Le dernier plan d’austérité du gouvernement espagnol, décrétant la privatisation de deux aéroports (Madrid et El Prat – Barcelona-), a déclenché, vendredi,  une grève générale surprise des contrôleurs aériens, paralysant tout le trafic aéroportuaire et affectant quelques 600 000 usagers bloqués dans les terminaux.

Cette grève surprise survient au pire moment, durant les fêtes de l’inmaculada, l’une des périodes les plus intenses en termes de déplacements de voyageurs.

Ce matin, annonçant qu’il ne tolère aucun chantage, le gouvernement socialiste Espagnol a décrété l’état d’urgence, avec réquisition des forces armée, une première en 35 ans de démocratie Espagnole. L’état d’urgence oblige les grévistes à réintégrer leurs postes de travail sous peine de s’exposer à la loi martiale et encourir des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à dix années.

L’opposition, le PP (Partido Popular) par une conférence de presse ce matin, déclare que, bien que dénonçant l’action des grévistes, il condamne la réponse brutale et exagérée du gouvernement, ajoutant que ce dernier devait s’attendre à des mouvements sociaux suite à l’annonce des mesures de rigueur et s’étonne qu’il ait choisi la veille d’une fête si importante pour en faire l’annonce. Le PP s’inquiète d’ailleurs que le chef de gouvernement, Zapatero, n’ait pas encore daigné apparaître en public pour donner des explications quant à cette décision qualifiée d’irresponsable par l’opposition.

Côté presse, on qualifie d’inédit l’usage de l’état d’urgence et des forces militaires en réponse à un conflit social et on s’interroge quant à ce blocage par la force du droit de grève constitutionnel.

A 15h00, 30% des grévistes ont obtempéré à l’ordre de réquisition et les "résistants" sont identifiés par la guardia civil en vue d’éventuelles poursuite en cour martiale pour désobéissance. L’espace aérien Espagnol restera fermé à tout trafic jusqu’à au moins 19h ce soir.

En direct d’espagne – Philippe MEONI