Les milliards de Facebook…

L’informatique fait des bulles.

 

 

 

Celles du Champagne, on connaît. Elles s’élèvent au cœur du liquide, se collent contre la paroi du verre. Elles font l’admiration des enfants comme celles de savon…

 

Il en est d’autres beaucoup moins savoureuses. Elles nous sautent à la figure quand elles ont atteint leur expansion maximum. La dernière qui nous a explosé au nez était immobilière. Nous n’arrêtons pas depuis de nettoyer ses dégâts.

 

Sous nos yeux vient d’en naître une nouvelle. Superbe. Bien gonflée des sourires qui l’entouraient lorsque son propriétaire la présenta au public ébahi de Wall Street. Elle s’appelle Facebook. Un joli nom que certains maltraitent avec un vocabulaire digne des livres de cul (Fèces book !). Mais soyons sérieux. On ne plaisante pas avec un jouet de plus de 100 milliards de $.

 

 

 

Avant d’essayer de comprendre mon incompréhension, il convient de dire que cette somme aurait fait le plus grand bien à l’économie réelle par exemple de la Grèce en y apaisant la tempête en cours. Mes notions d’économie sont trop vacillantes et je crains mêler la valeur fondamentale du virtuel avec celle du quotidien humain.

 

 

 

D’une génération qui a pris plusieurs trains en marche, je me suis inscrit, il n’y a pas très longtemps à ce « réseau social ». Il ne m’en a rien coûté. J’ai nourri ma page de façon minimum. Je la fréquente parfois. Et sans aucun doute, je ne sais pas m’en servir, ni en tirer tout le « profit » proposé.

 

Comme sur d’autres sites, je constate la présence de publicité. Moins même que sur C4N. Je suis convaincu que si FB ferme je ne perdrai pas mes amis. Les amis de mes amis, sûrement.

 

Dès lors mon entendement s’obscurcit.

 

FB est immatériel. Il est un élément constitutif d’un monde virtuel, parmi d’autres. C’est un intercesseur. Avant, dans mon antiquité, je faisais, par exemple développer des photos et les expédiais par la poste à un correspondant. Je reconnais volontiers qu’il est maintenant plus facile d’expédier en quelques secondes des photos à beaucoup de gens en même temps. Le tout sans frais.

 

Indéniable avancée technologique. Que les auteurs de ces progrès soient rémunérés au niveau convenable est la moindre des choses. Que l’on me facilite la vie réelle grâce à des artefacts virtuels, nés de cerveaux géniaux, peut même se payer.

 

 

 

Mais nous venons de franchir une marche colossale. Le virtuel est consacré. Son monde est capitalisable. Le cours de son action suivra les vicissitudes boursières de GM, IBM et autres. Et FB règne parmi les plus fortes valeurs de Wall Steet.

 

Un Etat, la Chine par exemple, ne peut-elle interdire ou limiter FB. Un autre modèle du même monde ne rendra-t-il pas FB inopérant ou dépassé ? Et la bulle de crever. Et les milliards de s’évaporer sans que la communauté humaine en ait tiré le moindre bénéfice réel.

 

Une ONG veut creuser des puits en Afrique et pleure misère. Haïti attend toujours les subsides votés. Attali développe le micro crédit…

 

Le vrai monde fourmille de besoins que ce capital bien investi aurait pu adoucir. Eh bien non ! Tout est parti dans le vent d’un petit matin boursier.

 

Sur quelle planète vivions-nous ? Quel est ce nouveau monde impalpable et pourtant couvert de poussière d’or dans lequel nous devons habiter, vivre, faire semblant de penser, jouir du temps et des êtres comme il nous arrivait parfois dans notre petit village sur Terre.