Egoïsme et peur nous empêchent de profiter de l'immense mine d'or qui est à notre portée. Une mine d'or dans laquelle chacun pourra puiser à l'infini à condition de comprendre que l'égoïsme est moins payant que la collaboration, à condition d'oublier sa peur viscérale des autres, à condition d'accepter de remettre en question des habitudes ancestrales. Et la porte s'ouvre vers la collaboration, le partage sans limite de toutes les connaissances, de toutes les créations artistiques et industrielles. De quoi boulverser totalement l'organisation pour une trentaine d'années !

 

Mais de quoi en retirer, chacun, individuellement, égoïstement, des bénéfices gigantesques !


Trois conditions sont indispensables pour profiter de cette mine d'or :

1) comprendre que l'égoïsme est moins payant que la collaboration

2) oublier sa peur viscérale de l'autre, du pays voisin, du concurrent…

3) accepter de remettre en question des habitudes ancestrales

Mais de quelle mine d'or s'agit-il ? Commençons par expliquer quelques situations.

Vous connaissez le brainstorming ? A plusieurs on trouve des idées que personne n'aurait eu dans son coin, à plusieurs on est donc plus fort, plus productif. Deuxième exemple : Wikipedia contient certains articles relativement complets, éclairant le sujet sous de multiples aspects, à tel point qu'il est plus efficace d'interroger Wikipedia que d'aller sur un site spécialisé dans le domaine recherché ; ceci grâce à la force incroyable de la collaboration successive de centaines de lecteurs et correcteurs. Mais ce n'est pas tout ; selon la licence (GNU-FDL) de Wikipedia, ces informations sont réutilisables librement, sont duplicables librement, son même modifiables librement, dès l'instant où l'on mentionne d'où cela provient.

Ces exemples montrent que mettre à disposition des autres tout ce que l'on sait personnellement permet d'en retirer une richesse beaucoup plus importante que si chacun avait gardé les informations en sa possession. Dans ces exemples, les personnes ayant collaboré n'avaient pas peur de l'autre, comprenaient qu'il est rentable de mettre la connaissance en commun, et ont accepté d'utiliser des techniques ou des sites relativement récents, inconnus il y a 50 ans.

Maintenant que vous avez commencé à voir le principe (condition numéro 1 en début d'article), généralisons le à la connaissance. Vous savez ce que c'est la connaissance, c'est une information, quelque chose qui peut être transmis à une personne, puis à une autre, puis à des millions de gens. La personne à l'origine de l'information ne la pas perdue pour autant, elle n'en est pas privée. Inversement, cette personne peut recevoir des informations provenant d'une autre personne, de millions d'autres personnes ! "Je vous donne tout ce que je sais (j'ai beau être génial je ne ne sais pas grand chose à l'échelle de l'humanité), et vous me donnez tout ce que vous savez. Ou là là…! Cela commence à faire beaucoup ! Si je disposais de tout ce que les autres savent, je pourrais… en faire des choses ! Et les autres pourraient aussi en faire des choses !!! Chacun gagnerait é-nor-mé-ment dans ce petit jeu."

Mais non, ce n'est pas possible. Personne ne voudra dévoiler ses secrets, de peur de ne pas être informé des secrets de ses voisins. C'est ce que disait la condition numéro 2 en début d'article. Alors pour éviter que chacun se replie sur lui même, imaginons un instant qu'on soit obligé par une loi de dévoiler ses secrets professionnels, et imaginons que cette loi s'applique à tous les pays du monde. Ainsi chaque information dont on est l'auteur serait mise à disposition de tous, sur internet par exemple. Chaque information et chaque connaissance, par exemple les secrets de fabrication. "J'invente un médicament et, aie, les autres labos en prennent connaissance et peuvent, en vertu de cette satanée loi, fabriquer le même médicament sans même me donner un euro. Cela fait mal, des années de recherche pour rien. Pour me venger je vais fabriquer les médicaments que les autres ont inventés ! Sans leur donner un centime !"

