« Emeutes en Grèce : et si c’était contagieux ? » titrait Marianne2, qui expliquait que « Depuis six jours, la Grèce vit en situation de quasi-guerre civile après la mort d’un garçon de 15 ans, tué par un policier. Une bavure policière qui a déclenché de violentes émeutes auxquelles viennent désormais se surajouter les conséquences sociales de la crise. Et si ça gagnait toute l’Europe ? (…)


Désormais, les dirigeants européens ont les yeux braqués sur la situation grecque. Inquiets de voir cette grogne s’étendre au reste de l’Europe.  Déjà à Rome et à Bologne, cinq policiers et un soldat ont été blessés mercredi lors d'affrontements avec des manifestants qui protestaient contre la mort du jeune grec tué samedi par un policier. A Madrid, quelque 200 personnes ont pris pour cible un poste de police, des magasins et des banques, et neuf personnes ont été arrêtées, selon la police. A Barcelone, une ressortissante grecque et un autre étranger dont la nationalité n'a pas été précisée ont été arrêtés lors d'une manifestation similaire. Deux policiers ont été légèrement blessés. D'autres manifestations ont dégénéré en affrontements avec la police, tandis qu'un inconnu a lancé un engin incendiaire mercredi soir contre le consulat de Grèce à Moscou. En France, deux véhicules ont été incendiés devant le consulat grec à Bordeaux. Des responsables socialistes, dont Laurent Fabius, n'ont pas exclu un effet tache d'huile en France et en Europe des manifestations violentes en Grèce. « Ce qu'on voit en Grèce n'est pas du tout malheureusement hors du champ de ce qui peut arriver en France », a dit l'ancien Premier ministre de François Mitterrand sur Europe 1. »

« Aujourd’hui, le peuple est en colère contre tout, contre la mort d’Alexis, contre la police, contre le gouvernement, contre les réformes… et nous, nous sommes le bouclier. (…) Je me demande si je ne serais pas mieux dans mon village, où je pourrais reprendre l’élevage des moutons et vivre tranquille. Surtout, je n’aurais plus ce sentiment de honte qui me ronge » déclare un policier grec » (Le Figaro, 22/12/08). Un autre policier (lui municipal), interviewé par la TV grecque, ne voyait pas la fin des émeutes. Il pensait que le conflit allait perdurer et s’étendre.

« Derrière le mot « réforme » du Premier ministre Caramanlis se cachent les privatisations, l’aventure boursière, la spéculation immobilière, les avantages sociaux supprimés, l’équipement des hôpitaux saisi par les créanciers, les enseignants et les infirmières privés de salaires, quelques familles qui se partagent la politique de père en fils et une génération nouvelle de diplômés qui trouve, au mieux, des emplois à 600 euros mensuels. Une société sans âme ni vision, dans laquelle centristes libéraux, socialistes affairistes et anciens révolutionnaires enrichis ou amortis ne laissent aucun espoir de réel changement sans révolution. Ici, la liberté de travailler le dimanche et jusqu’à soixante-dix ans, l’audiovisuel livré, dans le privé, aux amis du pouvoir et dans le public, à la discrétion du Président, les cliniques abandonnées aux fonds de pension ou d’investissement (…) Là-bas, toute une jeunesse qui se révolte, exigeant légitimement un avenir, et ici son double qui commence à apparaître, moins vite seulement parce que le processus de décomposition est moins avancé qu’à Athènes (…) L’on comprend, dans ces circonstances, la tentation qu’ont les jeunes révoltés de tout casser. Et l’on voit les provocateurs les inciter à le faire, pour conduire la révolte dans un cul-de-sac ou, pire, par le jeu provocation-répression, vers un système de fascisme universel formé de différentes variantes bonapartistes. » affirme Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès) qui ajoute : « Ce qui a lieu en Grèce pourrait bientôt se passer ici. »

