Si les banques britanniques l’ont adopté ou s’y préparent, cela ne devrait guère tarder à gagner le continent, donc France, Belgique, Suisse… Non, il ne s’agit pas du scandale du Libor, de la manipulation des cours, du blanchiment d’argent sale : tout cela, c’est déjà continental. Mais de l’idée de faire supporter à la victime d’une escroquerie au moment de retirer de l’argent à un Dab (distributeur de billets automatique) ou après avoir réglé un commerçant par carte de crédit ou débit la preuve qu’il a bien pris toutes ses précautions au moment de le faire…
Croyez-en mes amères expériences, quand vous voyagez un peu au loin de votre domicile ou à l’étranger, disposer de deux cartes bancaires de débit ou crédit liés à deux comptes distincts est une précaution salutaire. Votre seuil hebdomadaire pour l’une ou l’autre peut être dépassé, l’une ou l’autre peut être bloquée par votre banque à titre préventif ou curatif, &c. Bien sûr, au moins pour celles émises en France et Allemagne, vous devez faire un petit effort de mémoire : les codes vous sont attribués et vous ne pouvez les choisir. Ce n’est pas plus mal.
Car, au Royaume-Uni, c’est différent : vous pouvez décider d’avoir le même code pour toutes vos cartes. Désormais, les banques peuvent décliner toute responsabilité en cas de mauvais usage dû à un code trop « transparent » (date de naissance, chiffres identiques, &c.). Mais ce n’est pas le pire…
Un malfrat vous aborde alors que vous vous apprêtez à retirer de l’argent à un distributeur automatique de billets. Il a par exemple une affichette à la main et vous prie de l’aider à l’apposer. Distrait, selon le stade de l’opération, et le distributeur, vous pouvez vous retrouver privé de l’argent du montant voulu retiré, et prestement subtilisé, voire de la totalité de la somme pouvant être retirée en une seule fois. En effet, certains distributeurs, si vous validez sans avoir choisi une somme, vous servent le maximum. Les escrocs le savent… Cela m’est arrivé, je n’ai perdu que 40&bnsp;, négligé de porter plainte, et renoncé à engager un recours auprès de mon agence bancaire.
Autre cas de figure : à la caisse d’une supérette, ou d’un hypermarché, vous êtes encombré par vos emplettes qu’il vous faut enfourner dans poches ou sacs, et malencontreusement, vous posez votre carte bancaire. Hop, elle est subtilisée en un tour de main. Peu grave, enfin, beaucoup moins, si le fuyard n’a pas réussi à distinguer quelles touches vous saisissiez pour régler vos achats. Si c’était le cas, soyez sûr que votre carte fera le tour de quelques distributeurs de proximité ou autres.
Là, il vous est possible de porter plainte, et de négocier avec votre banque. En France, certes, mais déjà plus au Royaume-Uni pour les clients de Santander, et bientôt pour l’ensemble des clients des établissements bancaires. Ils pourront faire consulter les caméras de surveillance et vous rétorquer que vous n’avez pas pris suffisamment de précautions au moment d’entrer votre code…
Les banques veulent aussi propager l’usage des téléphones portables pour régler des achats. Là encore, outre-Manche, attention. Si vous n’avez pas activé un code pour bloquer votre téléphone, vous êtes responsable de ce qui peut survenir. Là encore, le code ne doit pas être trop facilement décelable par un tiers.
Bien sûr, selon le Daily Mail, bien peu de déposants ont été avertis ou le seront. Et pour les nouvelles émissions, il faudra lire scrupuleusement les petits caractères des conditions générales des contrats.
Surtout, bien évidemment, ne consignez pas vos codes Pin ou détails de comptes bancaires dans la mémoire de votre téléphone. Cela vaut déjà pour la France… Les codes doivent rester secrets, être mémorisés, et ne pas être susceptibles de figurer, bien sûr sur les cartes de crédit ou débit, mais même dans un objet (portemonnaie, portefeuille…) susceptible de vous être volé.
En fait, un peu partout dans le monde (9 % de pire au Royaume-Uni de janvier à juillet dernier), les escroqueries bancaires et en particulier recourant à l’usage de cartes, augmentent chaque année. Quant à l’augmentation des escroqueries dues au « pishing » (votre numéro de carte ou de compte vous est extorquée en ligne), la hausse frôle à présent les 25 % annuels.
Du coup, les banquiers se rattrapent comme ils le peuvent.
De toute façon, restez très vigilants. Certes, les conséquences d’une fraude ou escroquerie peuvent être amorties par votre banque si vous portez plainte, mais les inconvénients immédiats peuvent être lourds.