Finances – La faillite du pouvoir

"Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d’un Etat qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d’un Etat qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. Ca ne peut pas durer". Ainsi parlait François Fillon en juin 2008.

Il faut croire qu’il a pris des mesures plutôt limitées puisque la Cour des Comptes s’alarme de la présidence française de l’UE qui a suivie ses propos. 170 millions d’euros les 6 mois de Présidence, une note bien salée pour les contribuables français tout heureux que sur ce coup-là, on ne parte pas sur un quinquennat.

Et alors que s’éteint à peine la polémique que sur la nomination du dauphin à l’Epad, force est de constater que ces révélations ne manquent pas de raviver la désagréable sensation d’être pris pour des andouilles et de vivre sous l’Ancien Régime. Rien n’est trop beau pour ceux qui nous gouvernent, leur cour et leurs familles, crise ou pas crise, faillite ou pas faillite. Et pour justifier tout ce suprême gaspillage, un argument lancinant, et à mi-mandat déjà éculé : j’agis, normal que cela coûte plus que par le passé ou ils, les rois fainéants, ne faisaient rien.

Sauf qu’en la matière, la Cour des Comptes s’interroge en particulier sur l’Union pour la Méditerranée dont le lancement prestigieux n’a d’égal que son caractère fumeux et son développement inexistant. Comme quoi l’on peut aussi faire n’importe quoi pour dépenser de l’argent à l’instar de ce repas officiel au Grand Palais : 780 000 euros d’aménagements démontés le lendemain et … 600 000 de traiteur pour 200 invités…

Alors on peut penser que le bal des pleureuses va reprendre pour dénoncer tout cet acharnement médiatique et que le Président lui-même ne manquera pas d’épingler les commentateurs dont il n’est pas. Il faut cependant reconnaître que commenter coûte peu à la collectivité au regard des largesses de nos politiques à se faire plaisir.

A un million d’euros par jour la présidence, ces derniers ont beau jeu de s’étouffer devant les bonus des traders, les parachutes dorés des dirigeants ou les excés des collectivités territoriales… Que pense donc la si pointilleuse RGPP de ces coûteux investissements dont le bénéfice tarde à apparaître à nos yeux certes fatigués de tant de zéro alignés ? Comment François Fillon, déjà faillitaire avant, survit il à cette transgression ? Et que dire d’Eric Woerth pour qui transgression il y a effectivement eu puisque l’anecdote rappelle qu’avec son consentement, Bernard Kouchner a réquisitionné un comptable comme l’écrit Philippe Seguin, sûrement un de ces commentateurs inutiles "Face au refus du comptable public de procéder au paiement de dépenses engagées de manière irrégulière, le ministre des Affaires étrangères et européennes a cru devoir procéder à sa réquisition".

S’affranchir des contraintes budgétaires et légales cela conduit bien à quelques impasses mais cela permet également de rémunérer les proches, les fidèles. Philippe Starck s’est ainsi fendu d’un logo pour l’occasion. 57000 euros d’argent public d’accord mais c’est de l’art alors ça ne doit pas avoir de prix.

Tout se passe comme si plus le pouvoir se mobilisait pour réduire les déficits plus il se libérait de toute contrainte propre à son fonctionnement. C’est l’effet d’aubaine de la crise et de l’activisme annoncé, tout se justifie, même l’injustifiable.
Du reste on ne peut pas dire que notre Président montre l’exemple en matière d’économie comme de taxe carbone en passant la semaine au Cap Nègre mais en conservant son agenda parisien…

A se demander s’il ne faudrait pas proposer une loi qui taxerait les dépenses de l’Etat plutôt que de faire un emprunt même grand. Avec la suppression de la taxe professionnelle, voilà une nouvelle source quasi inépuisable de revenu pour l’économie nationale, la taxe sur les dépenses de nos gouvernants.

Elle ne pénaliserait ni les ménages, ni les entreprises. Bien sûr, la faire voter par les politiques eux-même montre toute la limite de notre système démocratique mais on ne sait jamais : Jean-François Lamour fera peut être des émules, qui oublieront d’échauffer leurs petits doigts musclés pour… se tromper de bouton. Il est vrai qu’en escrime il n’y a le choix qu’entre deux couleurs… et qu’en politique c’est pire il n’y a qu’un parti.

3 réflexions sur « Finances – La faillite du pouvoir »

  1. Quand un ministre nous explique encore une fois qu’il faut faire des economies et que reduire les remboursements sur ds medicaments prmettra d’economiser 140 millions d’euros..;
    mais que ce principe de base n’est pas appliqué à la tete de l’Etat avec l’argent public pour  » une soirée de 780 000 euros d’aménagements démontés le lendemain et … 600 000 de traiteur pour 200 invités » (une soirée de 3 000 € par personne quand certains contribuables ont du mal à joindre les 2 bouts en fin de mois)

    choquant, écoeurant!

    Monsieur S., faites ce que vous voulez avec votre argent mais ne volez pas celui du contribuable pour votre prstige et vos copains; faites comme vos collegues européens: sekt et bretzel, c’est leger efficace en affaires et peu cher…

  2. Ah qu’ il est loin le temps de Super-Menteur et des Hlm de Paris. Aujourd’hui, claquer du fric pour rien est beaucoup moins choquant, quand on a un président « blig-blig » marié à un top-model démodée.

  3. S’il fallait rétablir la pendaison pour insubordination, c’est la corde qui attendrait tout ceux qui ne suivent pas la volonté du peuple. Heureusement que ce peuple n’est qu’un « petit bras ».

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