C’est avec un très grand intérêt que je rejoins la communauté de C4N pour parler d’une cause que je défends sans cesse autour de moi : la cause des femmes. Je suis agricultrice et femme d’agriculteur. J’aime mon métier, je vis de mon métier et j’aime mon mari. Et si vous le voulez, j’écrierai un long plaidoyer pour ma cause car la présence d’une agricultrice est un facteur de dynamisme.

Depuis quelques années, beaucoup d’exploitations agricoles de ma région se sont orientées vers des productions fermières de qualité, alors qu’auparavant, l’agriculture de cette zone de coteaux était traditionnellement tournée vers la production céréalière. Les activités qui se développent ne sont pas si nouvelles que l’on pourrait le croire car le secteur de l’élevage a toujours été attribué aux femmes d’agriculteurs, leurs maris se réservant les travaux des champs et s’occupant presque exclusivement des céréales.

 

 C’est donc avec un savoir ancien et transmis que les femmes de cette région parviennent à installer des systèmes novateurs. La polyactivité agricole n’a rien de nouveau mais la diversification et la transformation des produits de plus en plus poussées dans certaines exploitations,  porte à croire que l’implication des femmes et les stratégies qu’elles mettent en œuvre pour développer, mécaniser et moderniser leurs ateliers amorcent un changement dans le rôle qu’elles jouent dans l’exploitation.

Par ailleurs, les femmes ne se contentent pas de dynamiser leur propre espace de travail, mais elles s’organisent entre elles et travaillent de plus en plus collectivement : entraide, échange de conseils, achat de matériel en commun… créant ainsi un espace où coopèrent des « actrices » du changement.On peut remarquer que  plus la femme est autonome et s’inscrit dans une responsabilité, plus elle représente un atout économique pour l’exploitation. Ainsi, la présence d’une agricultrice sur cette dernière est un facteur de dynamisme indéniable. A l’opposé, il y a une corrélation entre l’absence de statut de l’épouse d’agriculteur et son désengagement dans l’agriculture. Finalement, conjointement à cette volonté féminine d’exister socialement et professionnellement, la situation économique actuelle des petites et moyennes exploitations impose des revirements capables de servir la cause des femmes en leur laissant un espace d’initiative indépendant de celui de leur mari.

« Le développement d’une idée nouvelle est comme une vie qui émerge : la graine pousse seulement si le germe est solide, seulement aussi quand le terrain est préparé, quand les mauvaises herbes sont enlevées, quand l’arrosage et l’engrais sont convenablement dosés… »

Thierry Gaudin