"A ce petit jeu plus personne n'investit dans la recherche, les chercheurs sont au chômage, les nouvelles maladies ne sont plus soignées, quelques labos se mettent d'accord, investissent un tout petit peu dans la recherche en mettant leurs financements en commun, d'autres labos suivent, puis encore d'autres car ils sont montrés du doigt par les opinions publiques, les financements réunis deviennent énormes, de nouvelles découvertes sont faites et profitent à tous les labos, les labos qui n'avaient rien financé se frottent les doigts, leurs chercheurs vont à la concurrence, les malades les boycottent, les labos avares cèdent et cotisent, et en profitent pour prendre part aux décisions, aux choix de recherches, la machine s'emballe et les découvertes pleuvent, les financements redeviennent aussi important qu'avant la satanée loi, je me réveille de ce cauchemar idyllique !"

Ce n'était qu'un rêve, une utopie, je l'appelle Gnomunisme car je pense à Gnose qui signifie connaissance en grec. ( http://fr.issuepedia.org/Gnomunisme )

Et je continue à songer que ce principe pourrait s'appliquer à toute connaissance humaine, à toute "création" humaine, dès l'instant où elle peut être multipliée à l'infini sans le soustraire au cerveau de la personne qui l'a inventée ou qui l'a créée. Je rêve que cette satanée loi s'applique aux livres et que tout le monde puisse copier un livre, le modifier, le réimprimer librement (aie aie aie !), qu'elle s'applique aux musiques (ouille ouille ouille !) et que chacun puisse modifier le dernier texte du chanteur à la mode, ou le chanter en concert sans même en changer une virgule à cause de cette satanée loi, qu'elle s'applique aussi, non, c'est monstrueux, aux FILMS ! Que les films à peine sortis puissent être dupliqués, visionnés gratuitement sur ordinateur et même modifiés sans le consentement de l'auteur, puis diffusés en salle sans qu'un euro ne soit versé au producteur !!!

ARRETEZ !

Arrêtez de rêver, on n'arrivera jamais à faire marcher un tel système, il n'y aura plus ni producteur, si artistes, ni écrivain, seulement des internautes qui se copient lamentablement des bribes de création artistiques faites bénévolement par quelques illuminés qu'on trouve aujourd'hui sous licence Art Libre.

Et nous voici arrivés à la condition 3, le courage de remettre en question nos organisation, le courage d'imaginer que le monde peut être organisé différemment de ce qu'il est aujourd'hui. Par exemple, heu, je suis un peu timide, je sais que vous m'attendez sur ce terrain, je n'ose pas prononcer les mots… bénévolat (avec cela on n'ira pas loin ! la preuve, Wikipedia n'a que, heu, 12 millions de pages dans plus de 250 langues)… sponsoring (on n'ira guère plus loin, la preuve, y'a que très peu de pub sur les Formules 1 et les maillots des footballeurs)… collaboration (des foutaises, on n'a jamais vu des collaborations efficaces à grande échelle, comme la fabrication d'une plate-forme de voiture commune entre Fiat, Peugeot et Citroën).

"C'est sûr, rien d'autre que la concurrence ne fonctionne bien, je ne veux pas que ça fonctionne, je ne veux même pas envisager de collaborer avec mon voisin de palier, je veux écrire MON livre, faire MON disque avec MES paroles que personne ne me prendra, tourner MON film avec des millions d'euros, je ne veux pas que des djeuns fabriquent des films par centaines en dupliquant et mixant des films existants, je ne veux pas vivre ce cauchemar de collaboration, de sponsoring, de Gnomunisme à la noix, je ne veux pas que cela change, je veux que le sida continue ses ravages, que les constructeurs automobiles recherchent chacun dans leur coin les mêmes solutions aux mêmes problèmes environnementaux, que tous les gènes soient brevetés jusqu'à l'extinction de l'espèce humaine et même un peu plus, voila ce que je veux !"

Pauvre imbécile