Selon Laurent Mauduit, de Mediapart, l’affaire Tapie se corse avec la saisie d’une lettre d’Éric Woerth, ancien ministre du Budget, adressée aux avocats de Bernard Tapie. Elle suggère une transaction favorable à Tapie mais ce dernier la trouve insuffisante et fait intervenir Guéant.

La lettre d’Éric Woerth aux avocat de Tapie remonterait au mois d’avril 2009, plus d’un semestre après l’arbitrage. Elle confirme que le dossier fiscal des époux Tapie n’a pas été traitée par la Direction générale des affaires publiques d’alors (ex-direction générale des impôts) mais par Jean-Luc Tavernier, directeur du cabinet d’Éric Woerth.

Éric Woerth se faisait un plaisir que le fisc ne réclamerait à Tapie que 12 millions d’euros, soit seulement un dixième de ce que, selon divers calculs, il aurait dû normalement régler.

Claude Guéant aurait postérieurement, en mai 2009, de nouveau reçu Tapie. Car ces 12 millions d’euros lui semblent encore trop. Il s’agit de faire comprendre à Woerth qu’il lui faut suivre à la lettre les recommandations de Tapie.

Dans un enregistrement, Tapie indique qu’il a expliqué le topo lui étant favorable à Jean-Luc Tavernier, mais que ce dernier ne le suit que trop partiellement.

Tapie, parlant de Woerth, conclut : « Bon, comme il a pas compris, on va lui faire comprendre. Vous allez voir, ça va pas être très long. ».

Plus tard, le fisc renonçait à poursuivre Tapie en justice pour recouvrir 15 millions d’euros d’arriérés d’impôts qui couraient depuis 1992-1993. On se remémorera les écrits inoubliables de Tapie dans son livre comme quoi le contribuable avait profité de l’arbitrage lui étant très favorable.

Contrairement à Christine Lagarde, Claude Guéant ne peut guère soutenir qu’il a été abusé par un fonctionnaire ou un membre d’un cabinet ministériel. Bernard Tapie est à présent placé sous contrôle judiciaire. À qui le tour ? 

Alors que « le Cahuzac UMP des Yvelines », Pierre Bédier, vient de recevoir le soutien du clan Fillon (voir notre autre article), on comprend mieux pourquoi de Copé ou de Fillon ou d’autres, personne ne tient à faire le bilan des affaires du précédent quinquennat.