Comme l’a résumé Colomba Marchetti sur Twitter, « l’UMP est en train de devenir l’Union pour Marine Présidente… (…) ne pas faire le jeu de l’autre ». Tout est envisageable, surtout si Fillon, sachant la commission des recours verrouillée par Copé, saisit la justice et prend la tête d’un groupe parlementaire distinct à l’Assemblée (et qu’un autre le représente au Sénat). Dans ce cas, l’UDI de Borloo risque de se retrouver fort fragilisée.
Que ce soit Fillon avec 26 voix – le plus vraisemblable – ou Copé avec 98, peu importe : c’est la ligne Peltier et la motion La Droite forte qui l’ont emporté à l’UMP.
Cela, prétexte du maintien dans la zone euro ou non, ne fait pas déjà forcément le jeu du Front national réel, non pas celui de ses militants, mais de son appareil.
Qu’importent vraiment des militantes ou militants ?
Ce qui compte au final réellement, ce sont les électrices ou les électeurs, et le personnel politique, doté de fonds suffisants pour orienter l’opinion – ce que ne fournissent pas les cotisations des adhérents – susceptible de les attirer à soi.
Le Front national a fait savoir que les adhésions affluaient.
Cela reste à établir. L’UDI de Borloo a laissé entendre la même chose. Cela se vérifiera ou non. Mais avec les seules adhésions, on ne loue pas des salles, ou peu, on n’éponge pas des notes de frais copieuses, on n’imprime pas affiches, tracts et bulletins.
Où ira la manne ?
Au fait, à qui désormais le patron du Figaro va-t-il prêter son jet privé ? Vers qui vont se tourner les puissants appuis et donateurs ? Vont-ils partager en trois ou quatre leur manne (au profit de la bande à Fillon, de la clique à Copé, du clan de Marine… sans oublier d’en laisser un peu pour Harlem Désir) ? Si Dord jette l’éponge de trésorier de l’UMP, quelle régie publicitaire va donc choisir son successeur ? Qui va récolter de pleines pages dans des « publications amies », parfois réservées aux seuls élus, ou vendues uniquement sur abonnement renouvelé automatiquement d’une année sur l’autre ? Vers qui va donc pouvoir se tourner Christine Boutin et son pseudo Parti chrétien-démocrate pour sa pitance ? Les Indépendants et Paysans sont à l’UDI, mais pour le CPNT (Chasse, pêche, nature et traditions), qui a chaudement félicité Copé, s’est déclaré « aux côtés de l’UMP » pour améliorer l’avenir de la ruralité, faudra-t-il faire machine arrière ?
Vers qui va donc se tourner ce qui reste de la République solidaire d’un certain Dominique de Villepin ? Leque avait apporté son soutien à Copé, « ami de longue date » (car capable d’évincer Sarkozy) avec ces fortes paroles : « Jean-François Copé ne mènera pas la même politique à la tête de l’UMP » que ce qu’il a exprimé tout au long de sa campagne pour dégager Fillon. Vous l’avez entendu très fort, de Villepin, ces dernières vingt-quatre heures ?
L’essentiel reste que, avec Dord restant ou non trésorier de l’UMP, ce parti est doublement fragilisé : dotation d’argent public en forte baisse, emprunt pour son siège luxueux lourd à rembourser… et menace de voir des groupes parlementaires distincts le représenter dans les deux chambres, lesquels seront peu enclins à faire pot commun.
Et pour le coup d’après ?
Le CSA, pour BFM TV, a balancé un sondage sur l’élection présidentielle de 2017. C’est tout frais. Côté sympathisants UMP, c’est bien sûr Sarkozy, mais suivi de Fillon (24 %) et de Copé (un très maigre 15 %). Pour l’ensemble des Français, Fillon devancerait Sarkozy, et Copé se ramasse avec un étique 9 %. Cela porte sur 808 personnes, autant dire que la fiabilité n’est guère au rendez-vous. N’empêche. Fillon serait-il capable de phagocyter Borloo ?