A Paris, les manifestants solidaires de la cause des émeutiers grecs tagguent sur les murs : « étincelle à Athènes, incendie à Paris, c’est l’insurrection qui vient ». Les anarchistes, les extrémistes de tous bords, les provocateurs en tous genres semblent prêts à saisir le moindre prétexte pour en découdre avec le pouvoir en cette fin d’année 2008. « L’insurrection continue en Grèce. Si elle prend partout, on ne l’arrêtera jamais. C’est pourquoi nos médias maintiennent ces évènements historiques à l’arrière-plan ou inventent des spécificités grecques (jeunesse mal payée, corruption, réformes qui ne promettent que le pire mais c’est partout que les ordures nous gouvernent). Insistons sur quelques points : il ne s’agit pas d’une révolte d’une partie de la jeunesse mais bien de toute une population, de gens sans revendications ni représentants, mais dont nous partageons certainement les intentions (…) En cette période de crise, comme d’habitude, nos dirigeants nous présentent de nombreuses solutions parmi lesquelles ne figure pas celle de se passer d’eux. Ce sont les mêmes qui nous volent nos meilleures années et celles qui suivent ; ils continuent. Saisissons chaque occasion de rappeler la lutte exemplaire qui se déroule en Grèce. » (toulouse.indymedia)

Les occupations de nombreuses universités, lycées, postes de radios et journaux continuent en Grèce et un esprit de révolte se répand dans tout le pays – même Noël n’a pas fait tomber la mobilisation en Grèce –, mais les médias français et européens n’en ont cure. Ils font la sourde oreille, et parfois de la désinformation. Ils nous font croire que la crise est terminée ou en voie de résolution. Ils n’imaginent pas un instant que la guérilla urbaine qui sévit à Athènes et dans d’autres villes, pourrait s’exporter ailleurs. On assiste à un black-out médiatique sur toutes les lignes éditoriales. Comme si on voulait se cacher la face de peur que cela fasse tâche d’huile en France et en Europe. Comme si on avait peur d’exorciser les maux de la jeunesse ! Les médias font l’autruche et « se mettent la tête dans… » les autres événements qui font l’actualité, en privilégiant les faits divers et en ignorant ou en minimisant les sujets qui fâchent : les raids israéliens sur Gaza et le soulèvement populaire en Grèce. Aucun débat, aucun échange, aucune problématique ne courent sur les ondes.

Cela me fait penser à une prise d’otages à laquelle j’ai assisté en banlieue il y a quelques années, où de jeunes délinquants avaient séquestré les enfants d’un couple avec qui ils avaient eu des mots quelques jours auparavant. La police était intervenue, elle avait arrêté les jeunes et les avaient conduits au commissariat. Les locataires de l’immeuble où s’étaient déroulé le kidnapping – exaspérés par les agissements répétés de cette bande de voyous –, avaient déposé plainte collectivement contre ces méfaits. Or, le lendemain, à la stupéfaction générale, les jeunes étaient libres. La raison donnée par le commissaire de police était simple : c’est un ordre venu « d’en haut » de ne pas faire de remous car la situation est tendue avec les jeunes des quartiers (à l’époque on était en période électorale) !

Au lieu de faire de la prévention, de réunir les responsables des associations, des comités de quartier et les éducateurs de quartier, des CLSH ou sportifs pour dialoguer et éviter qu’à la moindre étincelle tout s’embrase – d’autant plus que nous sommes dans une situation de grave crise économique et de forte croissance du chômage –, nos politiques se terrent, à droite et à gauche refusant de prendre leurs responsabilités.

On ne veut pas voir les problèmes qui gangrènent notre société et surtout tenter de les résoudre les yeux dans les yeux. Nos politiques ont peur, la société a peur que cela recommence comme en octobre et novembre 2005. On craint que l ‘exemple de la Grèce ne se propage partout sur le vieux continent. On préfère ne rien faire excepté ajouter quelques milliers de policiers supplémentaires.

Personnellement, je crains fortement que cette fuite en avant n’augure rien de bon et que le déclencheur soit la nuit de la Saint-Sylvestre. Réveillons-nous ! si ce n’est déjà trop tard pour prendre les mesures de concertation qui s’imposent, car quelque chose me dit que cette date risque d’être le début d’une grande révolte des jeunes et des pauvres, que nous redoutons tous, même si bien évidemment nous ne la souhaitons pas. En effet, nous n’avons pas besoin d’un malheur supplémentaire après la grave crise économique qui lamine notre pouvoir d’achat, notre emploi et nos espoirs ! Les médias, les hommes politiques, le pouvoir économique en général porteront une lourde responsabilité si l’agitation grecque se propage comme une traînée de poudre dans nos quartiers.

MESSIEURS ET MESDAMES LES GOUVERNANTS, LES POLITIQUES ET LES MEDIAS ASSUMEZ VOTRE RÔLE. REAGISSEZ VITE POUR N’AVOIR ENSUITE AUCUN POIDS « MORTS » SUR LA CONSCIENCE !!!