Alors que le chômage atteint des sommets en Espagne, une montée de la délinquance l’accompagne avec un pic estival prévisible. Car les cibles des malfrats sont de plus en plus les touristes motorisés, en particulier les étrangers…

C’était voici déjà deux ans et un couple d’amis, en visite à Barcelone, descendait la principale rembla à bord de sa voiture immatriculée en France. Soudain, un coup sourd contre la carrosserie, à l’avant. Le conducteur d’un scooter stoppe, débute une explication animée, qui évoque fort des excuses. Le temps de vérifier que l’aile gauche de la voiture est intacte, pratiquement tout ce qui avait été placé sur le siège arrière avait disparu. Le scooter était déjà loin, et le bilan assez lourd : le sac de madame, un appareil photo, un veston… Comme les passeports étaient dans la boîte à gant, que monsieur avait conservé son argent sur lui, les congés furent écourtés et l’incident resta non recensé.

Eh, oui, il fait beau et chaud en Espagne, et la tentation de laisser une fenêtre arrière ouverte, l’oubli de bloquer les portières arrières, exposent les touristes, surtout les étrangers, premiers visés, à bien des désagréments. Les malfrats ont aussi le flair, semble-t-il, pour repérer les voitures de location.

Si les statistiques du chômage en Espagne sont à peu près fiables, avec près du quart de la population (et plus de la moitié des 16-25 ans) sans emploi, avec des pics régionaux (Andalousie, 34 % de chômeurs), celles de ce type de délinquance sont fortement minorées.

 

En fait, les touristes n’ayant pas vu leurs papiers d’identité disparaître et pouvant se débrouiller pour se faire envoyer de l’argent ne portent pas plainte. En revanche, les consulats voient de plus en plus des ressortissants désemparés s’adresser à eux.

C’est pratiquement à chaque fois la même histoire, et des mini-gangs se déplacent vers les régions frontalières pour s’en prendre aux touristes dès qu’ils ont dépassé Irun, La Jonquera ou Port Bou. Mais c’est en particulier le long de l’A7 (E15), qui relie la Catalogne au Valenciano, que les cas se multiplient. Déjà, l’an dernier, 140 vols ont été reportés aux consulats britanniques sur cette seule voie, et globalement les plaintes progressent encore cet été. Mais la plupart de celles et ceux ne s’étant vus dérobés que d’argent ou d’objets s’abstiennent de s’adresser à la police locale.

Le mode opératoire est simple. Soit les personnes sont à l’arrêt, sur une aire d’autoroute par exemple, et quelqu’un s’adresse à eux, parfois dans leur langue. Un complice dissimulé fait main basse sur tout ce qu’il peut subtiliser. Soit ils conduisent et une pierre impacte leur véhicule. Un autre véhicule s’arrête, le conducteur engage la conversation, et distrait l’attention tandis qu’un comparse opère.

La recrudescence des vols à l’arraché de bijoux, notamment des colliers, constatée en France et à Paris en particulier, souvent le fait de gamins agiles, est aussi constatée en Espagne. Mieux vaut, pour ces dames, s’abstenir d’en porter ou au moins de les dissimuler (avec un foulard pour les colliers). 

En voiture, les précautions sont relativement simples : toujours garder les portières verrouillées, relever les vitres, ne rien laisser quoi que ce soit de valeur exposé (et si possible placer passeports, portefeuilles, &c., soit dans une boîte à gants fermée à clef, soit dans le coffre lui aussi bouclé).

Mais cela ne suffit pas toujours. L’ambassade de France à Madrid a constaté « une recrudescence de vols opérés par de faux policiers. ». Des hommes munis d’un badge arrêtent les voitures, prétendent chercher des drogues, fouillent tout. En Catalogne, c’est principalement « des crevaisons provoquées » qui donnent l’occasion aux délinquants de s’emparer de tout ce qu’ils peuvent. L’ambassade conseille aussi, en cas de panne et d’appel à un garagiste depuis une borne, de se montrer vigilant. 

 

Rappelons aussi que, pour les ressortissants français, le laisser passer consulaire est facturé 23 euros (en cas de perte ou vol de ses documents d’identité, il convient de faire une déclaration à la police avant de se présenter au consulat pour obtenir ce viatique provisoire, souvent indispensable pour embarquer dans un aéroport).

L’autre aléa constaté vise les personnes revenant du Maroc en voiture. Il est assez souvent tenté de placer de la drogue dans les véhicules, qui seront pistés en Espagne. Par ailleurs, beaucoup de jeunes touristes français considèrent à tort que la consommation de stupéfiants est tolérée en Espagne. C’était plus ou moins le cas avant l’introduction du nouveau code pénal en 1995. Au mieux, on ne risque qu’une amende représentant trois fois le prix de la substance détenue. Au pire, c’est trois à neuf ans de détention et actuellement, 200 ressortissants français purgent des peines en Espagne ou se trouvent en détention provisoire dans l’attente d’un jugement. 

 

Notez aussi que le stationnement prohibé implique beaucoup plus souvent qu’en France une mise d’office à la fourrière. Chaque conducteur doit être muni d’un gilet fluorescent mais aussi de deux triangles de signalisation.

L’Espagne était pourtant l’un des pays européens où le taux de délinquance était parmi les plus bas en 2007. Bien sûr, ces taux, dans les divers pays, sont controversés. Globalement, l’Espagne reste une destination qui n’est pas plus dangereuse, pour les touristes, que tant d’autres. Mais bien évidemment, certaines régions et zones sont plus sûres que d’autres, et celles de grands afflux touristiques plus exposées.