On l’a vu lors des dernières présidentielles : le Modem de Bayrou a fait une campagne plutôt active, du fait de l’implication de ses troupes, qui ont fait preuve d’une belle énergie, d’initiatives. Le résultat est celui que l’on sait, idem pour le Front de Gauche.
Le charisme de Marine Le Pen n’a lui non plus pas suffi. Et François Hollande, fort d’un appareil qui restait crédible, l’a emporté.
C’est pourquoi il faut craindre pour l’UDI qu’elle ne bénéficie guère du virage à droite de l’UMP de Jean-François Copé. Si le centre-droit devait se recomposer, Borloo risque de se faire éclipser par un Fillon disposant de plus nombreux relais locaux. Qui Borloo peut-il aligner ? Rama Yade ? Jean-Marie Bockel ? Un André Santini et de vieux sénateurs peu connus du public ? Des adjointes et conseillères municipales, des conseillers généraux, quelques anciens ministres usés et déstabilisés tel Hervé de Charette, de rares bons techniciens du travail parlementaire, tel Charles de Courson…
Les caciques issus de l’UMP se rallient-ils en masse ? Borloo se voit entouré à en être étouffé. Ils ne se rallient pas ? Au moment d’affronter les urnes, leur poids, leurs réseaux, leurs promesses de ménager des postes à qui saura déserter l’UDI, ouvertement ou de fait, en feront des concurrents redoutables.
Quant au FN, il n’est pas sûr du tout qu’on le préférera du seul fait qu’il détiendrait la légitimité et la copie originale. Sur une ligne, au moins langagière, de la Droite forte, majoritaire, l’UMP de Copé peut surenchérir et se crédibiliser. Dans le coup de menton mussolinien, Copé peut exceller autant que Marine Le Pen.
De fait, sur l’instant, la fracture de l’UMP semble bénéficier tant au FN qu’à l’UDI. Et dans trois ou six mois ?
Fillon maintient ses troupes dans une UMP-bis ? Il risque de remporter des primaires que Copé rechignera peut-être à organiser s’il sent que la victoire pourrait lui échapper, sauf, évidemment, à récidiver.
Yves Jégo (UDI) annonce 3 000 nouveaux adhérents en quelques jours. Mais quelles sont ses véritables « prises » ? Pierre Méhaignerie ? Un transfuge du CDS qui peut de nouveau retourner sa veste ? Lequel déclarait « Jean-François Copé aura sûrement l’intelligence politique de l’ouverture » ?
Et quelles sont donc les « prises » du Front national ? Pour rallier des personnalités, il faut leur concéder des places de choix dans l’appareil, leur faire miroiter des investitures crédibles.
Prudent revirement
Ce matin, Le Midi Libre et L’Est Éclair ont titré sur « la chienlit » à l’UMP, le Courrier Picard barre sa une d’un « Le parti de Sarkozy copé en deux ». Pour Le Républicain Lorrain, « Fillon relance le psychodrame ». La Nouvelle République est plus féroce : « la honte aux trousses ». Pour Les Échos et d’autres, c’est « le chaos ». Pour Nice Matin, c’est « du grand n’importe quoi ».
Alors, certains se risquent, comme Francis Laffon, de L’Alsace, à désigner un perdant : « le déroulement du vote est un fiasco pour le secrétaire général sortant », soit J.-F. Copé. Il ajoute un peu imprudemment : « dans le sauve-qui-peut, tous les radeaux sont bon à emprunter, y compris, pourquoi pas, ceux de l’extrême. ». Xavier Panon de La Montagne, voit les citoyens se détourner de la politique (c’est déjà largement fait) ou « se jeter dans les bras d’un FN gourmand ». Pour Le Figaro et Jean-Baptiste Garat, Copé l’a emporté « au forceps ». Mais il a peut-être dû sacrifier le jumeau le plus faible.
