L’activité volcanique se répartit, inégalement, à la surface du globe, sur les continents, les îles océaniques et les fonds marins. Certaines chaînes vulcaniennes se situent aux frontières de plaques, – limites divergentes et volcanisme de dorsale ; limites convergentes et volcanisme de zone de subduction -, et d’autres à l’intérieur des plaques, – volcanisme intra-plaque -.

 

Le volcanisme de point chaud est un volcanisme intraplaque, qui se localise principalement, mais pas exclusivement, sur la lithosphère océanique. Pour des raisons encore mal comprises, en certains points à la base du manteau supérieur, une concentration locale de chaleur amène une fusion partielle du matériel : un « hot spot. ». La plaque lithosphérique se déplaçant et la position « hot spot » restant fixe, une chaîne de bâtis volcaniques, en milieu océanique une chaîne de monts sous-marins et d’îles, se forme : la chaîne de l’Empereur dont les îles Hawaii en sont sont extrémité la plus récente.

 

Schéma du volcanisme de point chaud.

 

Les îles Canaries doivent leur formation à l’existence vraisemblable d’un point chaud mais la présence d’une marge continentale proche, liée à la lenteur de la plaque africaine, – en rotation senestre à une vitesse relative de déplacement de 1 centimètre par an -, et son adjacence à une région d’intense déformation active comprenant les montagnes de l’Atlas, – une partie de la ceinture orogénique alpine -, ont modifié les processus habituels de genèse des archipels de « hotspot. »


Les Îles Canaries, composées de sept grandes îles volcaniques et de plusieurs îlots, forment une chaîne qui s’étend sur environ 500 kilomètres à travers l’Atlantique Est, entre les latitudes 27 ° Nord et 30 ° Nord, avec sa bordure orientale à seulement 100 kilomètres de la côte Nord-Ouest africaine. Elles se sont conceptualisées dans un contexte géodynamique caractérisé de lithosphère Jurassique océanique formée au cours de la première étape de l’ouverture de l’Océan Atlantique, – 180 à 150 millions d’années -.


L’archipel canarien a commencé à émerger, des fonds océaniques, suite à l’activité magmatique d’un panache mantellique. Le processus de formation débute à l’époque Miocène, il y a environ 23 millions d’années. Les îles les plus anciennes sont Fuerteventura, – 20,6 millions d’années -, Lanzarote, – 15,5 millions d’années -, Gran Canaria, – 14,5 millions d’années -, La Gomera, – 12 millions d’années -, et Tenerife, –11,6 millions d’années -, et les îles les plus récentes en sont La Palma, – 1,77 millions d’années -, et El Hierro, –1,12 millions d’années -.

 

Le stratovolcan Le Teide sur l’île de Tenerife.


Les données géologiques afférentes aux îles Canaries, comme pour l’archipel hawaïen, montrent que les étapes sous-marines sont suivies par la construction de volcans-boucliers, leur érosion et leur rajeunissement :

monts sous-marins et émergences, contenant des sédiments océaniques, des roches volcaniques, – principalement des basaltes alcalins en coussins basaltiques et hyaloclastites -, et des essaims de dykes mafiques et ultramafiques intrusions plutoniques qui forment les noyaux de ces îles ;

– volcans-boucliers caractérisés par des basaltes alcalins subaériens basaltes alcalins et des flux de lave trachybasaltiques ;

– baisse de l’activité vulcaniennes se traduisant par de longues périodes d’endormissement ponctuées par des reprises intermittentes de déversements laviques composés de roches trachytiques et phonolitiques :

– phases stromboliennes(1) de rajeunissement explosif déversant des néphélinites, des basanites et des flux de lave basaltiques.

 

Ligne de cônes strombolien au Parc National de Timanfaya associée à la phase de rajeunissement de Lanzarote.

 

Les étapes successives sont souvent séparées les unes des autres par des écarts de temps de plusieurs millions d’années et, parfois, d’écarts de temps au sein d’une même étape. En outre, le paysage volcanique des îles Canaries se caractérise par des structures d’effondrement :

– des caldeiras d’effondrement vertical ; la Caldera de Tejeda à Gran Canaria,l e Tinor-San Andres sur El Hietto ;

– des escarpements consécutifs à des effondrements gravitationnels générant des baies : El Golfo, Julan, San Andres et Las Playas sur El Hierro ;

– et des zones de rift connues, localement, comme « dorsales » : le volcan Cumbre Vieja à La Palma.

 

 

 

Notes .

 

(1) Une éruption strombolienne, tirant son nom du Stromboli, est un type d’éruption volcanique se produisant sur des volcans rouges et caractérisé par l’émission d’une lave relativement fluide formant facilement des coulées de lave. Les explosions de grande ampleur sont atypiques ce qui n’est pas le cas des fontaines de lave qui sont courantes. Les éruptions stromboliennes sont à l’origine de la construction des stratovolcans.

 

 

Suite de l’article : El Hierro, Îles Canaries : Le processus éruptif est engagé.

 

 

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El Hierro, Îles Canaries : Intense activité séismo-volcanique.

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