Curieusement, même si ce n’est pas au même rythme que certains de nos partenaires Européens, le nombre de nouvelles entreprises augmente dans un pays qui supprime des emplois. Personne ne s’intéresse aux drames très souvent liés à cette création. Les méthodes et les formations se multiplient pour enseigner aux candidats comment « gérer », comment "travailler" en remplissant un nombre incalculable de paperasses inutiles, comment ne pas oublier la Solidarité en reversant la TVA au Trésor Public, et le Social en réglant les cotisations à l’URSSAF. Vous serez un bon gestionnaire en trois jours de formation à la Chambre de Commerce et d’Industrie, vous saurez comment demander sans réussite de l’argent à votre banquier, comment faire une facture sans en être payé, et comment effectuer la Déclaration d’embauche d’un « employé » promesse de soucis futurs. Un véritable apprentissage pour candidats entrepreneurs dispensé souvent par des hommes et femmes n’ayant jamais vécu d'expérience en entreprise. Il ne vous sera pas trop enseigné dans quel environnement légal vous pénétrez. Les témoignages de « créateurs » sont édifiants, parfois drôles et heureux.

 

 

A côté des véritables projets de création, se greffent d’autres histoires plus tristes. La montée de l’esclavage, le vrai, pas celui de quelques vendangeurs non payés de leurs heures supplémentaires. L’esclavage c’est aussi les nombreux petits patrons, les chauffeurs propriétaires de leur poids lourds qui ne s’en sortent plus entre le prix de l'essence et le remboursement de leurs traites, des petits boulangers travaillant au mois d’août juste pour pouvoir s'acquitter du loyer et des congés payés des ouvriers, eux partis en vacances, des chauffeurs de taxis locataires de leur taxi, des hommes et femmes ne comptant pas leurs heures de labeur pour un revenu très faible. Ce sont des « patrons », des « indépendants » ils ne dépendent plus de nous, ils n’ont plus ni droit aux allocations, ni aux aides en cas d’échec.

 

Pourtant ces « créateurs » arrangent bien le système. Ni chômeurs, ni bénéficiaires des ASSEDIC, ils nourrissent quand ils le peuvent le pays de leurs contributions. Ils sont cruellement absents des discours de nos hommes politiques et même des représentants patronaux. Citons néanmoins un homme certes peu ami avec l’idée de la  Libre Entreprise, Maxime Gremetz du Groupe communiste, « Notre homme (le créateur indépendant) est libre de travailler 60 heures par semaine, libre de rester à la maison sans salaire si M.Lefric ne lui concède pas de marché, libre ou non d’accepter les tarifs de M.Lefric ; libre de ne pas respecter les règles de sécurité. Les vendeuses deviennent des « gérantes », les hommes ou femmes de ménage, les cuisiniers « des prestataires de services ». La création d’entreprise n’est parfois qu’un piège à la marginalisation et un moyen de faire chuter statistiquement le chômage en augmentant la précarité de quelques-uns dont la vocation à créer et gérer une entreprise n’est qu’un écran de fumée.