Jusqu’ici, il était quasiment impossible pour l’africain lambda de penser un temps soit peu, que l’argent qui est déjà suffisamment rarissime sur son continent,  puisse quitter l’Afrique,  à destination  de la France ; et plus loin de l’Elysée ! D’ailleurs, nous savons tous que les guichets western union et moneygram sur le continent africain ne sont en réalité que des points de retrait d’argent, et ceux de la France, les guichets d’envoi. Nous dire aujourd’hui que des dirigeants africains ont envoyé des mallettes d’argent aux autorités françaises pour le financement de leur campagne électorale sonne à nos oreilles comme une blague de très mauvais goût !

Beaucoup d’africains savent et disent tous les jours que les puissances coloniales sont la cause de leur malheur. Cependant, ils n’avaient jamais localisé le mal de ce côté-là. Jusqu’ici, on savait que si le continent africain traine à se développer en dépit de ses nombreuses ressources, c’est parce que celles – ci sont  mal exploités, et surtout par les anciens colons. Egalement, on savait aussi bien que plusieurs dictateurs africains étaient soutenus et maintenus au pouvoir grâce au soutien de la France. Seulement, il a fallu attendre cette semaine pour qu’un avocat français, conseiller officieux – dit – on –  de Nicolas Sarkozy  lâche cette bombe qui risquerait dans les tous prochains jours de ternir d’avantage l’image d’une France déjà très mal vue sur le continent africain.

En effet, Robert Bourgi, conseiller officieux pour l’Afrique du président français Nicolas Sarkozy,  a affirmé cette semaine  à l’hebdomadaire  français « Journal Du Dimanche » avoir "participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris". Aussi, celui qui se présente volontiers comme le successeur de Jacques Foccart indique avoir également remis des fonds occultes à Dominique de Villepin. Quant à la provenance de ces mallettes d’argent, Maître Bourgi a été plus qu’explicite : "Par mon intermédiaire, et dans son bureau, cinq chefs d’état africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002". Toujours au rang de ces « généreux » présidents africains, Robert Bourgi parle de l’ancien président Zaïrois (actuelle république démocratique du Congo) : "Je me souviens de la première remise de fonds en présence de Villepin. L’argent venait du maréchal Mobutu, président du Zaïre ; C’était en 1995. Il m’avait confié 10 millions de francs que Jacques Foccart est allé remettre à Chirac".

Il est vrai que toutes ces personnalités indexés tant du côté africain que français clament haut et fort leur innocence et disent remettre le problème aux mains de  la justice. Seulement, s’il est vraiment établi que des leaders d’une Afrique meurtrie par la misère et la pauvreté ont envoyé des fonds à un pays comme la France, cela constituerait un crime impardonnable pour ces présidents. Il faut tout de même reconnaître qu’il est fort probable que cela se soit passé, en ce sens que ces présidents africains cités ne sont pas forcement des exemples de démocratie sur le continent. Et ces mallettes d’argent, constituaient à l’époque pour eux le prix à payer pour s’éterniser à la tête de leur « royaume ». Il nous semble aussi que Maître Bourgi ait certainement oublié d’autres noms parmi ces « bailleurs de fonds africains » des présidents français !