Etre femme d’agriculteur ( 5ème article)

 Les femmes agricultrices ont souvent pratiqué une activité autre qu’agricole avant de s’installer avec leurs maris. Nous avons souvent pratiqué un autre métier avant de choisir l’agriculture, ce qui nous offre une grande ouverture d’esprit et une expérience du monde extérieur.Pour mes besoins personnels, ceux du foyer et de l’éducation de mes enfants, j’ai besoin de la ville. Dans certains cas, mes origines urbaines et l’ouverture d’esprit liée à mes études, me met à même de bien comprendre les aspirations des concitoyens. Savoir prendre du recul, savoir s’organiser, ça faisait partie de mes métiers précédents!.Je suis très polyvalente, « j’ai fait un peu tous les boulots. Vraiment de tout, de la restauration, même de l’usine, j’ai travaillé en Allemagne… et j’ai t ravaillé de très nombreuses années dans la publicité à Paris avant de venir s’installer en Lorraine"

Comme beaucoup de mes confrères, mes Origines sociales et géographiques sont souvent extérieures au monde agricole! Quand j’ai lu : « La fin des paysans », H. Mendras constate que de tous temps, les changements sont de nature exogène. Il montre que les changements sont induits par ceux qui occupent une position marginale dans la collectivité locale, en d’autres termes par ceux qui ne sont pas tenus de respecter les normes sociales en raison même de leur statut."

Il est important de noter que le comportement volontariste d’intégration dans le milieu professionnel est celui de femmes de tous âges, mais qui viennent le plus souvent d’ailleurs. Ou bien il s’agit de couples migrants, ou bien de femmes venant d’autres secteurs, ayant exercé une profession hors de l’agriculture au préalable. Elles se sentent beaucoup plus libres, n’étant pas insérées sur place dans un réseau familial, de voisinage traditionnel, et le milieu environnant hésite à leur appliquer les mêmes normes qu’à leurs propres femmes. Ce qui facilite une insertion professionnelle qui n’est pas tributaire de l’insertion sociale locale.

Ainsi les femmes agricultrices ont une Grande mobilité géographique  s’investissant dans le milieu agricole!

 

 Un grand nombre de femmes agricultrices ont effectué une importante mobilité géographique avant de s’installer dans l’agriculture : certaines viennent de Suisse, d’autres de Belgique, de Normandie ou de Paris… elles sont riches d’exemples glanés un peu partout et sont capables de s’adapter en transformant les contraintes rencontrées en atouts de développement.

On a des origines sociales diverses:

 

Beaucoup d’agricultrices ne sont pas issues du milieu agricole : elles ont d’autres références et un rapport au métier différent. Chaque membre du couple a l’habitude  d’être indépendant.Celles qui choisissent de quitter leur milieu ou le métier qu’elles exerçaient avant pour travailler dans l’entreprise familiale sont plus exigeantes quant au rôle et au statut qu’elles auront dans cette entreprise.

 "Le matin, je me lève en même temps que mon mari et on finit ensemble… ".

Par contre, les femmes agricultrices ont de moins en moins d’enfants!

Les femmes ont moins d’enfants et peuvent plus facilement quitter l’«intérieur » de la maison. Le travail est allégé, les enfants précocement scolarisés, les moyens d’information largement répandus et les communications aisées. Elles peuvent s’investir plus rapidement dans les activités de l’exploitation.  Dans mon exploitation, tout est mélangé, le familial et le professionnel. Au départ, quand on est arrivé ici, il fallait tout mettre en place. Il fallait en même temps mettre en place l’exploitation, et les enfants sont nés en même temps. Il est évident qu’avec tout ça, les premières années, j’ai entièrement fait confiance à mon mari pour son orientation, pour ce qu’il voulait faire sur l’exploitation, et moi j’avais mes deux bébés. Je participais mais j’étais moins impliquée, moins investie.

Avec l’augmentation de la durée de vie, avec la surmortalité masculine et la longévité féminine, nous nous trouvons dans une période où le nombre de femmes ménopausées, qui n’ont plus la capacité de devenir mères, est considérable : il n’y a jamais eu dans l’histoire de l’humanité autant de femmes en situation de « non-maternité » et qui soient encore en vie ensemble. Les femmes agricultrices sont  moins dépendantes qu’auparavant du rôle domestique, car les tâches sont de plus en plus partagées avec leurs maris. Il y a dans le couple une volonté d’égalité et d’interchangeabilité dans le travail. Il y a également une volonté de partage des tâches ménagères, même si le mari passe un peu plus de temps aux travaux des champs (imon homme sème seul les céréales) et elle davantage au foyer (cuisine surtout). Mais l’agricultrice travaille aujourd’hui comme son mari à plein temps sur l’exploitation. L’organisation des tâches est discutée, établie et exécutée en commun.