Entre Obama et Nétanyahou,

rien n’allait plus.

Depuis qu’Obama a déclaré qu’Israël devrait considérer les frontières de 1967 pour une paix avec les Palestiniens, sur la base d’une révision des frontières issues de la guerre des Six jours, rien n’allait plus entre lui et Nétanyahou. Il faut dire qu’il a poussé le bouchon un peu loin, aucun président des États-Unis n’avait osé avancer un tel argument de paix mais devait en penser pas moins ! L’Orient LE JOUR.com titre : Nétenyahou inflige un camouflet à Obama.

Document l’Orient LE JOUR. com. Cette photo montre bien le visage tendu de Nétenyahou et l’attention d’Obama qui se sont entretenus pendant deux heures à la Maison Blanche, Jim Young/Reuters.

Pour Nétanyahou, si Israël est prêt à faire des compromis généreux pour la paix, il ne peut pas revenir aux lignes de 1967, car ces lignes sont indéfendables, pour Obama, «une paix fondée sur des illusions s’écrasera en définitive sur les rochers de la réalité du Moyen-Orient. La seule paix durable sera fondée sur la réalité, des faits intangibles». Pour qu’il y ait la paix, «les Palestiniens devront accepter certaines réalités fondamentales». Nous n’avons pas beaucoup de marge d’erreur, parce que, «M. le président, (Nétenyahou), l’histoire ne donnera pas une nouvelle chance aux juifs», a-t-il continué. Sans même évoquer le problème de Jérusalem Est occupée et annexée, le retour aux frontières de 1967 conduirait à l’évacuation de 300.000 Israéliens des colonies de Cisjordanie. Colonies implantées en dehors de toute illégalité internationales.

La Résolution 242, 1967, des Nations unies demanda à Israël de se retirer «des territoires occupés», version officielle Française, ou «from occupied territories», version officielle Anglaise. De plus, l’article 35 de la charte des Nations unies interdit toute modification des frontières par la force. Selon cette Résolution, l’occupation elle-même est illégale, la colonisation l’est dans tous les cas, quelle que soit la nature de l’occupation. Même si la fixation des frontières n’a pas été faite par l’ONU en 1949, mais par les lignes de cessez-le-feu nées de la guerre des Six jours, l’ONU considère donc ces lignes comme constitutives de frontières de fait, «sous réserve d’accords modificatifs entre les parties». Concernant les colonies proprement dites, la quatrième Convention de Genève 1949 interdit l’implantation de populations nouvelles dans un territoire conquis suite à un conflit (art. 49: « La Puissance occupante ne pourra procéder […] au transfert d’une partie de sa population civile dans le territoire occupé par elle »). Ce qui fonde la condamnation des colonies Israéliennes par l’ONU. Voir Territoires palestiniens occupés – IVème Convention de Genève. Mais, c’est du papier seule la puissance des armes prime.

C’est donc la grande affaire du moment, le refus de Nétenyahou est catégorique, il oblige Obama à dire que ses propos ont été mal interprétés, en fait il temporise, ou tout au moins à clarifier ses idées. C’est lors d’un discours le dimanche 22 mai devant le Congrès annuel du principal lobby pro-israélien aux États-Unis l’APAIC, l’American Israël Public Affairs Committee, qu’il avait lancé pour la première fois la création d’un État palestinien dont les lignes seraient guidées sur les frontières de 1967, ce qui change tout. En d’autres termes, ce serait à partir de cette frontière que Palestiniens et Israéliens devraient négocier une frontière différente de celle qui existait le 4 juin 1967, tenant compte des «nouvelles réalités démographiques sur le terrain et des besoins des deux parties». M. Obama a observé que sa proposition sur les frontières de 1967 n’avait «rien de particulièrement originale» et que l’idée était discutée depuis longtemps par les parties. L’APAIC constitue un groupe de quelques 100.000 personnes pro-israéliennes et républicaines très influentes dont certaines avaient appelé à voter Obama. Un président Américain ne peut se mettre à dos ce lobby et pour assurer sa réélection Obama doit composer.

Par ailleurs Obama a envoyé au 10.000 congressistes un engagement ferme sur la volonté inébranlable pour l’Amérique de soutenir Israël et d’assurer sa sécurité. D’ailleurs, il a rappelé que l’aide financière Américaine à la défense d’Israël avait atteint sous son administration «des niveaux record». Il a souhaité le maintien, avec l’aide des États-Unis, de la «supériorité» de la force militaire Israélienne sur ses adversaires potentiels dans la région.

Le lundi 23 mai à Washington Nétenyahou devant ce même lobby a déclaré «la paix doit garantir la sécurité d’Israël et donc Israël ne peut revenir aux frontières indéfendables de 1967». Selon Le Monde.fr plusieurs protestataires ont estimés «inacceptable» la négation de la situation des Palestiniens mais leurs voix furent rapidement couvertes par les acclamations de l’assistance montrant ainsi que le sort des Palestiniens était le moindre de leurs soucis. Bien évidemment Nétenyahou a demandé aux Palestiniens la reconnaissance de son État comme État juif. Pour ceux-ci cela reviendrait à admettre qu’ils sont pour certains des terroristes et à renoncer au retour des réfugiés Palestiniens. Pour Nétenyahou, «ceux qui soutiennent les Palestiniens sont peu nombreux, la question du soutien à Israël ne divise pas l’Amérique. Elle unit les jeunes et les vieux, les libéraux et les conservateurs, les démocrates et les républicains».

