la France doit être souveraine, pour ne pas dépendre des marchés.

 

Au diner de la presse présidentielle, François Hollande s’est livré à un exercice de style qu’il affectionne devant les journalistes, document Le Monde.fr /Witt /Sipa.

 

Support Wikipedia Il faut reconnaître que depuis le 14 juillet ou il fit un soleil radieux, François Hollande est en grande forme ayant parfaitement intégré ses habits de président de la république au point qu’il s’y voit dedans jusqu’en 2022 ? Devant la presse qui l’invita à un dîner, entre nous, hors caméra et micros, mais pas hors smartphones, il reprit les propos de son entretien du 14 juillet afin que l’on comprenne bien sa vision de la France sur les 10 prochaines années. On ne pourra plus l’accuser de ne pas avoir de vision et de ne proposer que sa fameuse boite à outils. Il attaque, «il faut que l’on invente ce que doit être le projet français face à la Chine» ! Aurait-il déjà des idées ou simplement en cherchait-il qu’il aurait pu développer ? Non, il veut montrer ses ambitions pour que la France ait son mot à dire, c’est à dire qu’elle soit souveraine devant la Chine qui veut devenir l’une des premières puissances au monde ou face à l’Allemagne qui domine l’Europe dans le domaine économique, pour le moment, et encore cela dépend des paramètres que l’on prend. Et de marteler qu’elle ne l’est pas, par ce que dépendante des marchés. En somme, il veut justifier sa politique de réduction des déficits et d’augmentation des impôts que si cela est «nécessaire». En d’autres termes, il lui faut plusieurs entretiens pour faire comprendre sa politique, et briser ainsi les reproches qui lui sont faits. C’est vrai que parmi ces journalistes nombreux sont ceux qui ont des boules Quies.

Pendant trois heures devant près de 100 personnes dans le septième arrondissement à la Maison des polytechniciens qui est un restaurant et d’organisation de séminaires, il fit, sans faire de révélations, une opération de séduction. Une première depuis la fondation de cette Maison en 1928 date à laquelle le président s’appelait Gaston Doumergue. Ce fut donc tout un honneur cette invitation de la presse qui se sentait un peu coupable de ses titres Hollande bashing ou Hollande pépère.

La question qui devait bruler les lèvres des journalistes fut posée par un Allemand. Il lui demanda s’il croyait vraiment que la reprise était là ? Et sans se démonter, il répliqua que «les politiques croient ce qu’ils disent, même si parfois ils se mentent à eux mêmes !». En fait, il y croit malgré qu’il n’y croit pas vu qu’il est le seul à y croire ! «Nous sommes sortis de la crise de l’euro, et maintenant nous sommes sortis de la récession !». Reconnaissant qu’il prend un risque. Oui, mais, il rectifie en admettant que la croissance ne reviendra pas avant 2014 ! En fait, il joue avec le temps, c’est comme pour l’inversion de la courbe du chômage, elle s’inversera à la fin de l’année 2013, mais pas à cause de la croissance. En fait, il s’amuse que personne n’y croit. Peut-il tenir un autre propos ? Non, comment ferait-il pour convaincre la sinistrose des Français s’il ne croyait pas en lui ? Ne faut-il pas que le chef soit à l’avant pour entrainer ses troupes ? Et de clamer, «on ne peut guider le peuple si on lui dit demain ce sera terrible». Finalement le pire est possible comme le meilleur, alors autant clamer le meilleur !

«On a l’impression que nous ne sommes pas un pays dynamique» et de confirmer qu’il faut faire porter l’effort sur l’innovation, l’invention, la production, donc sur l’appareil productif en y associant le volet énergétique, le seul qui permettrait à la foi d’apporter du travail tout en réduisant l’énergie nucléaire, ce qui ferait de la France un pays plus responsable de l’environnement ! Et dire qu’«il faut être solidaire pour être forts !». Pour lui la redistribution ne résout pas tout, et il se pose la question, «est-ce que dans dix ans on sera capable encore d’être ensemble quand tant de forces divisent, séparent, et opposent ?». Il se veut aussi être rassembleur.

Il se sent capable de transformer, modifier, changer le cours des choses, il a pris de l’épaisseur. La guerre au Mali, c’est lui comme le choc de simplification, et il en tire une certaine fierté. Il faut avoir des idées clame-t-il et de citer le général de Gaulle et François Mitterrand. C’est vrai qu’un président doit porter un projet qui donne de l’espoir, c’est la seule façon d’assoir son autorité mais aussi d’entrainer son peuple. Pour cela, il devra vaincre ceux qui ne sont pas de son camp, la tache n’est pas facile, il faudrait que les Français pensent Français, et non pas seulement à leur porte-feuille.

Le chantier de la retraite reste son gros souci, voyant déjà les oppositions de son propre camp. Mais de là à avoir un mouvement social, il n’y croit pas. Chaque fois qu’il y a une rentrée, on dit,

«celle-là va être chaude. Je me méfie des pronostics. On m’avait annoncé un mois de mai qui devait être à la fois celui de la contre-révolution, du 6 février 1934, de 1995 et des émeutes de 2005… Bref, tout y était ! En fait, on a eu un mois de mai animé mais qui n’a pas été la coagulation de tous les mécontentements». Un président qui a confiance en lui !

Modeste il veut le rester, même s’il reconnait qu’une présidence normale paraisse vieillotte, les quatorze mois depuis son élection l’ont donc changés, mais il refuse de basculer dans l’hyper présidence comme son prédécesseur. Il se veut proche des Français même s’il n’est pas leur ami, mauvais sondages à l’appui.

«Je fais en sorte de rester autant que possible moi-même, et en même temps d’être ce que les Français attendent du président». Une chose est sûre, en tous cas, «le quinquennat, ajouté aux nouveaux rythmes de l’information, fait que tout s’est accéléré. On n’est plus à l’époque de François Mitterrand où le président pouvait rester des semaines sans parler jusqu’au moment où le tonnerre de Zeus se faisait sentir, pas le tonnerre de Pépère, hein, de Zeus ou plutôt de Tonton. Je ne sais d’ailleurs pas lequel des deux est le plus sympathique...».

La question que tous se sont posés, c’est la France dans dix ans ? En fait c’est sur son destin qu’elle se pose, mais il ne fait aucun doute que, s’il voit qu’il peut infléchir la France dans ce qu’il souhaite, il n’hésitera à se représenter, pensant déjà qu’il lui faut polariser les Français dès maintenant à cet éventualité !