Hostiles  à la modification de la constitution et meurtris par une pauvreté devenu endémique, les camerounais étaient descendus dans la rue en février 2008, pour manifester leur ras-le-bol. Des manifestations qui avaient durées près de quatre jours, et avaient couté la vie à plusieurs dizaines de jeunes. Aussi, en son temps, afin de dépolitiser l’affaire, les autorités camerounaises avaient vite fait de qualifier cette grogne d’ « émeutes de la faim ». C’est ainsi qu’au cours d’un conseil ministériel organisé quelques jours plus tard, le Président Paul Biya posera à l’endroit de son gouvernement une question pour le moins controversée : « Qu’avez-vous fait des revendications légitimes du peuple » ? Une façon sans doute pour lui de se dédouaner de l’affaire.

Toutefois, le président camerounais préconisera plusieurs mesures censées améliorer les conditions de vie des camerounais tels que la « baisse » du coût de certains produits de première nécessité et surtout une légère revalorisation du salaire des fonctionnaires. Seulement, sur le plan politique, l’homme fort de Yaoundé ne cédera aucune concession ; car l’article 6 de la constitution portant sur la limitation du mandat présidentiel sera modifié, au grand dam de toute l’opposition, et d’une franche partie de la société civile.

Cinq ans après, rien n’a bougé. Bien au contraire, les choses semblent aller de mal en pire : le chômage ne cesse progresser, les produits de première nécessité deviennent de plus en plus chers. Pire encore, les pénuries en eau et en électricité s’intensifient. Toutes choses qui ne cessent d’agacer les camerounais. Ces derniers jours, des incendies partis de bougies posés au chevet du lit pour éclairer la maison ont ravagé plusieurs familles à Douala et Yaoundé. Et, malgré la mise en service annoncée cette semaine de la centrale à gaz de Kribi, les délestages électriques continuent.

En l’état actuel des choses, tout semble réunit pour qu’une autre grogne comme celle de février 2008 soit vécu au Cameroun. Surtout quand on sait que l’actuel ministre de la Fonction Publique semble avoir gelé tout  recrutement à la fonction publique. Notamment celui des infirmiers et des instituteurs vacataires. C’est donc le lieu pour les autorités de Yaoundé de reprendre conscience, afin d’éviter que le pays ne vive une fois encore ce genre de chose. Surtout dans un tel contexte pré-électoral. Un homme averti en vaut deux !