Etre femme d’agriculteur (3ème article)

 Jusqu’à peu de temps, on pensait que « Les comportements féminins sont fonction directe du sexe biologique femelle ». Dans ce type de raisonnement, on fait comme si le fait d’être née fille déterminait d’emblée une nature, un tempérament, des propensions, des tendances, des préférences : ce qui relève du domaine biologique détermine, dans la perspective que l’on appelle de « déterminisme biologique », les différences culturelles constatées entre hommes et femmes. (NATHAN COURS DE BIOLOGIE 1989!)

Cette perspective aussi appelée « essentialiste », suppose qu’il existe deux sexes  nettements différencié d’un point de vue génétique, anatomique, physiologique et que les comportements sociaux des hommes et des femmes sont largement déterminés par ces fondements biologiques. Les facultés auxquelles je fais référence ne sont ni biologiques, ni innées, elles sont un construit social et sont donc acquises au cours du processus de socialisation qui façonne l’identité et les références du sexe féminin. A l’image de leur mères, les filles adopttent des automatismes dés leur plus jeune âge et reproduisent plus tard ce qui leur semble être leur rôle et leur devoir, tel que : Les tâches domestiques, le soin des enfants, la préparation des repas, l’accueil des invités…, « on apprend à être une femme ».

l faut bien admettre que ce « bouleversement » du rôle de la femme paysanne, n’aurait pas pu s’affirmer aussi aisément si le statut juridique de l’épouse d’agriculteur n’avait pas lui aussi évolué. Jusqu’à une date récente ces dernières n’avaient pas de statut professionnel, celui-ci était systématiquement familial : elles étaient et sont d’ailleurs encore pour certaines « aides familiales » . 

 Malgré les limites et des restrictions qui persistent dans le cheminement de la formation d’un véritable statut professionnel pour la femme d’agriculteur,  la femme devient un sujet acteur de son auto-développement.  Ainsi, la présnce d’une agricultrice est un facteur de dynamisme indéniable. A l’opposé il y a une corrélation entre l’absence de statut pour l’épouse d’agriculteur et son désengagement dans l’agriculture.

Actuellement, l’identité sociale est liée en grande partie à une identité professionnelle, la revendication et la recherche par les agricultrices d’une autonomie et d’une reconnaissance s’inscrivent-ils dans ce cadre ? Ou bien devons nous chercher les causes de ce mouvement de diversification tout simplement dans la nécessité d’un complément de revenu économique qui aurait poussé les femmes à agir ?

 Le monde agricole est lui aussi porteur de changements, il n’est ni immuable ni statique.  Cette progression réponds au désir de ces femmes d’être reconnues dans le travail qu’elles accomplissent anonymement depuis des décennies, au sein de l’exploitation familiale.

Nous allons voir que conjointement à cette volonté féminine d’exister socialement et professionnellement, la situation actuelle des petites et moyennes exploitations impose des revirements qui pourraient justement servir la cause des femmes, en leur laissant un espace d’initiative indépendant de celui de leur mari. Mais exposons tout d’abord succinctement quelques éléments indispensables à la compréhension d’une nécessité d’un revirement évoqué ci-dessus. 

En effet, l’évolution actuelle montre que l’agriculture française tend à se scinder en deux partties inégales. D’un côté, les exploitations performantes qualifiées d’agrimanagers, installées dans les zones de monoculture productiviste ; de l’autre, les exploitations plus petites dont l’économie est basée sur la polyculture, se sont les exploitations diites familiales très fortement menacées.

 La conjoncture du moment ne peut donc être omise lorsqu’il s’agit de comprendre l’évolution des systèmes d’exploitation agricole.

Les agricultrices, bien souvent, paraissent mieux à même que leurs conjoints pour répondre à ce nouvel environnement, car elles savent s’organiser pour diversifier la production agricole. Aux activités anciennement qualifiées de domestiques et aujourd’hui valorisées (élevage de volaille, transformation du lait…), se greffent de nouveaux services quirépondent à la demande sociale : agri-tourisme, fermes-auberges, gîtes ruraux, conception de produits dits « naturels » ou de « qualités », vente directe à la ferme…

Pour quelles raisons peut-on dire que les femmes paraissent mieux à même que leurs conjoints de répondre à ces sollicitations ?

 Outre le fait que les hommes agriculteurs détiennent généralement un secteur d’activité différent de celui des femmes, puisqu’ils travaillent davantage dans les champs et s’occupent principalement des cultures céréalières, les femmes disposent d’atouts majeurs. 

La progression des activités de transformation et de commercialisation directe, de tourisme vert, d’accueil en milieu rural permet à une partie d’entre elles de s’exprimer dans un nouveau domaine en développement : Les services marchands liés à l’agriculture. En même temps, elles revendiquent et obtiennent plus aisément le statut de chef d’exploitation ou de co-exploitante : en somme, la légitimation de fait de leur savoir-faire accélère leur reconnaissance professionnelle.

Les femmes se servent d’un savoir-faire ancien pour innover dans les domaines qu’elles connaissent déjà.  Elles ont toujours beaucoup travaillé notamment dans le secteur de l’élevage qui leur était attribué. Elle ne font que développer et commercialiser à une plus grande échelle la petite production d’appoint qui leur permettait d’avoir des liquidités et de « l’argent de poche ».

Elles utilisent leurs expériences dans le secteur de la gestion et de l’administration de l’exploitation pour avoir une meilleure vision de l’avenir possible (prospective, intuition), et pour choisir le développement le plus réaliste et le plus efficace pour rentabiliser les capacités de l’exploitation. Financièrement, elles sont plus a même de savoir ce qui marche.

 

Ainsi, les facultés auxquelles je fais référence ne sont ni biologiques, ni innées, elles sont un construit social et sont donc acquises au cours du processus de socialisation qui façonne l’identité et les références du sexe féminin. A l’image de leurs mères, les filles adoptent des automatismes dés leur plus jeune âge et reproduisent plus tard ce qui leur semble être leur rôle et leur devoir, tel que : Les tâches domestiques, le soin des enfants, la préparation des repas, l’accueil des invités…, « on apprend à être une femme ». L’apprentissage de ces tâches développent chez la femme des facultés qu’elles utilisent peut-être inconsciemment pour dynamiser l’espace professionnel qu’elles investissent depuis peu. 

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