« Il n’y a plus de communistes, » balançait François Hollande au Guardian.
C’est faux, et vrai, n’en déplaise aux frères Laurent, du PCF. Quelque peu replié sur des bastions territoriaux, des sections vieillissantes, le PCF n’a pas vraiment réussi à se redéployer.

 

Mais à moyen terme, profitant de la dynamique du Front de Gauche, peut-être devenu apte à souder une véritable alliance avec le Parti de gauche (en dépit, peut-être, de sa coloration écologiste), le PCF peut réussir sa tant attendue refondation.

 

Cela peut passer par une sorte de relation amibienne avec le PdG, soit via de fréquentes interpénétrations que le NPA et Force ouvrière ne peuvent, voire ne veulent, envisager.

Le PS a urgemment besoin d’un partenaire crédible fédérant les classes « populaires » que le Front de gauche contribue à repolitiser sur une ligne claire : classe contre classe. Non plus sans doute sur la base d’une mythique classe « ouvrière » préparant un « Grand soir », mais en réintroduisant un lien fondé sur une lutte de classes mieux explicitée par des cadres susceptibles d’ouvrir les yeux, de dessiller les regards que portent les non-dirigeants, non-possédants, sur eux-mêmes d’abord, sur l’action sociale et politique, dans le même temps.

Ce que vise ce collectif encore flou qu’aurait pu incarner un jour Besancenot et qui se reconnait en Mélenchon, dont l’évolution est saluée par Jean-Emmanuel Ducoin (de L’Humanité, sur son blogue), c’est sans doute cela : prise de conscience et motivation. Soit que les « nécessiteux » se reconnaissent comme tels. Cela peut se produire, au moins ponctuellement. Je me remémore cette longue Grève du centenaire de l’Alstom à Belfort qui vit des ingénieurs cadres supérieurs, mais non dirigeants, prendre conscience d’une appartenance de classe qui n’était pas que socioprofessionnelle. Mélenchon et le Front de gauche misent sur « la contamination idéologique ».

Elle peut d’ailleurs porter la contradiction dans les rangs mêmes du PS, chez ceux qui ne visent pas l’ascension sociale par, plus que pour, le PS. Chez ceux qui, comme Sylvain, cadre du Front national, s’interrogent : « je ne sais s’ils font cela parce que c’est un bon gagne-pain ou s’ils ont vraiment envie de gagner. » (in le livre de Claire Checcaglini, Bienvenue au Front, et « Marine piégée par le Front », sur C4N).

Populaire contre populisme

La suite consiste à transformer cette vision de soi-même en influence, en appui à des actions solidaires et unitaires. Peut-être jusqu’à revendiquer et obtenir une autre répartition du pouvoir, dans les institutions, voire même dans certaines entreprises.

Qu’est-ce qu’il est bavard, ce Mélenchon ! Ou plutôt disert, comme en témoigne son blogue. Ce que ne pourra sans doute plus réussir Ségolène Royal, trop marquée par son implication dans le PS et surtout une indécision idéologique (d’appartenance de classe, notamment), Mélenchon peut l’obtenir. Lentement, mais sûrement. Qu’il stagne ou non dans les sondages, en tant que candidat, est somme toute accessoire.

De toute façon, il sait bien qu’il pourrait faire un président aussi passable qu’un autre, mais qu’on ne gouverne pas seul, ni même avec une bande de fidèles, sauf à instaurer du bolchévisme ou de l’hitlérisme. Ce que, sauce actuelle et en fonction de l’air du temps, tend à convoiter Sarkozy.

L’habileté de Sarkozy est de confondre « élites » et « corps intermédiaires », pour instaurer une relation directe régalienne qui pourrait se concevoir à l’échelle d’un canton. C’est ce « fond doctrinal » que dénonce Mélenchon : Sarkozy « se situe dans la veine des Berlusconi et Vickor Orban. ». Cela peut passer au-dessus de la tête des « nécessiteux » trop éreintés pour s’informer, si ce n’est en regardant distraitement des journaux télévisés, c’est parfaitement clair pour les autres.

C’est très argumenté, du Mélenchon. Pédagogique. Avec de fait quelques dérapages, des polémiques accessoires (avec le dessinateur Plantu, lequel, malheureusement, dévisse aussi), et des formules accrocheuses qui dérapent. Ainsi de cet « au-delà de trois cent mille euros, on prend tout ! » (malaisé à mettre en œuvre, et surtout contournable par les possédants).

Sortir de la passivité

Je n’appuie pas sans réserve Mélenchon (voir le site du FdG, placeaupeuple2012.fr, pour l’appui). Je n’irai pas jusqu’à voter Sarkozy (le meilleur qui puisse arriver au FdG serait qu’il repasse de justesse). En fonction des circonstances, et surtout de mon appréhension de la suite, des législatives, je voterai sans doute, mettons, de… Poutou à Bayrou (ce qui inclut Mélenchon et d’autres, dont des candidates).

Mais il devient indispensable que des Jean-Luc Mélenchon ou Clémentine Autain se fassent, non pas seulement entendre (on entend fort souvent Marine Le Pen, et alors ?), mais comprendre.

Les « nécessiteux » actuels et futurs doivent admettre qu’elles et ils ne pourront pas toutes et tous, tels des Grecs, recréer des Larzac pour subsister, ou émigrer. C’est l’issue que risque d’accélérer Sarkozy, et freiner, autant qu’il le pourra, Hollande. Cela vous paraît outré ? Allez donc un peu en Grèce, Espagne ou Portugal…

Que Mélenchon ou Joly restent, ponctuellement, des supplétifs du vote (et non de la personne) du candidat favori actuel des sondages, ce n’est sans doute pas à fait faux, à condition qu’il figure au second tour, évidemment. Une élection, pas davantage qu’un soulèvement populaire (on le voit en Tunisie, Égypte…), ne fait le printemps. Mais surveillons les hirondelles Mélenchon et Autain… Pour changer de destin…

P.-S. – voyez donc la petite animation du blogue de Clémentine Autain. De vertes, les cerises passent au rouge… Maturation. Il est possible que le candidat du Front de Gauche stagne dans les sondages d’opinion. Ne pas confondre sondage et opinion…