En fait, Le Monde, avec Plantu, résume : « mais aussi, quelle idée de demander l’avis des militants ». Der Spiegel évoque une « farce ». Du côté des blogues, Francis Hiot, sur Mediapart, s’inquiète : « Mais que fait le CSA ? ». Ce n’est pas mal vu : Fillon+Copé, cela reste pour le moment, l’UMP. Mais demain ? Et que fera donc le CSA
En revanche, après avoir supputé que l’UDI et le FN allaient vraiment récupérer la donne, peu d’éditorialistes se risquent à renforcer cette impression hormis l’humoriste du Temps (Suisse) qui voit Marine Le Pen triomphante derrière le drapeau déchiré de l’UMP. Pour le moment, elle n’a débauché personne… sauf peut-être des militantes et militants… Pour elles et eux, ce sera plus simple : la candidature unique leur convient sans doute davantage.
Oui, pour Démocratie et socialisme, « s’ouvre ainsi un petit créneau » pour Borloo. Un fenestron de tir qui n’a rien d’une large meurtrière. Même l’éditorialiste d’Ouest France en convient : « Jean-Louis Borloo tente de fédérer un centre droit qui est encore surtout, pour l’instant, un parti d’élus aux ambitions concurrentes. ,».
La très prudente Anita Hausser, sur Atlantico, n’exclut pas tout à fait que Juppé finisse par être accepté pour assurer une sorte d’intérim. Cela éviterait peut-être à Sarkozy que Fillon se lance à dresser l’inventaire du quinquennat passé. Elle aussi considère qu’il serait « illusoire de croire que les députés UMP déçus iraient rejoindre l’UDI de Jean-Louis Borloo en rang serrés. ». Elle envisage même l’éventualité d’une décision judiciaire obligeant à revoter. Sous contrôle d’huissiers ? Or, souligne-t-elle, « un huissier facture 400 euros de l’heure ». Bah, pour l’UMP, disons 200. Mais c’est évident : l’UMP ne peut plus se le permettre. La France a perdu son triple A, l’UMP en a déjà perdu deux sur trois. Mais pour en récupérer un seul, UDI et FN peuvent prier longtemps sans être exaucés.
L’original et la copie
Le slogan « préférer l’original à la copie » peut s’interpréter à présent différemment. Pour la droite traditionnelle, autant opter pour l’original (Fillon) que pour la copie (Borloo). Pour le FN, ce pourrait être presque l’inverse. En donnant, au moins en paroles, dans « le social », Marine Le Pen laisse à la Droite forte une étiquette de « Front national maintenu ». Copé peut difficilement se détacher de ses slogans de campagne. Au contraire, il peut être amené à la surenchère.
Dans six mois, on y verra plus clair. Mais rien ne semble vraiment joué.
Et le mauvais feuilleton continue ce jeudi matin.
Selon Copé, « [i]Fillon sait qu’il y a eu des fraudes de son côté[/i] ».
Devedjian semble donner raison à Fillon : « [i]la cocoé et son président sont des nuls [/i]».
Copé conclut qu’il reste en place « [i]sauf si un juge dit : on refait l’élection[/i] ».
Pour Guéant, seule solution : Juppé ou revoter.
L’UDI affirme avoir recueilli 1 280 adhésions dans la nuit. Aucun nom de cité. La belle affaire !
J’adore l’idée d’être citée sur un site que je ne connais peu, par une personne que je ne connais pas, sans même un petit mot avant ou le simple retweet qui est une chose plus logique que sortir mes propos du site où il étaient. La courtoisie se perd, dommage car avec les moyens de communication que nous avons à disposition il est facile de s’assurer de ce genre de choses.
J’assume mon propos mais mettre mon adresse Twitter @colombaaaa plutôt que mes nom et prénom (surtout pour commencer l’article) aurait peut être été plus logique. Je doute d’être mondialement connue donc je ne comprends pas bien ce choix de commencer l’article comme ça (une fois encore sans me demander ce que je peux en penser).
Ok il n’y a pas mort d’homme (bon dans ce cas de femme) mais ça aurait pu être sympa de me demander mon avis avant.
A bon entendeur !
Chère Colomba,
Je n’allais pas vous traiter moins bien qu’une Dati, une Tierweiler ou je ne sais trop qui, auxquelles il n’est pas demandé non plus leur avis.
Mais recevez nonobstant mes excuses.
Je rectifierai peut-être, mais là, j’ai des transports à prendre pour quitter Paris, &c. Trop pris par le temps sur l’instant.