Mieux conseillée par Me Jean-Marc Ferida, qui fut le défenseur d’Alain Madelin, de Didier Schuller, copain d’Arnaud Montebourg, auteur d’un Impasses de Grenelle qui soutiendrait (Wikipedia) que « l’écologie est une pensée unique dangereuse pour les libertés personnelles », Florence Lamblin la joue « responsable » mais pas vraiment coupable sur un ton plus adapté à sa situation. 

Or donc, débarquée de tous ses mandats et représentations, non seulement par le maire PS du 13e arrondissement de Paris mais par sa formation politique, Florence Lamblin a toute seule « décidé de suspendre [ses] activités et mandats politiques tant internes qu’externes » (la formulation exacte de son éviction par EE) « jusqu’à régularisation de [sa] situation fiscale. ».
En clair, elle négocie avec Bercy. De toute façon, elle n’a pas le choix. Il serait d’ailleurs surprenant que J. Cahuzac – sauf peut-être fructueux échange de garde-temps de collection, avec Julien Dray pour conseil – soit vraiment disposé à négocier quoi que ce soit : l’affaire est devenue trop sensible et mérite que l’exemplarité de la sanction ne soit pas négligée.

Mieux, acculée, Lamblin renoncerait (le conditionnel s’impose), d’elle-même, «  aux avantages et indemnités » attachés à ses fonctions ou mandats. Il était largement temps : autant se faire oublier avant que l’attention se porte sur ses fonctions au Lieu du Design.

« L’impôt sera payé au dernier euro », annonce-t-elle, ce qui lui évitera peut-être l’expulsion de sa coquette demeure du 13e arrondissement. De toute façon, il était difficile qu’il en soit différemment. Mais pourquoi donc devrait-elle assumer « seule » les conséquences ?
Elle demande à ce que « les éléments objectifs de la procédure » soient rendus publics « afin qu’il soit mis un terme à la propagation d’informations inexactes. ».
En effet, il est plus que temps que le parquet mette fin aux rumeurs qui visent le milieu de la confection, le barreau, les marchands d’art, et d’autres professions.
Car pour l’instant, dans les cantines, les couloirs, et autour des machines à café, c’est déjà « c’est Machin » ou « Mais, non c’est Untel. ». La transparence, ne serait-ce que par souci de l’ordre public, supposerait de crever l’abcès.

L’intéressée à donc présenté à sa famille des excuses ainsi qu’à celles et ceux dont elle partage « les combats politiques ». Les prébendes aussi ?

Blessée au combat de l’affairisme par « une incroyable violence », Florence Lamblin veut se faire oublier. On ne demande que cela… On lui souhaite de retrouver très vite un casque pour assurer le suivi des chantiers, et non plus la casquette de complice présumée d’un trafic de stupéfiants.

Ainsi, il sera possible de ne plus avoir à concentrer son attention sur une figurante (ce qu’on peut souhaiter qu’elle reste, sauf si les entrées-sorties de son compte en Suisse démontraient le contraire) mais par exemple sur ce fameux caïd qui a trouvé refuge au Maroc.

Comme Fouad Ârit, d’Afrik.com, le remémore, « voilà un scandale financier qui rappelle étrangement l’affaire du Sentier II. ». Quatre établissements bancaires étaient impliqués, et tout un réseau franco-israélien a fini par être exposé.

Afrik.com souligne aussi que, vingt ans après les fumeuses déclarations d’Hassan II, la production de kif « roule comme sur des boulettes ». Mieux, car du Rif, elle a gagné depuis une décennie les alentours de Taza, El Jedida, Agadir ou Beni Mellal. Le quart des recettes du royaume proviendrait de ce trafic. Mohamed VI saurait prendre sa dîme, estime Afrik.com.

La Suisse de la finance dénonce « une brebis galeuse ». La nième, pas forcément la pénultième. Alors que, pour le seul Mexique, le blanchiment d’argent représenterait dix milliards d’USD, selon le ministre des finances José Antonio Meade (contre jusqu’à 39 milliards pour le Département d’État étasunien), que la corruption (qui suppose aussi le blanchiment des fonds recueillis) est estimée à 20 milliards d’USD au seul Brésil, on se doute bien que la Suisse conserve encore dans ses tiroirs des fonds qui n’ont pas déjà migré vers Hong-Kong ou Singapour.

En Inde, le blanchiment d’argent représenterait près de 5 % du PIB. Du fait d’un vote sénatorial, les Philippines risquent de se retrouver sur la liste noire de la Financial Action Task Force interasiatique. Mais même en Norvège, la plupart des échanges en numéraires sert à financer des activités criminelles, selon David Birch, de Consult Hyperion.

Comparativement, le cas de Florence Lamblin fait pâle figure. Qu’on ne nous rétorque pas que la presse s’acharne sur elle parce qu’elle est en rapport avec le milieu juif. Là, à Norfolk (G.-B.), c’est un certain Graham Dacre, qualifié de « philanthrope chrétien », qui s’était acoquiné avec G. Katcharian et Cemal Esmene en espérant des profits record ; il s’est fait pigeonner – mais en fait, n’était-il pas complice ? – par ces aigrefins, mais qui bénéficiaient aussi de la complicité des très bons chrétiens Ian Yorkshire et Arthur Ford-Batey. L’orthodoxie grecque en prend tout autant pour son grade : les fonds d’aide sociale de la sécurité sociale grecque étaient pillés au profit de parents et d’amis par de riches escrocs qui paradaient à la basilique.

Voila que GPF SA, comprenant que son anonymat médiatique allait de toute façon être levée, proclame que ses clients sont « des personnes honnêtes et respectables » et que Meyer El Maleh, mis à pied, aurait exercé « un pouvoir sans rapport avec les activités de GPF SA (…) Les actionnaires de GPF SA n’ont aucune raison de penser que des clients de la société auraient participé aux actes délictueux qui ont été découverts en France. ». Évidemment, la société va collaborer avec la justice helvète tout comme Florence Lamblin souhaite collaborer avec Bercy.

De quoi arracher des larmes dans les chaumières. Bien sûr, bien sûr, comme le rapporte La Tribune, les employés de GPF SA sont « tombés des nues ». Tout comme Florence Lamblin en apprenant que, surprise, surprise, de l’argent frais pouvait provenir de trafics de stupéfiants. Il est absolument certain que, si elle en avait obtenu la certitude, elle l’aurait jeté du toit d’une tour de la porte de la Chapelle.

Après la saisie de 130 kg de cannabis à Pau, voici une huitaine de jours, voici que des commerçants de la place Rossetti de Nice et « une famille bien connue » (des Niçois), indique pudiquement France 3 Côte d’Azur, se retrouvent déférés devant le TGI de Marseille. Pourquoi Florence Lamblin pourrait-elle trouver un arrangement avec Bercy tandis que de, peut-être, très braves et estimés électeurs UMP (ou Front national), s’acquittant peut-être du denier du culte catholique, se retrouveraient traînés en justice ?

Pourquoi Jean-Pierre Kucheida (PS, Liévin) et pas Florence Lamblin ? Florence Lamblin risque dix ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende s’il est prouvé qu’elle était au courant de la provenance des fonds. En cas de « simple » fraude fiscale, elle risque cinq ans et 37 500 euros (plus, évidemment, l’impôt et ses arriérés). Souhaitons que le contribuable n’ait pas à supporter les frais de son incarcération : il l’a assez rétribuée au Lieu du Design. Pour le reste…