Dans son rapport annuel sur les "Ressources en réserve" publié le 30 juillet dernier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) remet une nouvelle fois à l’ordre du jour les bénéfices de la séquestration géologique du dioxyde de carbone et de la gazéification du charbon dans le cadre des négociations internationales sur le climat. Des technologies indispensables au regard des réserves abondantes de charbon encore disponibles, et du nombre de centrales thermiques en activité et en projet à l’heure actuelle à l’échelle internationale.
Les combustibles fossiles (charbon en tête) dominent l’approvisionnement en énergie primaire mondiale et leurs ressources sont encore aujourd’hui suffisantes et accessibles pour poursuivre dans ce sens tout au long du 21ième siècle. Cette abondance, ajoutée à un coût de production relativement faible en font des éléments incontournables pour les décennies à venir et cela malgré les implications sociétales et écologiques que pose la question de leur utilisation sur le long terme.
Si leur exploitation diminuera au fur et à mesure au profit des énergies décarbonées, comme le solaire, l’éolien ou le nucléaire, elle représentera toujours une part significative du mix énergétique mondial d’ici à 2050 et doit donc être adaptée elle aussi aux nouveaux enjeux climatiques. De nombreux pays développés ou émergents comme la Chine, l’Inde, l’Allemagne ou la Pologne, ne semblent pas en position de renoncer au charbon et les technologies de décarbonisation des fumées s’avéreront alors plus que nécessaires dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Il est urgent dans un tel contexte pour l’AIE de renforcer la recherche technologique et le déploiement des nouveaux moyens de réduction des émissions des gaz à effet de serre comme les dispositifs de captage/stockage du CO2 ou de gazéification du charbon intégré. L’AIE encourage vivement les gouvernements à accélérer leur développement via la mise en place d’aides publiques et l’instauration d’un cadre réglementaire favorable dans les secteurs de l’industrie et de l’énergie. "Des mesures incitatives et attractives doivent être mises en place pour que le déploiement à grande échelle de ces technologies devienne une réalité à long terme", précise l’AIE dans son rapport.
Pour autant, ces techniques, assez coûteuses, n’ont pas jusqu’à présent suscité l’enthousiasme des exploitants comme des gouvernements et commencent seulement à se développer. On peut citer ici l’exemple du Japon qui, fortement dépendant du charbon depuis l’arrêt de son parc nucléaire en 2013, a annoncé cette semaine la réalisation d’ici à 2020 de deux nouvelles tranches de production au charbon équipées de la technologie IGCC (cycle combiné de gazéification de charbon intégrée).
En France, le groupe EDF s’est associé avec l’industriel Alstom et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) afin de tester depuis 2013 un nouveau procédé de captage de CO2 sur la centrale à charbon du Havre en Seine-Maritime.
Mais malgré ces quelques exemples, très peu de centrales sont à ce jour équipées. Elles ne sont que 13 dont 9 en Amérique du Nord et près d’une cinquantaine en projet à l’échelle mondiale.
Crédits photo : Jannick Jérémy