Est-ce un changement de cap ou une nécessité,

ce pacte de responsabilité avec les entreprises, à voir ?

 

Pendant cette trêve des confiseurs on n’avait pas grand chose à se mettre sous la dent pour écrire. Remarquez que quelques jours de repos d’écriture ne font pas de mal, les deux jours de fêtes consécutives fatiguent pour des personnes d’un âge certain, et puis ils vident la tête. Il fallait donc cette annonce de François Hollande lors de ses vœux de nouvelle année aux Français, mais aussi au patronat, un pacte de responsabilité pour inverser la courbe du chômage. Mais attention, ce pacte de responsabilité n’est qu’une proposition de faire une loi qui devra prévoir, «moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et, en même temps, une contrepartie, plus d’embauches et plus de dialogue social». De plus, cette loi devra être votée en début de l’année 2014, sans que l’on n’en sache davantage pour le moment. Et François Hollande de compléter, rappelant que sa priorité c’est l’emploi, «en 2014, nous aurons besoin de la mobilisation de tous».

Alors Pierre Gattaz le patron des patrons, président du directoire de l’entreprise Radiall, applaudit des deux mains, c’est une demande qu’il formule depuis le mi novembre lorsqu’il apporta sur le bureau du président de la République un pacte de confiance, signé par plus de 80 fédérations professionnelles et 120 Medef territoriaux.

Mais, il faut aussi savoir pour bien mesurer ce qui fut donné au patronat. La puissance publique consacre près de 60 milliards d’euros à des dispositifs très variés d’aide aux entreprises. 60 milliards d’euros, c’est l’équivalent du budget annuel de l’Éducation nationale et près de deux fois celui de la Défense. Or, seuls 9 % de cette enveloppe sont spécifiquement ciblés vers les PME, d’après la sérieuse référence, l’efficacité des aides publiques aux entreprises ? Pourtant, les PME sont le poumon de nôtre industrie, est-ce à dire que les grands groupes se partagent le gâteau ? Et le Canard de titrer, dans son numéro du 08 janvier 2014, «de la gloutonnerie de Pierre Gattaz aux gamberges de François Hollande». Il faut comprendre que l’inversion de la courbe du chômage qui ne s’est pas concrétisée à la fin de 2013 l’oblige à modifier sa politique, mais est-ce un virage à droite ?

Quelle promesse extravagante mais promesse tout de même qu’il lui faut tenir coûte que coûte pour espérer que tout ce qu’il entreprit ces dix huit mois passés ne soient pas jeté aux orties. Un tel pari, dans une telle conjoncture, ou les entreprises expurgent au maximum prenant leur revanche sur ce qu’elles furent contraintes de faire sous la pression des luttes syndicales tiendrait de la folie. Pour lui non, sortant de son chapeau lors de ses vœux de fin d’année ce que le Medef réclame depuis longtemps, des sous, sans jamais se remettre en cause.

Pourquoi le feraient-elles puisqu’elles tiennent l’emploi ? Il faudra bien un jour qu’elles rendent des comptes, on ne peut constamment les aider sans résultats. Ou l’on est libéral et l’on ne donne rien, ou l’on est social et l’on doit rendre des comptes.

Voilà donc, François Hollande, à faire plus, après avoir aidé les entreprises pour l’embauche de chômeurs dans le cadre de sa boite à outils dans les plans pour les jeunes, pour les contrats de génération, et les emplois francs, voir, l’emploi franc qu’est-ce que c’est ? Il sort la grande artillerie dans une chasse dans le brouillard comme le titre le Canard. Même la droite n’en fit jamais autant ! Mais qui peut croire que l’allègement des charges créera un million d’emplois comme le clame Pierre Gattaz ? C’est qu’il n’y va pas de main morte le Medef !

Ses conditions sont l’ouverture de cinq chantiers, sur le coût du travail, sur la fiscalité, sur la baisse des dépenses publiques, sur la simplification et sur les freins à l’embauche. En d’autres termes, une politique des plus libérales qui ne peut que faire crier au scandale la gauche et poser des questions à la droite, embarrassant l’UMP.

On peut faire baisser le chômage en France, il faut nous libérer d’un certain nombre de freins, d’obstacles, de tabous, de dogmes, qui sont autant de pierres dans notre sac à dos clame le Medef ! Seulement, il ne faut pas se tromper, la baisse des dépenses publiques ont un effet pire que celui de la hausse d’impôts sur la misère sociale, tous les économistes sérieux le clament. La baisse des dépenses publiques consistent à réduire les effectifs des Agents de l’État, donc à les indemniser dans le cadre de leur contrat, et à réduire aussi la consommation. Et si l’on regarde le problème de l’hôpital public, on constate, pour faire face aux nécessités, que l’on emploi des intérimaires qui finalement coûtent plus cher à l’État !

