Alors que la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot-Narquin, jouait à la dinde – son meilleur emploi – hier soir chez ce sarkoziste de Marc-Olivier Fogiel, révélant au public qu'elle n'aimait rien tant, les soirs où elle avait vécu une dure journée, que se remonter le moral en admirant la page 67 du calendrier des Dieux du stade, affichant le membre viril de fort belle dimension d'un de ses modèles rugbymens, appelons la Sarkozie à un peu plus de décence.
Bruno-Pascal Chevalier est malade du SIDA et a décidé, il y a trois mois, pour protester contre les franchises médicales, d'entamer une grève des soins. Il a récemment médiatisé son action en s'adressant au quotidien 20 minutes, qui en profite pour rappeler qu'on compte "7,7 millions de personnes atteintes d’affection longue durée (ALD) en France, comme les malades du diabète, du cancer ou d'une insuffisance rénale" et qu'en plus des 50 euros annuels de ces fameuses franchises, "avec les précédentes franchises mises en place et les traitements qui ne sont pas pris en charge à 100%, une certaine somme reste déjà à la charge des assurés d’atteints d’une ALD, qui peut atteindre 600 euros selon un rapport d'experts paru en septembre dernier". Voici le texte intégral de la lettre qu'il a adressée à Nicolas Sarkozy. "Roselyne" – comme l'appelle cordialement Fogiel -, en recevant lundi cet homme de 45 ans pour lui demander sans succès d'interrompre sa grève, en aurait arrêté de glousser. (Il n'en fut évidemment aucunement question dans l'émission d'hier soir !)
"Monsieur le Président,
Je suis atteint d’une affection longue durée, le SIDA. Par ailleurs, je suis travailleur social et engagé dans diverses associations citoyennes de solidarité.
La mise en place de la mesure de la franchise médicale m’oblige à payer 50 euros par an d’impôt supplémentaire par le seul fait que je sois malade. Après en avoir discuté professionnellement ou dans le cadre de discussions privées avec de nombreuses personnes âgées, invalides, atteintes d’affections de longue durée, j’ai fait le constat que l’ensemble de ces personnes ne peuvent déjà plus faire face à leurs dépenses de santé et sacrifient cette santé en ne se soignant plus ou en repoussant à plus tard voire trop tard des démarches de soins.
Pour la première fois dans l’histoire de la Sécurité Sociale, le principe de solidarité est posé : avec la franchise médicale chacun de nous se sent responsable voir coupable d’être malade, et par cette faute, nous allons devoir payer pour l’accès à ce droit fondamental qu’est celui de la santé.
Lorsque je regarde les feuilles de remboursement de mes médicaments et que je regarde le prix fixé par les laboratoires et accepté par le gouvernement, je me demande si le trou de la sécurité sociale n’est pas lié aux tarifs souvent démesurés appliqués par les laboratoires.
Monsieur le Président, je vous fais part officiellement de ma grève de soins que j’entame aujourd’hui en soutien à toutes les victimes de la mise en place de la franchise médicale.
Je mène cette action en pleine conscience des risques que je prends pour ma santé particulièrement précaire après vingt années de lutte contre la maladie. Sachez que la franchise médicale va pousser silencieusement beaucoup de malades à prendre la même décision que moi au risque de sacrifier leur vie.
J’exige de votre part l’abrogation de cette loi injuste.
Enfin, Monsieur le Président pensez-vous que cette mesure va participer à la relance économique ? ne pensez vous pas que d’autres choix sont possibles pour faire face aux besoins de santé ? Pour ma part j’en suis convaincu et déterminé à aller au bout de ma démarche en vous en tenant responsable.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées."
Bruno-Pascal Chevalier
c’est la preuve-même que les franchises médicales coûteront plus cher qu’elles ne rapportent…
Qui plus est, cette mesure est un impôt -de plus- « maladie »…
N’aurait-il pas fallu, au contraire, augmenter les minima sociaux (à condition de les frapper de charges sociales) de manière à ce que leurs bénéficiaires puissent vivre correctement tout en bénéficiant, le cas échéant, de la CMU ?
Puis, nos politiques n’ont pas encore compris que
1°). plus de chômage font qu’il y a moins de côtisants,
2°). plus d’entreprises obligées de licencier font que l’URSSAF reçoint moins de côtisations sociales patronales et salariales,
d’où un manque à gagner pour la Branche « Maladie » de la Sécurité Sociale.