Le mardi 24 mai, Nétenyahou s’est adressé devant le Congrès Américain à majorité républicaine pour présenter une «vision pour une paix Israélo-palestinienne sécurisée» selon les propos qu’il avait prononcés devant l’Apaic. Il fut acclamé par le Congrès lors d’un discours sans concession pour le processus de paix tout en promettant que son pays serait généreux quand à la taille mais très ferme quand aux frontières de l’État palestinien, l’intégralité du discours en Français. On voit bien l’hégémonie Israélienne quand il emploie les mots généreux quand à la taille, en fait c’est Israël qui construit l’État palestinien.

«Nous reconnaissons qu’un État palestinien doit être suffisamment grand pour être viable, indépendant et prospère», Al-Oufock. Quand à Jérusalem Est, Nétenyahou est inébranlable, «Israël ne permettra jamais de diviser Jérusalem qui restera toujours la capitale de l’État hébreux». Pour lui, Israël est le seul État démocratique qui a protégé la liberté de conscience, ou à la fois juifs, chrétiens, musulmans ont pu prier librement, c’était lorsque Jérusalem était sous contrôle Israélien ! Quand à la reconnaissance par l’ONU d’un État palestinien, Israël s’y opposera, déclarant que cette tentative Palestinienne n’apportera pas la paix. La paix ne peut être imposée que par des négociations. La presse Israélienne clame qu’il a fait le discours de sa vie, mais ce n’est pas pour autant qu’il obtient une majorité de satisfaits. Au sein de sa coalition et même de son parti le Likoud, des mises en garde s’élèvent de ceux qui rejettent toute concession et qui ne veulent pas entendre parler d’État palestinien. C’est le cas du député Dany Danon qui considère que le Hamas au pouvoir à Gaza tirera des missiles dans le sud d’Israël qu’il ait un État ou pas. Benyanin Nétenyahou est aussi critiqué par l’opposition centriste Kadima ou les travaillistes lui reprochent de manquer d’audace.

Mais les Palestiniens restent déterminés à demander la reconnaissance en septembre de leur État par l’ONU, et cela sur les frontières de 1967, mais ne pas le proclamer unilatéralement. C’est un responsable du Fatha à Moscou Azzam Al-Amhad responsable du dossier de la réconciliation avec le Hamas au sein du Fatah, qui le 24 mai assure que la Russie y serait favorable. «Nous allons vers les Nations unies pour réclamer l’adhésion de l’État de Palestine et sa reconnaissance sur les frontières de 1967, mais nous ne considérons pas cela comme une action unilatérale», a-t-il indiqué.

Quelles sont les concessions qu’Israël pourrait faire aux Palestiniens, d’après le site Al-Oufock, Nétenyahou serait près à l’abandon des terres bibliques aux yeux des juifs pour une paix avec les Palestiniens. «Je suis prêt à des compromis douloureux pour parvenir à cette paix historique. Il en va de ma responsabilité en tant que dirigeant d’Israël», a déclaré Netanyahu devant le Congrès américain, un discours rejeté aussitôt par les dirigeants palestiniens.                                   «Ce n’est pas facile pour moi. Ce n’est pas facile parce que j’admets que, dans une paix véritable, il nous sera exigé d’abandonner des parties de la terre juive ancestrale», a-t-il dit, faisant allusion à la Cisjordanie, appelée Judée-Samarie par les juifs.                                                                                                    Quand au problème des réfugiés Palestiniens de la guerre de 1948, ce problème devrait être résolu hors des frontières d’Israël.

Devant ces prises de position catégoriques que peuvent espérer les Palestiniens ? La reconnaissance par l’ONU d’un État palestinien ne résoudra rien, ce ne peut être qu’un État virtuel, un État de papier. Nétenyahou pourrait-il faire d’autres concessions, peut être, mais pas celles exigées par les Palestiniens. Quels sont leurs possibilités, accepter ce qu’Israël est prêt à faire, ou conquérir pas la force armée les territoires qu’ils réclament, mais là c’est la guerre ! Alors, le mieux ne serait-il pas de mettre un peu d’eau dans son vin ?

Selon RIANOVOSTI, les Palestiniens approuveraient la position d’Obama de considérer les frontières de 1967 comme base de négociation en règlement du conflit avec les Israéliens. C’est le secrétaire du Comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine OLP, Yasser Abel Rabbo qui déclare à l’issue d’une réunion avec les dirigeants Palestiniens à Ramallah que le futur État palestinien doit avoir une frontière commune avec la Jordanie, l’Égypte et Israël.