée alors que les premiers conflits éclatent, il clamait, «La rébellion Algérienne ne peut trouver qu’une forme terminale : la guerre», puis «L’Algérie, c’est la France.» Wikipédia. Le 12 novembre 1954, il s’écriait, les départements de l’Algérie sont des départements de la République Française. En trois jours tout a été mis en place. On a dit, «est-ce pour maintenir l’ordre ?». Non, pas seulement. C’est pour affirmer la force Française et marquer notre volonté… L’Algérie c’est la France !

Référence, Politique.net

Et qui d’entre vous, Mesdames et Messieurs, hésiterait à employer tous les moyens pour préserver la France ? Tout sera réuni pour que la force de la nation l’emporte en toute circonstance. C’est vers les leaders, vers les responsables qu’il faudra orienter notre rigoureuse répression, de François Mitterrand et l’Algérie ombres et lumières, février 1996. Il complètera par, «je n’admets pas de négociations avec les ennemis de la Patrie, la seule négociation, c’est la guerre».

Toujours en novembre, le gouvernement annonce une forte augmentation des investissements sociaux en Algérie dans l’agriculture et l’éducation, et entend préparer «l’égalité des citoyens, l’égalité des chances égales à tous ceux, quelle que soit leur origine, qui naissent sur le sol Algérien». François Mitterrand, autorise alors Germaine Tillion, Grand Croix de la légion d’honneur qui combattra la torture en Algérie, à mener une enquête dans la zone d’insurrection, afin, entre autres, de signaler les éventuelles exactions policières.

En accord avec le Pierre Mendès-France, il fusionne la police d’Alger avec celle de Paris. Les décrets du 20 janvier 1955, qui mettent fin à l’autonomie de la police d’Algérie, contribuent à permettre la mutation de deux cents agents soupçonnés d’actes de torture ou de l’avoir encouragée. Parmi eux, le directeur des Renseignements généraux d’Alger. Les députés conservateurs en matière coloniale critiquent fermement cette décision. D’après François Mitterrand, la suppression de ce «système détestable» est à l’origine de la chute du gouvernement Mendès-France, un mois plus tard (lettre à Pierre Mendès-France, 31 août 1959). Le sénateur Henri Borgeaud, porte-parole des pieds-noirs, avait ainsi menacé, «Si vous fusionnez les polices, nous voterons contre votre gouvernement».

Vient ensuite le gouvernement Guy Mollet dont il est Garde des Sceaux. Sur la question Algérienne, il critique fermement (Mitterrand une histoire de Français par Jean Lacouture et Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, chapitre 22, «La torture») la dérive répressive qui suit l’échec de la tentative de libéralisation, en février 1956. Toutefois, c’est lui qui est chargé par le Conseil des ministres, de défendre le projet de loi remettant les pouvoirs spéciaux à l’armée. Il donne forcément son aval, en tant que Garde des Sceaux, aux nombreuses sentences de mort prononcées par les tribunaux d’Alger contre des militants de la lutte pour l’indépendance, notamment Fernand Yveton, membre du Parti Communiste Algérien, PCA, guillotiné à Alger le 11 février 1957. Jean Lacouture écrit s’agissant de François Mitterrand, «ma querelle à son égard est moins celle du cynisme que celle de l’Algérie, je ne lui pardonnerai jamais d’avoir été le ministre de la Justice qui a laissé guillotiner Fernand Yvetot et tant d’autres, et sa lâcheté de s’être défaussé sur les militaires pour faire «le sale boulot».

L’accès au registre des grâces permet de mettre à jour, après des dérogations auprès de la Direction des Archives de France, que le 17 mars 1956 sous la signature de quatre ministres, dont François Mitterrand, les lois publiées au Journal officiel, qui sont les lois 56-228 et 56-229 qui permettent de condamner à mort des membres du FLN qui sont pris les armes à la main. Mitterrand accepte bien qu’avocat d’endosser ce terrible texte, 

«en Algérie, les autorités compétentes pourront ….ordonner la traduction directe, sans instruction préalable, devant un tribunal permanent des forces armées des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens ….si ces infractions sont susceptibles d’entraîner la peine capitale lorsqu’elles auront été commises». Du coup, le nombre des condamnations à mort va s’envoler. Il y en aura plus de 1 500 durant les «évènements». Car il ne s’agit pas d’une guerre et on ne reconnaît pas le statut de combattant aux militants du FLN. Ils sont jugés comme des criminels. Mais, à Alger, en ce printemps de 1956, on ne se contente plus de mots. Et le 19 juin, les deux premiers «rebelles» sont conduits à l’échafaud.

Pierre Nicolaï, Directeur du cabinet de François Mitterrand, témoigne aujourd’hui, écrit Sylvie Thénault historienne interrogée dans le cadre de sa thèse, que la décision d’exécuter a été une «décision politique» et qu’il lui fut demandé de choisir parmi les dossiers de recours en grâce un «type mêlant crapulerie et politique», «un type particulièrement épouvantable» pour «inaugurer la série des exécutions» sans déclencher trop de polémiques. Le premier condamné, Abdelkader Ferradj, 35 ans, est un goumier déserteur qui a participé, au sein du commando Ali Khodja, à l’embuscade dressée contre un car de tourisme et deux voitures particulières le 25 février 1956. Six Européens seront tués, dont une petite fille de 7 ans, Françoise Challe. Pour le «politique», difficile de fournir martyr plus idéal à la révolution Algérienne que Mohamed Ben Zabana. Cet ouvrier soudeur de 30 ans est un vieux routier des geôles Françaises, dans lesquelles il a passé trois années entre 1950 et 1953 pour ses activités nationalistes, extraits des guillotinés de Mitterrand.

