Ils sont presque devenus des acteurs à part entière dans les processus électoraux en Afrique. Leur seule présence confère à ce scrutin un début de crédibilité. Ils sont mandatés par des organisations internationales, par des Etats amis, et surtout par des organisations non gouvernementales. Ces observateurs étrangers aux côtés de leurs confrères locaux ont pour lourde et délicate mission de veiller sur le processus électoral dans son ensemble, afin de dire dans leur rapport final si le scrutin s’est déroulé dans des conditions démocratiques.
Jusqu’ici, de nombreux africains voyaient en ces observateurs internationaux des hommes sérieux, qui pourraient les aider à mettre sur pied un processus électoral transparent et juste. Seulement, depuis quelques années, ces observateurs dits indépendants ne sont plus vu d’un bon œil par les Africains. Ceci, suite aux déclarations mensongères et partisanes que font régulièrement ces officiels. D’ailleurs, on est déjà habitué sur le continent à la rhétorique suivante : « le scrutin s’est déroulé dans le calme et la transparence ; les quelques irrégularités mineures observées se sont pas de nature à influencer la sincérité de ce vote… ». Même dans des pays où des cas de fraude ont été perpétrés à ciel ouvert, ces « missionnaires » n’ont généralement pas eu de honte à entonner leur même chanson.
Au lendemain du scrutin présidentiel du 09 octobre dernier au Cameroun, les observateurs de la Francophonie et du Commonwealth se sont précipité quelques minutes après le scrutin à reconnaître celui-ci comme libre et transparent, alors que l’on annonçait des morts d’hommes au Sud – Ouest du pays et à Bandjoun. Plus loin, de nombreux témoins ont relevé des cas de bourrage d’urnes dans certaines zones reculées du pays. Et comme pour confirmer leur impartialité, ces observateurs supposés indépendants se sont précipité le lundi 10 octobre à aller dire merci au président candidat Paul Biya au palais de l’unité. De quel merci s’agissait – il ? Pourquoi ?
Même la France, sans doute influencée par les déclarations de ces « fantoches » s’était précipitée lui aussi à reconnaître ce scrutin comme libre et transparent. Il a fallu qu’elle prenne le temps de recouper suffisamment d’informations, afin de revoir sa position. En effet, sur les antennes de la Radio France Internationale, un porte parole du ministère français de la coopération a reconnu ce samedi 22 octobre que le scrutin du 09 octobre dernier au Cameroun était entachées d’irrégularités graves. Aussi, l’officiel français a invité les autorités camerounaises à mettre sur pied des reformes tenant en compte les aspirations légitimes du peuple camerounais. Un revirement à 180° de la France qui rejoint la position de plusieurs observateurs nationaux et surtout celles des Etats-Unis qui ont trouvé cette élection ni transparente, ni crédible. D’ailleurs, le faible taux de participation l’atteste clairement.
Face à cette attitude pour le moins irresponsable de ces observateurs internationaux, de nombreux camerounais gardent un très mauvais souvenir d’eux, et surtout de l’ex-président Burundais Pierre BUYUYA qui a été le premier à saluer le bon déroulement du vote alors qu’il n’avait même pas encore le rapport de certains de ses collaborateurs déployés dans le pays profond.