Par ailleurs, il faudrait que le Gouvernement contraigne les laboratoires pharmaceutiques à baisser les prix de leurs médicaments, sachant qu’on paie également pour l’esthétique de l’emballage de ces produits destinés à la santé !
Pour terminer, la santé ne doit pas être une affaire de gros sous : les malades n’ont pas à être comptables de leur santé, sachant qu’ils n’en n’ont pas les compétences !
Bravo à Olivier Bonnet pour avoir, dans son excellent papier, reproduit la lettre de Bruno-Pascal Chevalier au Président Sarkozy…
Il est à espérer que cet article sera lu par le Président Sarkozy… Il est à espérer que le Chef de l’Etat aura lu la lettre de Bruno-Pascal Chevalier et qu’il changera son fusil d’épaule !
Merci à vous, Dominique.
@ Olivier Bonnet
De rien Olivier… Même si je ne les commente pas tous, je lis toujours vos articles avec énormément de plaisir… et… vote pour eux en leur accordant leur cinq étoiles…
Cependant, votre article, que je continue à commenter, m’a conforté dans mon opposition farouche aux franchises médicales, que je considère toujours comme étant une mesure injuste, inutile et coûteuse. Ce dont vont se rendre compte vos lectrices et vos lecteurs (ainsi que vous-même) en lisant mes deux articles :
– « Les franchises médicales sont-elles justes ou iniques ? » [ Cf. http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=7864 ],
– « A propos du trou de la Sécurité Sociale » [ Cf. http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=9472 ].
1°). Avec ces franchises médicales, comment un patient pourra-t-il se soigner, ce, de manière préventive ?
2°). Avec ces franchises médicales, comment Bruno-Pascal Chevalier pourra-t-il préventivement prendre son traitement destiné à lui éviter de tomber beaucoup plus gravement dans sa maladie ?
3°). Avec ces franchises médicales, comment les patients atteints par une longue maladie (Cancéreux, Cardiaques…), donc pris théoriquement à 100 % par la Sécurité Sociale, pourront-ils continuer à se soigner de façon convenable, ce, de manière à ne pas rechuter dans leur maladie ou à aggraver celles-ci ?
En lisant la lettre de Bruno-Pascal Chevalier, le Président Nicolas Sarkozy devra répondre d’urgence à ces trois questions, tout comme il devra se pencher sur d’autres cas qui pourraient être concernés par ces franchises médicales… Madame Roseline Bachelot, au lieu de se montrer dans l’émission de Marc-olivier Fogiel, devrait également répondre à ces questions…
Il conviendrait que nos Gouvernants et nos Parlementaires se penchent de toute urgence sur les prix des médicaments. En effet, est-il normal que notre Sécurité Sociale paie également pour l’emballage luxueux de ces produits…
Il conviendrait également que nos Gouvernants et nos Parlementaires donnent plus de moyens à la Sécurité Sociale de débusquer les fraudes (et elles sont nombreuses) qui existent dans notre Pays
Nos Gouvernants et nos Parlementaires seraient bien avisés à ne pas enfoncer la France dans la précarité et dans la pauvreté sociales…
Pour conclure, nous n’avons pas à être Comptables de notre Santé : nous ne sommes pas formés pour cela ! Si nous sommes malades, nous avons vocation à écouter notre médecin et à nous soigner conformément à notre état de santé…
@ Olivier Bonnet
En guise de PS, Olivier Bonnet, je trouve dommage que votre papier ne soit pas plus commenté et ne soit pas plus argumenté…
Pourtant, vous avez su bien remettre en question ces franchises santé en disant pourquoi elles n’étaient pas fondées !
Mise à jour
Notre ami Christian Lehmann, que L’Humanité présente avec justesse comme une « figure de la mobilisation, ces derniers mois, contre les franchises médicales » – il est l’un des initiateurs de L’appel contre la franchise -, nous signale avoir réagi dans les colonnes de ce quotidien à la grève des soins de Bruno-Pascal Chevalier. Voici le texte de sa pertinente intervention.
