la City de Londres ne dément pas le tapis rouge de David Cameron.

 

J’avais partiellement traduit le 11 juillet 2012 un article du Financial Times qui s’intitulait Franc ready to jump ship. Et cet appel à l’évasion fiscale ne se dément pas, Bernard Arnaud est présent pour le rappeler, voir Les casse-toi « pauv ou riche » con ne sont pas des insultes, mais c’est un entrepreneur. Il est donc bon de rapporter le propos de François Hollande à son grand meeting du Bourget sur la finance, tant décrié par ceux-là même qui considèrent qu’il n’aime pas la finance.

 

«Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance».

 

Cette phrase montre combien il avait raison. En fait, il ne voyait pas la finance comme un fléau car on n’a besoin des financiers mais pas de ceux sans foi ni lois et de plus sans patrie. Il est aisé pour ces financiers de justifier, par ce propos, leur évasion fiscale, quelle hypocrisie. Alors, ils s’en vont rejoindre la City de Londres par ce qu’ils prétendent ne pas être aimés. Mais comment les aimer, on sait bien qu’ils ont toujours fait du yoyo entre la France et les paradis fiscaux. Ils sont Français par périodes en fonction des gouvernements. Quand c’est à droite soi-disant ils reviennent et se font tout autant squeezer que lorsque c’est à gauche. La droite après avoir purger les pauvres, n’a plus qu’eux pour financer la gestion du pays, il faut bien de l’argent, et elle ne peut le prendre que chez eux. Peut-on aimer ces gens là, non ! Ce sont les hausses d’impôts qui les feraient fuir vers la City selon Le Temps de la finance du 26 août 2012. Mais bien sûr la City, le paradis de la fraude financière à l’échelle mondiale.

 

Connaissez-vous le Liborgate, le dernier scandale qui secoue la City. Le Libor un acronyme, pour ne pas comprendre ce que cela signifie, mais il suffit de se pencher dessus. Il exprime le «London Interbank Offered Rate», soit le «taux interbancaire offert à Londres».

 

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Le quartier des finances, dit «la City», à Londres, Alastair Grant/AP/SIPA, document Le nouvel Observateur économie.

 

Le Libor est donc le taux avec lequel les banques se prêtent mutuellement de l’argent, et elles ne vont pas se faire mal. Ce taux varie chaque jour en fonction de l’offre et des capitaux à court terme. C’est grâce à ce marché de l’argent au jour le jour que les établissements bancaires qui ont des problèmes de liquidité peuvent se refinancer auprès des établissements disposant, eux, de surplus. C’est donc un taux stratégique, il met en œuvre des milliards de crédit, on parle de plus de 20 milliards de dollars. Le scandale du Liborgate porte sur une vingtaine de banques londoniennes. Elles se réunissent pour fixer le taux auquel elles s’échangent des capitaux, et la moyenne de ces taux donne le fixing qui est ensuite enregistré par l’Agence Reuters, il sert de taux du jour pour le monde entier. Le Liborgate est une manipulation de ce taux. Des taux élevés supposent un besoin de capitaux, des taux bas postulent que les dites banques disposent de réserves substantielles. Il est maintenant établi qu’une quinzaine d’établissements ont manipulé ces taux interbancaires de 2000 à 2009. La banque Barclays est au cœur de ce scandale puisque son président Marcus Aguis a démissionné. Si, pour l’instant, une seule banque est condamnée, le soupçon pèse sur l’ensemble des établissements financiers, et les banques Françaises ne sont pas épargnées. «Ce scandale éclabousse potentiellement toutes les banques qui ont participé à la fixation du Libor en dollars de 2005 à 2009». La Barclays a obtenu des autorités de régulation Britannique et Américaine l’extinction des poursuites moyennant une amende de 450 millions de dollars, mais l’affaire n’est pas terminée.

