Electrification du Sénégal

Un député de l'opposition au Sénégal a déclaré : "La Senelec (société d'état sénégalaise productrice d'électricité) doit avoir un concurrent". Une fausse bonne idée pour un vrai problème.

Nous savons tous que la Sénélec est gérée comme une pétaudière : personnel phlétorique, absence de stratégie à long terme, dépenses sans aucun rapport avec sa mission, avantages indus au personnel… Mais cela ne peut expliquer ses réelles difficultés.

Nous consommons peu d'électricité par tête d'habitant et la Sénélec ne parvient pourtant pas à la fournir. De très nombreuses zones ne sont pas encore desservies et la consommation par habitants devrait progresser automatiquement au fur et à mesure de l'augmentation des revenus; augmentation à souhaiter !  

Pour situer les augmentations prévisibles : le Sénégal consomme 1.9 billion de kWh, la Tunisie avec une population un peu inférieure consomme 11.2 billion de kWh et la consommation francaise est de 451.5 billion kWh pour 60 millions d'habitants ce qui, fait 75 billions de Kw/h pour environ 10 millions d'habitants. La marge de progression est donc énorme.

Les futures centrales annoncées comme devant résoudre tous les problèmes, ne résolvent en fait qu'une partie des manques d'aujourd'hui, en ne tenant compte ni des populations qui n'ont pas encore accès eu réseau ni de l'augmentation démographique (la population du Sénégal double tous les 27/28 ans). On peut prévoir que cette course entre besoins et production n'est pas près de s'arréter et pourrait durer des décennies.

Il n'existe que 2 solutions pour augmenter les capacités de production et de distribution : soit l'entreprise productrice finance soit l'état subventionne. Pour une entreprise, ces investissements colossaux ne peuvent être financés que par les bénéfices, D'où un rythme d'investissement très lent. Seul l'état peut contribuer à développer rapidement le réseau et la production en finançant les investissements.

Même en supposant que l'état soit géré de manière optimum (?), ses capacités d'investissement dans le domaine de l'énergie resteraient faibles en raison des multiples besoins et de ses finances très limitées. Un concurrent à la Sénélec ne résoudrait pas le problème. Un société privée concurrente ne s'intéresserait qu'aux zones urbaines, et délaisserait les zones non économiquement rentables. D'autres part, deux entreprises concurrentes dans un aussi petit pays augmenterait certainement les coûts de production.

La solution réside d'abord dans une saine gestion de la Sénélec et il y a du travail en perspective !  Pour commencer, l'état doit abandonner toutes formes de subvention à la consommation, gouffre où s'engloutissent nos maigres ressources et qui subventionne beaucoup plus les gros consommateurs que les autres.

L'état doit dissuader les grosses consommations domestiques en modulant les tarifs sur les grosses consommations à la hausse et non à la baisse comme aujourd'hui.

Ensuite dans un plan d'investissement doit être établis. Ce plan serait prioritaire, cohérent, réaliste, non renégociable et éxécuté coûte que coûte. 

Et, le plus important sans doute, l'état et tous les intervenants politiques doivent oser dire que le problème de l'électricité ne se résoudra pas par un miracle mais par l'enrichissement du Sénégal. Et, peut-être encore plus important, par l'enrichissement de tous les sénégalais, surtout des plus pauvres.

Le reste n'est que verbiage démagogique.

Une réflexion sur « Electrification du Sénégal »

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