«Quand on est malade, on doit déjà lutter contre la maladie, chaque jour, pied à pied. Quand, en plus, on fait une analyse politique, comme a fait ce patient, montrant que, en tant que malade, on est pointé du doigt par ceux qui ont tout, la puissance, l’argent et la gloire, comme étant responsables de situations financières difficiles de la nation, alors que, nous le savons, c’est de la répartition des richesses qu’il faudrait parler, et que ce n’est pas le pauvre malade qui est responsable du trou de la Sécu mais l’insuffisance de cotisations des revenus de l’argent… Cette action de grève des soins est une forme de désespoir de la politique, et de désespoir de la solidarité. Tenir quand on est malade, c’est très difficile. Au moins peut-on encore se dire qu’on fait partie de la communauté des vivants, et que les autres nous regardent, au moins avec une neutralité bienveillante, peut-être avec empathie. Là, on est devant une mesure qui, politiquement, si elle a un sens, veut dire qu’une partie de la population, en bonne santé, considère que ceux qui sont malades, quelque part, exagèrent, fraudent, abusent. Il y a donc un effet de désespérance devant ce qui est considéré par ce patient comme un abandon de la solidarité. Je ne veux pas cautionner son action, sa mise en danger. Il n’y a, hélas ! rien d’étonnant dans ce type d’initiative. J’ai reçu moi-même des lettres nombreuses de patients qui avaient des pathologies lourdes, d’hypertension ou de diabète, par exemple, et qui vivaient les franchises comme une véritable stigmatisation». Et le médecin de confier avoir «entendu beaucoup de gens évoquer la fin de vie» lors du débat sur les franchises. Se rendant compte «qu’on mettait en cause la nécessaire solidarité sur des soins lourds pour les patients atteints de pathologies sévères», ils en venaient à penser au pire, analyse-t-il, évoquant une sorte «d’eugénisme financier».
Le passage en force des franchises, en dépit d’une opposition majoritaire dans le pays, n’a, on le voit, en rien émoussé la combativité de Christian Lehmann. Outre l’état de faiblesse de la gauche, mis à profit par Sarkozy pour porter ce mauvais coup comme tous les autres, il incrimine la «vraie chape de plomb» que fait peser le système médiatique, et une incapacité, dans ces conditions, de «décrypter le mensonge sarkozyste». Allusion à la série d’arguments différents avancés pour justifier cette mesure (combler le déficit de la Sécu, financer la lutte contre la maladie d’Alzheimer, etc.). C’est pourquoi, même s’il constate chez les gens un début de «prise de conscience» après une période d’atonie, le médecin-écrivain juge prioritaire de «faire un travail de déconstruction du discours du mensonge».
Propos recueillis par Yves Housson
Il est à espérer que Christian Lehmann soit également entendu dans son appel contre les franchises médicales…
Suite a cette franchise le president devrai avoir le courage d’accepter l’euthanasie lui qui prone la clarte nous constatons son hypocrisie
@ Olivier Bonnet
Olivier Bonnet, il y a eu une suite à la lettre que Bruno-Pascal Chevalier a envoyée au Chef de l’Etat.
En effet, le Président Sarkozy lui a répondu dans une lettre du 14 janvier 2008.
En faisant référence à votre papier, j’en parle dans mon article : « Où il est de nouveau question des franchises médicales » [ Cf. http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=11358 ].
Je vous en souhaite bonne lecture.
Il va falloir remettre les dispensaires médicaux en fonctionnement , pour la médecine basique, ceux que la droite a fait fermer !!!
@ VAUTIER
Mon Cher VAUTIER, en attendant que votre proposition voit enfin le jour, il faudrait que vous veniez lire mon article : « Où il est de nouveau question des franchises médicales » [ Cf. http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=11358 ], qui vient d’être publié.
Ce communiqué – AFP – Lundi 18 février, 19h32 – m’a été envoyé par Bruno Pascal Chevalier
« Nicolas Sarkozy consulte avant les réformes du système de santé »
http://fr.news.yahoo.com/afp/20080218/thl-social-sante-medecins-gouvernement-s-96993ab_1.html
AFP – Lundi 18 février, 19h32
« PARIS (AFP) – Nicolas Sarkozy a reçu lundi les dirigeants de la Mutualité française puis ceux de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) pour des consultations avant les réformes annoncées de l’organisation et du financement du système de santé.
Le président a évoqué avec la Mutualité française ses « grands chantiers (…) en matière d’assurance maladie pour garantir l’accès aux soins de tous les Français, mettre en place les agences régionales de santé, réformer l’hôpital et ramener durablement à l’équilibre l’assurance maladie », a rapporté son porte-parole David Martinon.
