Alors que la France envisage de rétablir le contrôle aux frontières pour mieux contrer les mouvements de clandestins venus de Tunisie, l’idée d’une Europe sans frontières pourrait souffrir d’une remise en cause des accords de Schengen.

En vertu de ces accords fondamentaux pour la construction européenne, les contrôles aux frontières communes des États membres sont supprimés et les politiques de délivrance de visa sont harmonisées.

Au centre de la polémique actuelle, l’Italie est critiquée pour être trop permissive à l’égard de quelques 20 000 clandestins arrivés sur ses côtes depuis janvier et qui transitent par son territoire pour ensuite gagner le reste de l’Europe, essentiellement la France.

Désireuse de les voir quitter son territoire le plus rapidement possible, elle invoque un "tsunami humain" afin de délivrer, un peu trop légèrement, les précieux permis de séjour de six mois donnant le droit de franchir librement les frontières des États membres.

Pour l’instant, la France a simplement augmenté les effectifs policiers à la frontière avec l’Italie. Mais le rétablissement des contrôles de papiers à la frontière est envisagé, ce qui représenterait une suspension des accords de Schengen.

Très symbolique, la mesure n’aurait cependant rien d’illégal puisque la suspension des accords de Schengen est  possible dès lors qu’une "menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure" existe.

Les tensions entre la France et l’Italie portent en toile de fond l’épineux dossier industriel. L’Italie reproche en effet à la France son offensive constante sur différentes fiertés italiennes : Alitalia intégré dans le groupe Air France-KLM en 2009, Bulgari détenu majoritairement par LVMH depuis mars 2011, rachat progressif du laitier Parmalat par le français Lactalis.