Sur 45 dossiers d’exécutés lors de son passage Place Vendôme, François Mitterrand ne donne que sept avis favorables à la grâce, six autres avis étant manquants. A titre de comparaison, Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, qui passait pour un homme très dur, a été plus clément, sur 27 de ces exécutions, il a émis 11 avis favorables au recours en grâce, les 7 autres avis ne figurant pas dans les dossiers.

Paroles de Jacques Attali, Mitterrand avait «légalisé» la torture, canoë.fr, 07/05/2001. C’est François Mitterrand qui en 1956 a créé les conditions légales de la torture en Algérie.

«Mitterrand considérait lui-même que c’était la seule erreur de sa vie», a précisé Attali, interrogé par Karl Zéro lors du Vrai Journal de Canal +, dimanche. Une erreur dont l’évocation, entre autres équivoques politiques du disparu, va quelque peu ternir les commémorations de sa première élection à la présidence de la République, le 10 mai 1981. François Mitterrand, ministre de la Justice en 1956-57 dans le gouvernement de Guy Mollet, était à cette époque «pour l’Algérie Française», a rappelé Attali.

Chacune de ces exécutions va pourtant peser très lourd. Car le FLN a prévenu, si des condamnés à mort sont guillotinés, il y aura des représailles. Dans «Le temps des léopards», deuxième des quatre tomes qui constituent «La guerre d’Algérie», bible sur cette période, Yves Courrière retrace ainsi la vengeance du FLN et les ordres donnés à ses différents chefs, «Descendez n’importe quel Européen de 18 à 54 ans, pas de femmes, pas de vieux». En dix jours, 43 Européens vont être tués ou blessés par les commandos du FLN. L’escalade est immédiate, bombes des ultras européens contre un bain maure rue de Thèbes qui tuera 70 musulmans, mais qui ne donnera lieu à aucune poursuite, bombes et assassinats du FLN, exécutions capitales à Oran, Constantine, Alger.

La guillotine s’emballe .

Mais François Mitterrand tient bon. Pourtant, dès le 22 mai 1956, Pierre Mendès France, en désaccord avec la politique Algérienne de Guy Mollet, a démissionné du gouvernement, Alain Savary claque la porte le 22 octobre, au lendemain du détournement de l’avion qui transporte Ben Bella et quatre autres leaders du FLN de Rabat à Tunis. Le 7 janvier 1957, un autre pas est franchi par le gouvernement auquel appartient François Mitterrand, il donne tous pouvoirs au général Massu et à sa 10ème division parachutiste pour briser le FLN d’Alger. Les militaires gagneront la «bataille d’Alger», mais on sait à quel prix, torture systématique et plus de 3 000 exécutions sommaires, les guillotinés de François Mitterrrand . La guillotine, elle, s’emballe, «Chiffre jamais atteint jusqu’ici, 16 exécutions capitales ont eu lieu en Algérie du 3 au 12 février», écrit France-Observateur.

François Mitterrand était sous la responsabilité de Guy Mollet président du Conseil, la responsabilité est donc collective ce qui, ne retire rien à celle de Mitterrand qui, il faut bien l’écrire, ces faits marquent sa conscience d’une tâche impardonnable même s’il fît abolir la peine de mort comme une excuse à ces guillotinés d’État. Une tâche noire à la France que beaucoup ignoraient et dont le seul président de la république de gauche de la Vème, aujourd’hui, a été un des responsables. Mais, il faut aussi relativiser, faire porter le chapeau à un seul homme fut-ce François Mitterrand est injuste, les pieds-noirs et la droite de l’époque voulaient la répression et écraser le FLN. Cela fait maintenant plus de 50 années, nous jugeons cela différemment, ce qui provoque notre indignation, mais à l’époque, qui s’est révolté outre Pierre Mendès-France et Alain Savary ? François Mitterrand a dû trainer tout le long de sa vie ces guillotinés mêmes s’ils étaient «légaux», quelle honte, comment vivre avec cette pensée qui doit se révéler à chaque instant à sa conscience. Et la question est, a-t-on le droit moral de guillotiner des hommes qui se battent pour l’indépendance de leur terre ? Les Allemands fusillaient nos résistants pendant la période du régime de 1940.

François Mitterrand dans la nostalgie du dernier monarque de Françoise Fressoz, on peut lire François Mitterrand vient se rappeler au bon souvenir des Français, le dixième anniversaire de la mort de l’ancien président de la République, intervenue le 8 janvier 1996, suscite une profusion de témoignages et d’enquêtes d’opinion dont la tonalité générale est positive, un sondage CSA-«Libération, paru en début de semaine va même jusqu’à placer François Mitterrand devant Charles de Gaulle au panthéon des meilleurs présidents de la Vème République.