Distrubution spatiale des séismes des 28 et 29 Septembre 2011.


En moins de 36 heures, de mercredi 28 Septembre 00 h 00, – heure locale -, à jeudi 29 Septembre à 08 h 00, dans un axe Nord-Nord-Ouest/Sud-Sud-Est, – Montañas de Julan/ Seamount localisé à environ 2 kilomètres au Sud-Sud-Ouest de la Restinga et culminant à -370 mètres -, un total de 67 séismes d’origine sous-marine, de magnitude locale, – ML -, comprise entre 1.6 et 3.9, ont secoué l’île de El Hierro. La magnitude la plus élevée a été enregistrée à 07 h 28, ce jeudi et a atteint la magnitude 3.9. Il a été localisé, par le Centre Sismologique Euro-Méditerranéen, latitude 27.67° Nord et longitude 18.06° Ouest, hypocentre à 16 kilomètres de profondeur, à 3 kilomètres au large de la côte Sud-Ouest. Il a été immédiatement suivi d’un second tremblement de terre de magnitude ML 3.2.

 

Un bâti volcanique étant généralement instable, des risques d’éboulements associés aux aléas séismiques pouvant se produire, les autorités canariennes ont, par prévention, évacué 53 habitants, sur les 300 initialement prévus, des hameaux El Lunchón, Los Corchos, Pie Risco et Guinea, quartiers les plus exposés de l’agglomération de Las Puntas. En cas de pluie ou de conditions météorologiques défavorables, ces zones coïncident avec celles les plus touchées par les glissements de terrain. En outre, elles ont interdit toute circulation sous le tunnel del Roquillo reliant les communes de Valverde et Frontera et elles ont maintenu la fermeture des établissements scolaires îliens.

 

L’enseignement a retenir de ces essaims séismiques.

 

Dès le 19 Juillet 2011, début de la crise sismique, plus de 8.750 tremblements de terre ont affecté, dans un axe Nord/Sud englobant les régions d’El Golfo, des Montañas de Julan et de la Punta de Orchilla à celle de Rastinga, toute la partie occidentale de l’île de El Hierro.

 

Jusqu’au 23 Septembre, bien que de volume élevé, la sismicité, de magnitude locale faible, est restée au stade de microséismes, 2.0 ± 0.5 sur l’échelle de Richter. Depuis, la magnitude des tremblements de terre est en croissance et la profondeur focale des hypocentres est parallèlement croissante passant d’une profondeur comprise entre 9 et 16 kilomètres à une profondeur évolutive entre 12 et 25 kilomètres.

 

Outre le fait qu’une inflation du sol a pu être estimée à environ 1 à 3 centimètres depuis le 24 Août, que le dégazage annonce un accroissement du taux de dioxyde de carbone, – CO2-, que la température de l’eau s’est élevée de quelques deux dixièmes de degré et que le magma serait en mouvement sous le niveau basal de El Hierro, – probablement en direction d’une éventuelle chambre magmatique -, il est surprenant que la profondeur des foyers séismo-volcaniques, avant une probable éruption, soit en évolution croissante et non point le contraire qui est, lors, annonciateur de la montée du magma et d’une éruption imminente.


Enfin, les tremblements de terre se produisent dans un corridor Nord/Sud coïncidant avec les précédentes éruptions volcaniques connues ou ayant pu être datées par le radiocarbone. Cela laisserait-il présager la réactivation d’une importante fissure éruptive fossile d’âge Pléistocène ? Peut-être ? Ou peut-être pas ? D’autant que l’Île de Tenerife et le volcan El Teide, en 2004, ont connu une semblable crise sans qu’aucune éruption volcanique n’ait eu lieu.

 

Les signes, sur le terrain, d’une éruption sous-marine imminente ?

 

Les plongeurs de La Restinga, au Sud-Sud-Ouest de El Hierro, au cours d’exercices quotidiens de plongée en eaux profondes afin de rechercher des traces de dioxyde de carbone résultant du dégazage et de mesurer la température de l’eau, entendent, à quelques 2 à 3 kilomètres de la côte restingaise, en surplomb du « seamount(1) » le plus proche de la Punta de Restinga, des grondements et des rugissements, – entre 17 et 25 par heure -, comme si la roche se brisait sans pouvoir toutefois s’ouvrir pour laisser s’échapper le magma.

 

Parallèlement, non seulement le nombre de tremblements de terre, ainsi que leur intensité, est en constante augmentation, il a pu être constaté que l’île de El Hierro s’est étendue, de septentrion au midi, d’environ quatre pouces, – 10/11 centimètres -, et le flux de dioxyde de carbone, remontant du sous-sol, a triplé en deux mois, mais ce taux, largement inférieur à celui annonciateur d’une éruption, n’est pas révélateur d’une éventuelle fièvre vulcanienne imminente.

 

Malheureusement, la psychose, générée par les médias prédisant un effondrement conséquent soit sur l’Île de El Hierro, soit sur celle de La Palma, qui provoquerait un tsunami cataclysmique qui dévasterait les côtes américaines et toute la Macaronésie, pousse certaines personnes à véhiculer des propos d’une extrême incohérence tels « …une éruption volcanique s’est produite à l’Ouest… », « …des gens ont recueilli des restes de lave récente mais… elles n’ont pas vu de volcan en incandescence… », etc. etc. etc.

 

En conclusion.

 

Il ne fait point de doute que des glissements de terrain, en regard de la crise séismique qui se perpétue depuis le 19 Juillet, la magnitude et l’intensité des séismes augmentant, se produiront dans les régions septentrionales et occidentales de l’Île de El Hierro à plus ou moins brève échéance.

 

Il peut aussi paraître probable qu’une éruption volcanique, de même à plus ou moins brève échéance, les craquements et les « rugissements » étant entendus et ressentis en milieu marin, ait lieu au large de la Punta de Restinga, dans la mer de las Calmas, une éruption qui devrait être sans aucun danger apparent pour la population locale.

 

Notes.

 

(1) Seamount : Mont ou volcan sous-marin

 

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