Lorsque nous regardons les débats télévisés diffusés sur nos chaînes camerounaises, l’on est bien en droit de se demander pourquoi les réalisateurs de telles émissions prennent tant de peine à dresser des décors coûteux et à constituer des panels constitués d’universitaires, d’intellectuels et de leaders d’opinions qui pourraient pourtant s’occuper plus lucrativement.

Les équipes de production de ces programmes pourraient tout simplement se rendre dans l’un des milliers de bars qui ont pignon sur rue, proposer un sujet de débat aux honorables qui s’y désaltèrent à coups de gorgée de bière, et enregistrer les contributions des panellistes qui ne seront que trop heureux de liver leurs analyses et de donner leurs opinions.

Nous aurions ainsi de vrais reality shows télédiffusés avec des éclats de voix, des intervenants qui s’invectivent, s’injurent à la limite, se coupent allègrement la parole, monopolisent le temps de parole, stérilisent le débat par des développements tortueux et vaseux, travestissent les faits et font preuve d’une telle mauvaise foi qu’on se presserait d’en rire à défaut d’en pleurer.

Comme vous pouvez le constater, il n’y aurait pas vraiment de différence avec les invités favoris de nos débats télévisés. Cela nous épargnerait juste la condescendence et la prétention de ceux-ci qui brandissent leurs titres académiques et leurs situations socioprofessionneles ronflants avant de s’ingénier à nous convaincre – sans s’en rendre compte – de l’inutilité de l’instruction et de la connaissance au Cameroun par la qualité de leur contribution.

Afin de réduire la nocivité intellectuelle des débats télévisés sous leur forme actuelle, le Conseil National de la Communication devrait obliger les diffuseurs de tels programmes à afficher la mention: «Emission déconseillée au moins de 18 ans.»

Télédiffuser les discussions de bar auraient au moins un avantage: sensibiliser le public sur les dégâts que l’abus d’alcool peut faire subir au cerveau.