Jamais satisfaits ces patrons plus on n’en donne, plus ils en veulent ! Rien d’étonnant Pierre Gattaz, qui succéda à Laurence Parisot est le fils de Yvon Gattaz tous deux patrons et présidents des patrons. Tous deux, aussi, à la tête de la petite entreprise Radiall dans laquelle j’ai travaillé il y a environ 60 ans comme outilleur lorsqu’elle se situait à Montreuil sous-bois, Seine-Saint-Denis, et qui est devenue une entreprise internationale, pour l’anecdote.

En fait, les patrons qui ne cessent de critiquer la politique du gouvernement et de moquer sa boite à outils pour réduire le chômage de ceux qu’ils ne voulaient embaucher, sont toujours en train de tendre la main pour des aides publiques. La France est un pays d’assistés pas seulement pour les chômeurs.

Mais, ce coup ci, François Hollande est pris à sa promesse et se trouve contraint de lâcher du lest, la réforme de la fiscalité doit s’accompagner d’une réduction des dépenses et d’une réduction des impôts !

Je ne sais si vous avez vécu les premières années de François Mitterrand ou il fut contraint de faire une volte-face à sa politique sociale pour laquelle d’ailleurs il ne put éviter une dévaluation du Franc.

Pour François Hollande c’est moins tranché, car on ne sait pas ou il est. En fin politicien, il ne se dévoile pas, il conserve ainsi l’ambiguïté sur sa politique, est-elle sociale-démocrate ou sociale-libérale ? Vous direz c’est la même chose tant la différence est mince, c’est du blanc bonnet ou du bonnet blanc !

En fait, il n’y a pas de virage de sa politique, il applique petit à petit les mesures qu’il juge utiles pour arriver à ses fins. Si l’inversion du chômage avait eut lieu fin 2013, en fait c’est fin janvier 2014 qu’il faut prendre en compte, il n’aurait pas eut besoin de ce pacte de responsabilité qui l’écarte encore plus de la gauche et le rapproche de la droite. Est-ce bien joué ?

Bien sûr que oui, la France est à droite et jouer dans ce camp c’est gagner plus tard. De plus, si le patronat se mettait à jouer le jeu, il serait le premier président de la République qui aurait été écouté du patronat. Le problème est qu’il faut qu’il trouve l’argent pour compenser le manque à gagner de la baisse des charges et là ce n’est pas du gâteau !

Pour Pierre Gattaz, la dépense publique est une nécessité, il faut faire une baisse des prélèvements de 100 milliards ! 50 milliards sur les impôts et 50 milliards sur le coût du travail, en d’autres termes, il faut que François Hollande mange son chapeau ! Il y a qu’à enlever des niches fiscales clame-t-il, il faudrait arriver à baisser de 10 milliards par an pendant cinq ans la fiscalité des entreprises dit-il ! Bien, mais il ne dit pas comment il va s’y prendre pour embaucher d’un million de personnes, c’est tout le problème. En d’autres termes un million de chômeurs en moins c’est 50 milliards ! Qui peut croire cela ?

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4 réflexions sur « Est-ce un changement de cap ou une nécessité, »

  1. PACTE SOLIDARITÉ ? Quel titre accrocheur! Dans l’imaginaire collectif, pacte me fait penser au diable. Oups! Attention un pacte est un pacte, à la vie à la mort. Solidarité: pour nous faire un peu culpabiliser. Comment vous n’ êtes pas solidaire. Vous n’êtes pas prêt à signer ce pacte pour l’avenir de votre prochain? Je n’ai même plus envie de savoir de quoi çà parle, à la fin du compte.

  2. … et comme d’habitude la « manne » de l’État va aux CAC40 et autres grosses entreprises ! Aucun gouvernement de quelque couleur politique qu’il soit n’a jamais su, ne sait et ne saura jamais distribuer quoique ce soit aux PMI en particulier manufacturières …

  3. Changement de cap ? Non, ce sont des mots ajoutés les uns aux autres, et non suivis d’effet, comme d’habitude!

  4. Toujours des paroles, jamais d’acte,… sauf pour déboutonner sa braguette ! Là il est bon notre pitre national !

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