« Le but de cette réunion était de faire un tour d’horizon des problèmes qui affectent le système de santé », a commenté après la réunion le président de la Mutualité Jean-Pierre Davant.
Le chef de l’Etat a également reçu dans l’après-midi la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).
La CSMF a pour sa part salué la volonté du chef de l’Etat de « faire une vraie réforme du système de santé, incluant l’hôpital et le financement des dépenses de santé » a déclaré à l’AFP son président Michel Chassang après la rencontre.
« Le président de la République nous a confirmé que les caisses de l’assurance maladie étaient vides et que donc une réforme de l’organisation du système de soins, y compris de l’hôpital naturellement, était indispensable. Et de même une réforme du financement de l’assurance maladie », a-t-il dit devant la presse en sortant.
Un projet de loi sur la réforme de l’organisation du système de santé et un autre sur son financement doivent être présentés au Parlement d’ici l’automne, selon le calendrier adopté par le gouvernement et les partenaires sociaux.
Selon M. Chassang, Nicolas Sarkozy lui a assuré que la réforme aurait lieu « en septembre vraisemblablement, à l’automne en tous cas ».
Sur l’hôpital, M. Sarkozy a dit son intention de réformer la carte hospitalière et l’organisation interne des hôpitaux, ainsi que sa volonté de modifier la place des médecins libéraux à l’hôpital, a précisé M. Chassang à l’AFP.
Concernant le financement des dépenses de santé, il aurait fait part de sa volonté de réformer la prise en charge des affections longue durée (ALD), et de « distinguer ce qui relève de la solidarité de ce qui relève de l’assurance ».
Une réforme du dispositif de prise en charge à 100% des ALD, qui concerne près de 8 millions de personnes et 60% des remboursements de la « Sécu », a été recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) fin 2007.
« Le Président nous a reproché les difficultés à remplir les tableaux de garde dans certains secteurs et notre frilosité sur les mesures désincitatives dans les zones excédentaires, qui lui paraissent incontournables », a ajouté M. Chassang.
Les syndicats de médecins libéraux s’opposent à toute pénalisation des médecins souhaitant s’installer dans une zone « surdotée » en médecins, alors que certaines régions sont de vrais déserts médicaux.
Le chef de l’Etat a également indiqué que la piste de la création d’un « secteur optionnel lui semblait intéressante » pour éviter les dérives en matière de dépassements d’honoraires. »
@ Olivier Bonnet
Voici, en réponse à l’article paru sur l’AFP (Cf. mon précédent commentaire), ce que répond Bruno Pascal Chevalier, en date du 19-02-2008 sur le site « Grève des Soins » : http://grevedesoins.fr/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=1&Itemid=27
COMMUNIQUE DE PRESSE
« Selon M. Chassang, Président de la CSMF, reçu lundi par Nicolas Sarkozy, celui-ci aurait évoqué sa volonté, en ce qui concerne les Affections de longue Durée (ALD), de « distinguer ce qui relève de la solidarité de ce qui relève de l’assurance ».
Cette nouvelle mise en cause du principe de sécurité sociale solidaire est, au même titre que les franchises sur les soins pour « responsabiliser les malades », au même titre que le 5ème risque qui place la dépendance liée à l’âge dans la catégorie des « risques assurables » selon les termes même de Nicolas Sarkozy, une dérive dangereuse vers la marchandisation de la santé et le glissement vers la privatisation.
Comment M. Sarkozy entend-il définir « ce qui relève de la solidarité » et « ce qui relève de l’assurance » ? Sur quels critères ? La gravité de la maladie ? La durée ? Le taux d’invalidité ? la situation financière du malade ? Les tests génétiques peut-être… ?
Encore une fois, Nicolas Sarkozy nous fait la démonstration claire que, pour justifier un projet injustifiable et inacceptable, il s’appuie sur des propositions injustes, dangereuses, qui sont une insulte, d’une rare violence, à tous les malades. Après le racket des malades avec les franchises, l’attaque contre le système solidaire est cette fois-ci frontale. La maladie « qui relève de l’assurance » c’est le basculement vers le système du « chacun pour soi ».
Encore une fois il nous prouve, s’il en était besoin, sa méconnaissance du sujet, son indifférence aux personnes concernées, son obstination qui fait fi de toutes les limites, à commencer par celles de la décence.
Bruno Pascal Chevalier