 

Pour ceux qui partent, c’est la situation de l’impôt qui le veut, Londres récompenserait mieux le travail et l’esprit d’entreprise ? C’est eux qui le prétendent, nuance. Par contre quand ils sont malades, ils reviennent en France se faire soigner. Il est bien connu que les Français sont mauvais, ils ne veulent pas travailler. «Ce qui irrite cet expatrié c’est qu’en France aujourd’hui, c’est la manière dont le goût du travail, de l’effort, a été complètement perdu». Je n’ai jamais vu un trader suer devant ses ordinateurs. Or Londres donne plusieurs sons de cloche. Comme le pays est en récession, le premier ministre Nick Clegg a proposé mercredi 29/08/12 de taxer davantage le patrimoine des riches. «Si nous voulons rester une société unie et prospère, les gens considérablement riches doivent verser une contribution supplémentaire», déclara-t-il dans un entretien au Guardian. Nick Clegg, est le chef des libéraux-démocrates, parti centriste allié des «tories» au sein du gouvernement de David Cameron. Il faut savoir que le taux d’imposition maximal en Angleterre est bien plus élevé qu’en France puisqu’il est de 50 % sur les revenus.

 

La banque bien Française, la Société Générale étudierait le transfert d’une partie de ses traders à Londres. Mais d’autres banquiers spécialisés dans les fusions-acquisitions sont aussi sur les rangs. En fait, on assisterait à des départs important selon Le Temps. Les Anglais jouent sur du velours, après avoir licencié des dizaine de milliers d’emplois dans la finance, ils en récupèrent avec ceux qui viennent d’ailleurs, et qui ne leur coutent rien, mais qui rapportent, bravo les Anglais ! La City un paradis fiscal et David Cameron ne s’en prive pas pour le montrer.

 

«Jusqu’à l’an dernier, un étranger ne pouvait obtenir un titre de résident permanent, et les avantages fiscaux qui vont avec pour ses revenus hors Royaume-Uni, qu’au bout de 5 ans. Depuis avril 2011, cette contrainte n’est plus réservé qu’à ceux incapables d’amener plus d’un million de livres sterlings, 1,24 million d’euros. Ceux qui arrivent avec 3 millions bénéficieront du statut en 3 ans, et à 10 millions et plus il ne faudra plus que 2 ans ! Les entreprises ne sont pas oubliées avec la volonté du gouvernement de ramener le taux d’imposition sur les bénéfices de 28 % actuellement à 24 % en 2014», du blog de David Chavagneux.

 

Et si on mettait les banquiers en prison ? Ce n’est pas moi qui l’écrit mais Favilla qui n’est qu’un pseudo dans les Echos.fr du 17/07/2012.

 

«Si un citoyen lambda déclarait que les banquiers qui profitent de leur position de force pour influencer à leur profit les taux d’intérêt devaient aller en prison, on dirait que c’est une blague de comptoir. Si c’était un homme politique qui tenait ces propos, on dirait que c’est un incompétent ou un émule de M. Mélenchon. Si c’était un ministre des Finances, on dirait qu’il s’agit sûrement d’un Grec ou d’un Espagnol. Mais s’il s’agit du secrétaire au Trésor de la Grande-Bretagne, le temple de la finance mondiale, on se dit que l’on a mal entendu». Favila est l’un des journalistes les plus lus des Échos.fr et pourtant, il n’existe pas si on le cherche.

 

Il faut donc énergiquement sévir, et tant que cela ne sera pas fait, ces banquiers peu scrupuleux et soutenus par les conservateurs du monde entier profiteront des paradis qui leurs sont offerts. Bien sûr les conservateurs manipulent cet argument de l’évasion fiscale pour clamer voyez, «ils partent et nous n’avons plus de moyens de financement». Depuis le temps qu’ils font du yoyo la France est toujours présente, et elle en verra d’autres. Car, il ne faut surtout pas croire que lorsqu’ils sont en France ils arrêtent de placer leur argent dans ces paradis fiscaux, il n’y a que les imbéciles qui le croient.