LA VISITE DE NICOLAS SARKOZY EN TUNISIE

NICOLAS SARKOZY a prononcé, lors d’une visite d’Etat, son discours de Tunis sur la Méditerranée. S’agit-il d’un tournant dans les rapports entre les deux rives? On peut en douter tant les changements promis, annoncés, sont marginaux au regard des principes démocratiques, qui n’y ont aucune place.
L’ambition du président français est claire : imprimer sa marque en relançant le processus euroméditerranéen initié à Barcelone. Au service du parachèvement d’une zone de libre-échange et de la construction de toujours davantage de barrières contre les migrants, l’Euromed prend ainsi le nouveau nom d’Union « de » ou « pour » la Méditerranée. Et sa finalité affichée est d’associer les peuples à l’édification d’un ensemble économique partagé. Les moyens d’y parvenir sont la concrétisation de projets communs aussi nécessaires que l’accès égal à un enseignement de qualité, la recherche d’énergies de substitution et la dépollution de la mer.
La démarche puise son efficacité prétendue dans l’expérience de l’édification de l’Europe. N’est-ce pas en effet la communauté du charbon et de l’acier qui avait frayé le chemin à l’Union européenne? Oui, mais une différence de taille sépare le Vieux continent de l’Afrique et du Moyen-Orient. Les accords commerciaux inter et intra-européens sont établis sous des régimes politiques comparables. Les relations euroméditerranéennes, en revanche, reposent sur des rapports entre des Etats démocratiques et d’autres qui ne le sont guère.
C’est pourquoi il est à craindre que l’impulsion de Nicolas Sarkozy en Méditerranée n’inscrive le changement dans la forme et la continuité dans le fond. Associées à la marge de leurs propres affaires, les populations risque ainsi de rester sur leur faim.
La circulation des marchandises conserverait donc sa primauté sur celle des hommes et sur celle des idées. Il serait pourtant temps que la devise de Jacques C?ur, qui fit naguère de Montpellier le centre d’un commerce transméditerranéen florissant, s’applique non plus seulement aux finances, ni uniquement à l’enseignement et à l’écologie, mais aussi à la politique, par l’intermédiaire du respect des droits de l’homme et l’institution d’Etats de droit. Le président français peut y contribuer, en infléchissant son projet méditerranéen dans ce sens. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’ingérence, les pays riverains se sont eux-mêmes engagés à respecter ces principes politiques. Avec Nicolas Sarkozy, l’hypocrisie mercantile euroméditerranéenne a toutefois de beaux jours devant elle.
 
W.S. 

LA VISITE DE NICOLAS SARKOZY EN TUNISIE

NICOLAS SARKOZY a prononcé, lors d’une visite d’Etat, son discours de Tunis sur la Méditerranée. S’agit-il d’un tournant dans les rapports entre les deux rives? On peut en douter tant les changements promis, annoncés, sont marginaux au regard des principes démocratiques, qui n’y ont aucune place.
L’ambition du président français est claire : imprimer sa marque en relançant le processus euroméditerranéen initié à Barcelone. Au service du parachèvement d’une zone de libre-échange et de la construction de toujours davantage de barrières contre les migrants, l’Euromed prend ainsi le nouveau nom d’Union « de » ou « pour » la Méditerranée. Et sa finalité affichée est d’associer les peuples à l’édification d’un ensemble économique partagé. Les moyens d’y parvenir sont la concrétisation de projets communs aussi nécessaires que l’accès égal à un enseignement de qualité, la recherche d’énergies de substitution et la dépollution de la mer.
La démarche puise son efficacité prétendue dans l’expérience de l’édification de l’Europe. N’est-ce pas en effet la communauté du charbon et de l’acier qui avait frayé le chemin à l’Union européenne? Oui, mais une différence de taille sépare le Vieux continent de l’Afrique et du Moyen-Orient. Les accords commerciaux inter et intra-européens sont établis sous des régimes politiques comparables. Les relations euroméditerranéennes, en revanche, reposent sur des rapports entre des Etats démocratiques et d’autres qui ne le sont guère.
C’est pourquoi il est à craindre que l’impulsion de Nicolas Sarkozy en Méditerranée n’inscrive le changement dans la forme et la continuité dans le fond. Associées à la marge de leurs propres affaires, les populations risque ainsi de rester sur leur faim.
La circulation des marchandises conserverait donc sa primauté sur celle des hommes et sur celle des idées. Il serait pourtant temps que la devise de Jacques C?ur, qui fit naguère de Montpellier le centre d’un commerce transméditerranéen florissant, s’applique non plus seulement aux finances, ni uniquement à l’enseignement et à l’écologie, mais aussi à la politique, par l’intermédiaire du respect des droits de l’homme et l’institution d’Etats de droit. Le président français peut y contribuer, en infléchissant son projet méditerranéen dans ce sens. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’ingérence, les pays riverains se sont eux-mêmes engagés à respecter ces principes politiques. Avec Nicolas Sarkozy, l’hypocrisie mercantile euroméditerranéenne a toutefois de beaux jours devant elle.
 
W.S. 

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